Manuel Valls-Matteo Renzi : discours sur la méthode
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Il nous paru intéressant pour comprendre mieux notre actualité franco-italienne, de passer ce petit  article de Philippe Ridet, comparant Matteo Renzi et Manuel Valls, deux personnages dont on parle beaucoup et dont on ne sait pas encore quel est l'avenir politique.                                                     J.G. 22 janvier 2017
CHRONIQUE (Le Monde, 08 décembre 2016) par PHILIPPE RIDET, ancien correspondant du Monde en Italie.                                                 (Voir son livre L’Italie, Rome et moi, Flammarion, 2013)
Manuel Valls-Matteo Renzi : discours sur la méthode Qu'ils étaient beaux, sur cette tribune, en septembre 2014 à Bologne ! Côte à côte, Manuel Valls, premier ministre de François Hollande, et Matteo Renzi, chef du gouvernement italien, incarnaient l'« alliance latine » contre l'austérité. Et pour mieux symboliser leur communauté de vision, ils avaient revêtu une identique chemise blanche, si blanche que personne ne se serait avisé de leur proposer d'échanger leur précieux baril de social-libéralisme contre deux de socialisme ordinaire. Quelques mois plus tôt, en avril, nous avions déjà croisé Manuel Valls, à Rome  cette fois, au lendemain d'un dîner avec son hôte italien au palais Chigi, siège de la présidence du Conseil ! L'un et l'autre étaient à la tête de l'exécutif depuis quelques jours. L'un et l'autre se promettaient de réformer avec tambour, détermination et trompette. « Tu vois cette pièce, avait lancé le Florentin à l'Essonnien, c'est là que sont reçus les syndicats. Eh bien je n’y mettrai jamais les pieds. »  Matteo Renzi a tenu parole. Au cours des mille et quelques jours qu'il a passés au pouvoir, les corps intermédiaires ont été superbement ignorés. Manuel Valls, de son côté,  a dû se souvenir de ce conseil lors du débat et du vote de la loi El Khomri au printemps ... De son séjour romain, M.Valls retenait également « la vision très claire » de son homologue italien, « pour reconstruire la gauche ». Matteo Renzi avait-il confié sa méthode après avoir pris le contrôle du Parti démocrate issu du rassemblement d'anciens communistes et d'ex- démocrates chrétiens, à savoir écarter les premiers pour s'appuyer sur les seconds ? Leçon Débarquer les frondeurs et flatter les fidèles. Réformer le parti avant de réformer le pays. Le futur théoricien des « deux gauches irréconciliables » a-t-il intégré la stratégie de celui qui passait,  à l'époque,  comme l'étoile montante des progressistes européens ? Mais c'est au tour de Manuel Valls de faire aujourd'hui la leçon à son ex-homologue transalpin, sans avoir à faire le voyage en Italie. La défaite,  dimanche 4 décembre,  du oui au référendum institutionnel dont Matteo Renzi - qui a remis sa démission au président et devrait quitter rapidement le pouvoir - était le promoteur sanctionne également un style de gouvernement sans juger du bien-fondé de la réforme. Ce style - mépris de l'adversaire,  personnalisation, assurance granitique,  orgueil - est aussi celui que les adversaires de Manuel Valls lui reprochent. La revanche du « ramassis » Une grande partie de ceux que le président du Conseil avait humiliés se sont vengés dans les urnes dimanche. « Le ramassis » de ses opposants - l'expression est de lui - a fini par avoir sa revanche. L'ancien premier ministre français a compris la menace. Plus question de conquérir le pouvoir à la hussarde,  au culot,  en exacerbant les clivages. En tendant, lundi 5 décembre, la main à ses adversaires au nom du « rassemblement », en limant ses aspérités au papier de verre double zéro,  Manuel Valls veut d'abord corriger son image. Pour avoir négligé cet impératif, Matteo Renzi s'est privé d'un atout. S'y soumettre ne garantit rien, mais c'est une précaution minimale.
Manuel Valls-Matteo Renzi : Discorso sul mètodo Quanto erano belli su quella tribuna, nel settembre 2014 a Bologna ! Fianco a fianco, Manuel Valls, primo ministro di François Hollande, e Matteo Renzi, capo del governo italiano,  incarnàvano «l’ alleanza latina» contro l’ austerità. E  per simboleggiare meglio la loro identità di visione, avevano rivestito un’idèntica camicia bianca, così bianca che nessuno avrebbe immaginato (osato) di proporgli (proporre loro) di scambiare il loro prezioso barile di social- liberalismo contro due di socialismo ordinario. Alcuni mesi prima, in aprile, avevamo già incrociato Manuel Valls, a Roma quella volta, all’indomani di una cena col suo òspite italiano a Palazzo Chigi, sede della presidenza del  Consiglio ! L’uno e l’ altro èrano a capo dell’ esecutivo da qualche giorno. L’uno e l’ altro si promettèvano di riformare con determinazione e alla chetichella. « Vedi quella stanza », aveva lanciato il Fiorentino all’Essoniano, « là sono rivevuti i sindacati. Ebbene non ci metterò mai piede ». Matteo Renzi ha mantenuto la parola. Durante i mille e più giorni passati al potere, i corpi intermediari sono stati slendidamente (superbamente) ignorati. Manuel Valls, da parte sua, si è probabilmente ricordato di quel consiglio per il dibàttito e per la votazione della legge El Khomri in primavera ... Dal suo soggiorno romano, il Signor Valls riteneva anche « la visione chiarìssima del suo omòlogo italiano « per ricostruire la sinistra ». Aveva Matteo Renzi confidato il suo mètodo dopo aver preso il controllo del Partito Democràtico uscito dal raggruppamento di ex comunisti e di ex democristiani, cioè respìngere i primi per appoggiarsi sui secondi ? Lezione Eliminare i frondatori e lusingare i fedeli. Riformare il partito prima di riformare il paese. Il futuro teòrico delle « due sinistre inconciliàbili » ha integrato la strategìa di quello che all’època aveva fama di èssere la stella ascendente (crescente) dei progressisti europèi ? Ma oggi tocca a Manuel Valls fare la lezione al suo ex omòlogo transalpino, senza avere da fare il viaggio in Italia. La sconfitta, domènica 4 dicembre, del SI al referendum costituzionale del quale (di cui) Matteo Renzi – che ha dato le dimissioni al Presidente e dovrebbe lasciare rapidamente il potere – era promotore sanziona anche uno stile di governo senza giudicare la fondateza della riforma. Quello stile – disprezzo dell’avversario, personalizzazione, sicurezza granìtica, orgoglio – è anche quello che gli avversari di   Manuel Valls gli rimpròverano. La rivìncita dell’ « accozzaglia » Gran parte di quelli che il presidente del Consiglio aveva umiliati si sono vendicati nelle urne domènica. « L ’ accozzaglia »   dei suoi oppositori– di lui è l’ espressione  – ha finito coll’aver la sua rivìncita. L’ex primo ministro francese ha capito la minaccia. Non si tratta più di conquistare il potere brutalmente, con faccia tosta, esacerbando le sfaldature. Lunedì 5 dicembre, tendendo la mano ai suoi avversari in nome del raggruppamento, limando le sue asperità con carta di vetro doppio zero, Manuel Valls vuole prima corrèggere la sua immàgine. Per aver neglettoquell’ imperativo, Matteo Renzi s’è privato d’ un asso nella mànica. Sottomèttercisi non garantisce niente, ma è la mìnima precauzione ! (Trad. : J.G.)