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Nouvelles de ces derniers temps : édition du 19 octobre 2017
M. Minniti à Tripoli le 15 mai 2017 (Photo du Monde du 15 /09/ 2017)
Nouvelles de ces derniers temps - 19 octobre 2017 * La vie politique de l’Italie ne donne pas envie d’en parler, la corruption y est maintenant généralisée, et plus rien n’a de signification pour la vie du peuple italien, dont les politiques ne résolvent pas vraiment les problèmes, ne se préoccupant que de leur possible réélection, à tout prix, indifférents à toute valeur constitutionnelle, morale, idéologique. Même une femme politique honnête comme la Présidente de la Chambre des Députés commet des erreurs  : récemment la Chambre a voté un projet de loi électorale (voir plus loin) qui devait être transmis au Sénat  ; Laura Boldini s’est aperçue d’une énorme erreur dans le texte, l’a corrigée et a transmis au Sénat un autre texte que celui qui avait été voté  ; elle n’en avait pas le droit, et devait soumettre à nouveau le texte à la Chambre. Petite erreur certes, mais significative du relâchement des mœurs politiques. Les politiques ne pensent qu’à mettre en place des hommes à eux et à se décharger de toute responsabilité dans les crises de ces dernières années, à la veille des élections. La prise de position de Renzi et du PD sur la nomination d’Ignazio Visco à la tête de la Banque d’Italie (Bankitalia) fait scandale, mettant en difficulté tant le Président de la République que le Gouvernement Gentiloni qui avaient pris position pour cette nomination. Or le PD, à l’initiative de son Secrétaire Général Matteo Renzi, vient de faire voter à la Chambre des Députés une motion de défiance envers Visco, alors que la nomination du gouverneur de la Banque ne relève que du Président de la République et du Gouvernement. Pourquoi  ?  Pour faire retomber sur la Banque d’Italie et sur son gouverneur, Ignazio Visco, la responsabilité de la grosse crise bancaire que vient de traverser l’Italie (le scandale de la Banque d’Etruria, celui du Monte dei Paschi de Sienne, etc.), alors que le PD était alors au gouvernement et porte de lourdes responsabilités dans le «  sauvetage  » souvent contestable de ces banques. Il faut paraître pur et honnête avant les élections  ! Renzi venait déjà de faire pression sur le gouvernement Gentiloni pour qu’il fasse voter au plus vite la loi électorale qu’il avait proposée, en posant la question de confiance. Méthodes mafieuses, qui ruinent la démocratie et la confiance des électeurs  : on arrive ainsi, comme en France, à faire élire le «  chef  » qu’est le Président de la République avec 15% des voix, suite à l’absentéisme électoral et au jeu sur la menace du Front National. Personne n’était au courant de l’initiative de Renzi de déposer une motion, pas même les députés PD, et cela a mécontenté beaucoup de membres du Parti, à commencer par son fondateur, Walter Veltroni, qui a fortement désavoué Renzi, de même que le chef du groupe PD à l’Assemblée, Luigi Zanda, le ministre PD Andrea Orlando, Sergio Mattarella,  … et Mario Draghi. L’affaire Visco prend de l’ampleur et annonce un conflit profond entre Renzi aidé de ses amis et le Président de la République d’accord avec Gentiloni, c’est-à-dire un conflit interne au PD. Le Président, avec sa prudence habituelle, a choisi d’attendre une semaine, mais il semble bien décidé à renommer Visco, car ce qui lui importe le plus c’est de sauver la réputation et l’image de la Banque d’Italie, dont le pouvoir a déjà été amoindri par la Banque Centrale Européenne dirigée par l’italien Mario Draghi. Les «  renziani  » attendent que Visco renonce de lui-même et démissionne. Nous aussi attendons pour voir comment finira cette nouvelle offensive de Renzi pour reprendre le pouvoir, car seule une victoire aux élections effacerait sa défaite cuisante au référendum d’il y a presque un an. * Sous la pression de Renzi, la Chambre des Députés a voté un «  Rosatellum bis  » du nom de Ettore Rosato, chef de groupe du Parti Démocrate et rédacteur de la loi, nouvelle loi électorale approuvée par 375 voix contre 215 sur 590 votants (il y a 630 députés). Ont voté pour, le PD, Forza Italia (Berlusconi), la Ligue du Nord et Alternativa popolare (Angelino Alfano), contre le Movimento Democratico Popolare (MDP, ceux qui ont quitté le PD), la Sinistra italiana, et le Movimento 5 Stelle (M5S). Et pour aller plus vite, éviter la discussion et toute possibilité d’amendements, le PD avait imposé un vote de confiance  : encore une «  forzatura  », une épreuve de force, dit l’opposition qui n’a pas pu s’exprimer. Le Sénat doit maintenant se prononcer, il devrait voter le 24 octobre. La loi, valable pour la Chambre et pour le Sénat, prévoit deux types de collèges  : 37% de collèges uninominaux majoritaires (232 sièges) et 63% de collèges à la proportionnelle (398 sièges dont 12 pour les Italiens de l’étranger, dans environ 65 collèges à définir ultérieurement). Pour le Sénat, 102 élus dans des collèges uninominaux, 207 dans les collèges proportionnels et 6 pour l’étranger.Le seuil de barrage est de 3% pour chaque liste et de 10% pour les coalitions. La loi prévoit le vote joint  : si le député obtient la première place dans le vote uninominal, la liste l’obtient aussi  : le vote se fera sur un bulletin unique, et si on vote pour un candidat dans le collège uninominal, on votera automatiquement pour sa liste dans le collège proportionnel (Voir ci-contre les bulletins qui seront distribués). La loi permet d’être candidat dans un collège uninominal et dans 3 collèges proportionnels, mais le candidat n’a plus de liberté de choix  : s’il est élu dans un collège uninominal et dans les collèges proportionnels, c’est le collège uninominal qui l’emportera  ; s’il est élu dans plus d’un collège proportionnel, il aura le siège correspondant au collège où sa liste aura le plus faible pourcentage de voix. Quant à la parité, elle est plus faible qu’avant  : chacun des deux sexes ne pourra pas avoir plus de 60% des candidats d’une liste bloquée. Donc dans les collèges dotés de 2 sièges, il y aura obligatoirement un homme et une femme, mais dans les collèges disposant de trois sièges, il pourra y avoir 2 hommes et 1 femme ou 2 femmes et 1 homme, dans les collèges ayant 4 sièges, on pourra avoir 3 hommes et 1 femme ou 3 femmes et 1 homme. On n’est donc plus obligé d’alterner 1 homme et 1 femme dans les listes, ce qui risque de repousser les femmes en fin de liste. Les sondages sont divers, celui réalisé par le PD lui donne la première place avec le plus d’élus. Mais ce qui est sûr c’est qu’aucun parti ou coalition n’aura une majorité absolue  ; on se demande donc avec inquiétude quel gouvernement pourra sortir de ces élections, sinon une nouvelle alliance entre le PD et le parti de Berlusconi. Les listes «  rouges  » n’obtiendraient qu’une vingtaine de sièges. Dans la manifestation des opposants au projet et au vote de confiance et le contenu de la loi, le M5S a parlé de «  fascistellum  » (loi fasciste), nom repris par Il Fatto quotidiano le 11 octobre en première page. Et le principe des listes bloquées et du vote joint fait que ce sont les partis auteurs des listes qui décideront de la composition du Parlement  : où est la «  souveraineté populaire  » affirmée par la Constitution  ? De plus les coalitions rendues possibles pourront n’être que de façade et se rompre dès le lendemain des élections. Enfin, l’acceptation du vote de confiance qui exclut toute discussion est contraire à l’article 72 de la Constitution qui exige une procédure normale pour voter les lois électorales. * L’état de l’emploi  : Le taux de chômage a diminué de 0,2% et s’établit à 11,2%, grâce à l’augmentation des contrats à durée déterminée (contratti a termine), tandis que le nombre des emplois à durée indéterminée a diminué de 2000 unités. L’augmentation est surtout féminine et représente 36.000 unités au lieu des 375.000 d’août 2016. Pour les jeunes de 15-24 ans, le taux de chômage diminue aussi de 0,2%, représentant maintenant 35,1%. Au contraire pour les 37-49 ans, on compte 37.000 postes en moins. L’augmentation de l’emploi concerne les travailleurs dépendants, alors que les indépendants perdent 42.000 emplois. On compte donc en août 2017 60.000 chômeurs de moins. Le taux d’occupation féminin représente maintenant 48,9% du total, tandis qu’il est pour les hommes de 67,5%. Les contrats nouveaux prévus par le Jobs Act dont Renzi est si fier ne cessent de baisser mois après mois et ne représentent qu’un sixième des emplois créés cette année (26.000 contre 123.000 sur 149.000). Le chômage diminue donc très légèrement, mais 8 sur 10 des emplois nouveaux sont des contrats à durée déterminée. Et l’Italie reste parmi les derniers pays européens pour la qualité de son emploi, juste avant la Grèce, l’Espagne et la République Tchèque  ; elle est bien en- deçà des objectifs fixés avec l’Agence pour le Développement durable (ASVIS, Alleanza per lo sviluppo sostenibile, créée en 2016 par l’ex-Président de l’ISTAT, Enrico Giovannini). Pour vous faire une idée personnelle de l’efficacité du Jobs Act, vous pouvez voir les deux ouvrages contradictoires de Marta Fana, chercheuse en économie auprès de l’Institut d’Études Politiques (Sciences Po Paris), Non è lavoro, è sfruttamento, Éditions Laterza (Ce n’est pas du travail, c’est de l’exploitation), et d’Alessandra Del Boca, Professeure de politique économique à l’université de Brescia et Antonietta Mundo, L’inganno generazionale. Il falso mito del conflitto per il lavoro (La tromperie générationnelle. Le faux mythe du conflit pour le travail), Édité par l’université Bocconi de Milan. Cela peut nous aider à réfléchir sur nos propres réformes du code du travail … qui se sont parfois un peu inspirées du Jobs Act de Renzi  ! * Le poète friulan Pier Luigi Cappello est décédé le 1er octobre dernier. Il avait 50 ans, et était en chaise roulante depuis un grave accident de voiture en 1983. Il était souvent considéré comme le plus grand poète italien actuel, il était citoyen honoraire d’Udine, et il avait obtenu de nombreux prix, le prix «  Montale  » en 2004 pour Dittico, le prix «  Viareggio- Rèpaci  » en 2010, le prix «  Vittorio De Sica  » remis en 2012 par Giorgio Napolitano au Quirinal, le prix «  Maria Teresa Messori Roncaglia ed Eugenio Marì  » pour toute son œuvre, remis en 2013 par l’Accademia dei Lincei, enfin en 2014 le prix Terzani. En 2013, l’université d’Udine lui avait remis une licence Honoris Causa en sciences de la Formation. On le connaissait peu en France où il ne semble pas avoir été traduit. C’est dommage. Le chanteur Jovanotti avait fait de lui un grand éloge.  * Le mouvement d’extrême-droite Forza Nuova a renoncé à la manifestation qu’il avait prévue le 28 octobre  prochain, après l’interdiction prononcée par la Préfecture de Rome. Son leader romain, Giuliano Castellino, est d’ailleurs aux arrêts domiciliaires pour avoir cherché à empêcher la remise d’une maison à une famille érythréenne et avoir blessé trois agents de police. Le mouvement a été soutenu par le député d’extrême-droite Ignazio La Russa, ex-Ministre de la Défense, par le général Bertolini, par deux professeurs et par des avocats qui protestent contre cette «  limitation de la liberté de manifester  »  ! Mais Roberto Fiore, leader national du Mouvement promet d’autres initiatives. * Il Fatto Quotidiano a ouvert le 18 octobre une rubrique où les femmes victimes de harcèlement sexuel peuvent raconter leur histoire  : tiracconto la mia@ilfattoquotidiano.it .          * Le plus grand concert du monde de Vasco Rossi le 1er juillet 2017 vient de faire l’objet d’un livre de grand succès. C’était au Parc Enzo Ferrari de Modena, où 230.000 personnes étaient accourues de toute l’Italie peu après le massacre de Manchester au concert d’Ariana Grande et un mois après les incidents sur la place San Carlo de Turin, qui avaient contraint de faire des contrôles très serrés qui ont fait attendre le public parfois toute la journée sous le soleil. Mais un succès exceptionnel dont le livre rend compte, et qui prélude aussi au tour que fera Vasco Rossi en 2018 dans 5 villes, Turin, Padoue, Rome, Bari et Messine. Rossi avait encaissé 36 millions d’euros pour les droits de télévision, la publicité, etc, 12 millions d’euros de vente des billets, et 700.000 euros de vente de billets pour le film tiré de ce spectacle  ; cet argent sera en partie destiné à Rossi lui-même et à ses héritiers, et le reste à diverses associations. Un résultat qui dépasse les plus grands atteint par Tina Turner, Sting, Elton John  ou Paul McCartney. Rappelons que Vasco Rossi est un chanteur de pop rock italien né à Zocca (province de Modena en Émilie) en 1952, surnommé simplement «  Vasco  » ou «  il Blasco  ». Comme il aime s’appeler c’est un «  provoca(u)tore  ». Il a écrit 130 chansons, de qualité variable, et publié plus de 2 dizaines d’albums. C’est la chanson Vita spericolata en 1983 au Festival de Sanremo qui lance sa carrière  : classée seulement à l’avant-dernière place, elle eut un succès immense auprès des jeunes, et elle a été reprise par beaucoup d’autres chanteurs. Vasco Rossi est un des chanteurs actuels les plus recherchés en Italie. Dans la prochaine édition, nous vous proposerons des titres de livres à offrir pour Noël, nous vous donnerons les résultats des référendums d’autonomie de Lombardie et de Vénétie, et autres nouvelles. Jean Guichard, 19 octobre 2017
Berlusconi pour sa fête !