L’actualité culturelle : Restaurations - Monuments
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Restauration de la « Delizia Reale » de Carditello (Campania) On connaît le Château royal de Caserta, près de Naples, qui fut au XVIIIe siècle une sorte de « Versailles » des rois de Naples, mais on fait moins de publicité pour les autres résidences de la famille  royale de Naples. Le 12 août dernier, Alessandro Cannavale a attiré l’attention des lecteurs de Il Fatto Quotidiano sur la restauration d’un autre château royal, celui de Carditello, où il voit un symbole à la fois de la destruction des pays du sud de l’Italie par la monarchie de Savoie, et des capacités de renaissance qui existent dans ces régions, grâce à l’initiative des habitants et des associations et à leur volonté de se réapproprier leur histoire. Il rend compte aussi d’un livre qui vient de paraître, La reggia di Carditello, de Nadia Verdile, édité chez Ventrella (Caserta, 2014). À partir du XVIIIe siècle, après la fin de la domination espagnole, les Bourbon de Naples tentèrent de moderniser le royaume en réalisant ce que l’on appela les « Delizie Reali » (Délices royales), dont firent partie Carditello et le voisin Bourg de San Leucio : un ensemble d’opérations de bonification de la terre,  de création d’aqueducs, d’introduction de nouvelles techniques de travail agricole, de recherche botanique, de développement de l’élevage, en particulier des chevaux, de soutien aux arts et aux fouilles archéologiques ; à San Leucio, le Royaume développa la culture des mûriers et l’élevage de vers à soie et la fabrication de la soie. Il y eut ainsi 22 sites royaux, parmi lesquels le Palais Royal de Naples, le Palais de Capodimonre, celui de Portici, celui de Caserta, les Villas d’Elboeuf et Favorita, le Casino de Fusaro, où l’on pratiqua la pèche, etc. Ces constructions étaient donc souvent des entreprises nouvelles qui s’inspiraient de l’esprit français des Lumières (L’Illuminisme) : l’époque connut aussi des « despotes éclairés ». Le nom de « carditello » fut donné au lieu qui apparut « cardito », planté, infesté de chardons (« i cardi ») qui en empêchaient l’accès. La propriété (une « palazzina ») fut commandée sur la commune de San Tammaro par le roi Ferdinand IV en 1787 à Francesco Collecini, (1723-1804) un élève de Luigi Vanvitelli (1700-1773), sur une construction royale de 1744 réalisée par Charles de Bourbon ; c’est un édifice de style néo-classique qui fut destiné à l’élevage de chevaux de race et de bovins de qualité (entre autres des buffles dont le lait donnait la « mozzarella »), et à la culture du blé ; il se trouve au milieu d’un grand espace de 2100 hectares, avec des bois denses et riches en gibier que le roi utilisait pour ses chasses. Devant le palais était aménagée une piste, qui avait la forme d’un ancien cirque romain, pour les courses de chevaux ; à chaque extrémité, se trouvait une fontaine avec un obélisque, et au centre un petit temple d’où le roi assistait aux courses. La décoration intérieure fut réalisée par les peintres Fedele Fischetti (1732-1792), Giuseppe Cammarano  (1766-1850) et Jakob Philipp Hackert (1737-1807), dont la biographie fut écrite par Goethe. Après 1860 et la fuite du roi de Naples, l’édifice fut négligé puis abandonné, démantelé en 1920. En 1943, le commandement des troupes allemandes s’y installa, et les dégradations commises par les militaires furent énormes ; les instruments de musique et les meubles furent pillés ; même la couronne de pierre de la façade principale fut volée récemment. Dans les environs, on fit des décharges de produits toxiques, de vieux meubles, de carcasse d’animaux, de vieux pots de peinture, d’eternit… Le palais fut enfin vendu aux enchères en 2011. C’est le Ministre des Biens, des Activités Culturelles et du Tourisme (MIBACT) du Gouvernement Letta, Massimo Bray (né à Lecce en 1959) qui s’intéressa à l’édifice, le fit racheter par l’État en janvier 2014, et commença une restauration poursuivie par son successeur Dario Franceschini, qui a signé le 3 août 2015 l’accord pour la Valorisation du site de Carditello. C’est surtout un bénévole du village, Tommaso Cestrone, qui avait fait un travail de nettoyage des ordures pendant deux ans, jusqu’à sa mort par infarctus en 2013. Massimo Bray a déclaré : « J’étais vraiment ému en pensant au fait que c’est justement Carditello qui peut être le symbole du rachat du Midi. Le Sud de mon pays, de mon pays bien-aimé, n’a pas besoin de grandes proclamations, de grandes promesses, mais seulement de confiance ». Voilà un nouveau lieu à visiter lors d’un voyage à Naples, comme complément des Palais Royaux de Caserta et de Capodimonte.
Maquette de la Palazzina
La façade de la Palazzina de Carditello
Le Casino de Fusaro
Temple au centre de la piste