L’actualité politique : le nouveau conseil municipal de Rome
La nouvelle direction du Conseil municipal de Rome
(au 21 juillet 2016)
La nouvelle Maire de Rome, Virginia Raggi, a nommé sa « giunta » (= l’ensemble des 9 adjoints au
Maire de Rome) et l’a présentée au Conseil Municipal du 7 juillet (48 Conseillers dont 29 du M5S,
Mouvement 5 Étoiles) dans le Palais des Sénateurs de la place du Capitole, siège de la Municipalité.
La « giunta » a été décidée après plusieurs jours de tractations à l’intérieur du M5S.
Ces 9 adjoints, plus la Chef de Cabinet de la Maire, sont :
1) Daniele Frongia, Maire adjoint, chargé de la Qualité de la Vie, de l’accessibilité, des sports et de la
jeunesse. Il a été élu conseiller dès 2013. Il est né à Rome en 1973 et a fait des études de Statistique à
l’Université de la Sapienza de Rome ; il a enseigné à l’Université : cours sur Internet et analyses de données,
et il a été chercheur à l’ISTAT (Institut de Statistiques, équivalent italien de l’INSEE française). Il est l’auteur d’un
ouvrage sur les gaspillages dans l’administration romaine, E io pago (Chiarelettere).
2) Daniela Morgante, Chef de cabinet de Virginia Raggi. Elle est née à Rome en 1973, avocate, et magistrat à
la Cour des Comptes ; elle a travaillé à la Banque Centrale Européenne, à la Banque d’Italie et à la CONSOB
(Commission Nationale pour les Sociétés et le Bourse). Elle était déjà adjointe dans l’administration du précédent
maire de gauche Ignazio Marino, mais démissionna pour son opposition à sa façon de gérer les comptes de
Rome.
3) Paolo Berdini est chargé de l’Urbanisme. Il est né en 1948 et a passé en 1976 sa licence d’Urbaniste. Il a
été Secrétaire Général de l’Institut National d’Urbanisme de 1990 à 1992 et Conseiller de l’Adjoint à l’Urbanisme
de la Région du Latium de 1995 à 1999. C’est un technicien non élu qui est de gauche mais n’appartient pas au
M5S. On a dit de lui qu’il était un « signal de nouveauté et de transparence ».
4) Luca Bergamo est adjoint à la culture, ancien directeur de l’Agence Nationale pour les Jeunes qui a collaboré
avec les administrations romaines de Francesco Rutelli et Walter Veltroni. Il a passé 4 ans à Bruxelles. Il
n’appartient pas au M5S.
5) Paola Muraro, née en 1964, licenciée en Sciences Agraires, est chargée de l’Environnement (Ambiente) et
de la gestion des ordures (gestione rifiuti), un des gros problèmes de la ville de Rome. Elle est depuis 12 ans
Conseillère de l’AMA, la société qui s’occupe du ramassage des ordures à Rome. Elle a inventé un processus
de transformation de quelques ordures en matériel utilisé pour le pavement des rues.
6) Marcello Minenna est adjoint au Budget. Né en 1971, il s’est licencié en Économie à la Bocconi de Milan en
1994, et a passé un master à l’Université Columbia de New York. Il a travaillé à la CONSOB où il a été en conflit
avec Giuseppe Vegas, le Président Forza Italia d’alors.
7) Laura Baldassarre est chargée du secteur social. Elle a travaillé à l’UNICEF et au Bureau du Garant de
l’Enfance et de l’Adolescence. Sa nomination aurait été voulue, dit un critique malveillant du PD, par Luigi Di
Maio, le Vice-Président du M5S.
8) Flavia Marzano est adjointe chargée de la « Simplification » et de l’Innovation. Elle a fait des études de
Sciences de l’Information à l’Université de Pise et a enseigné à l’Université de Bologne et à la Sapienza de
Rome. Elle était Présidente de l’Association des États Généraux de l’Innovation. L’introduction de l’informatique
dans la gestion de Rome devrait pour elle faciliter la participation des citoyens aux choix politiques.
9) Linda Meleo est adjointe aux Transports, autre problème prioritaire de la ville de Rome. Elle est née en 1978
et a étudié l’économie à la Sapienza de Rome et a préparé un doctorat d’économie de l’environnement à
l’Université de Rotterdam. Elle a publié de nombreux articles et est rédactrice de la revue Economia dei servizi
de la maison d’éditions Il Mulino.
10) Adriano Meloni est au Commerce et Développement économique. Il a été jusqu’en 2008 administrateur
délégué de la société Expedia Italia de réservation de voyages online. Il a ensuite travaillé pour la société
Casaleggio Associati, fondée par le créateur du M5S avec Beppe Grillo.
En somme, une « giunta » de techniciens et techniciennes (7 sur 10) de chaque secteur, et dans laquelle il n’y a aucun « politique »,
ce qui consterne les politiques, tous vidés de leur siège antérieur, et qui les fait protester : comme l’a fait presque toute la presse
française, ils crient que c’est un parti « populiste » qui a triomphé. Mais, dit Rocco Femia dans Radici, N° 85-86 de l’été 2016, p. 43,
« ce populisme, dont on parle avec tant de mépris, n’est rien d’autre que le désir, profond, de rétablir la démocratie populaire et
l’honnêteté, en Italie comme dans toute l’Europe ». Et il a raison de s’indigner des propos de Jean-Claude Junker qui met sur le même
plan Beppe Grillo et Donald Trump. On peut critiquer le M5S comme les autres, mais il y a un côté scandaleux de la critique malhonnête
et malveillante qui en a été faite.
En réalité, beaucoup n’ont pas encore compris que le triomphe du M5S dans 19 des 20 villes en ballottage était une protestation
populaire contre les manœuvres de Matteo Renzi pour centraliser le pouvoir sur l’Exécutif en supprimant pratiquement le Sénat et en
réduisant la possibilité d’expression des citoyens par des referendums. La réalité c’est la mise en place d’hommes et de femmes jeunes,
techniquement formés, sérieux et précis dans leur travail, à la place des mafieux et des mauvais gestionnaires d’avant. Quel sera
l’équivalent en France … ?
À cause de ses compromis, de ses incertitudes, de ses incohérences d’orientation, de la perte de ses racines politiques, le Parti
Démocrate (PD) s’est déconsidéré, et personne ne le considère plus comme étant « de gauche ». Comme dit Femia, « les Rouges, les
Blancs, les Verts sont décolorés » et les dernières élections municipales ont mis au rebut leur façon de gouverner, symbolisée par les
manœuvres de Matteo Renzi.
Que feront les nouveaux pouvoirs, de Virginia Raggi à Rome, de Chiara Appendino à Turin, et d’autres, nous verrons, mais souhaitons-
leur de parvenir à assainir la capitale de l’Italie et d’autres villes, à les libérer de leurs mafias et des difficultés qu’éprouvent maintenant
en particulier les Romains à y vivre et à y circuler (Voyez sur tout cela nos conseils de lectures romaines pour les vacances).
Jean Guichard
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