10. Voyages en Italie : le Val d’Aoste - fin
c) La vallée de Valsavarenche. Sur le torrent Savara, on est là au coeur du Parc du Grand Paradis. Au Moyen-Âge, la région appartenait aux Chatel-Argent, puis aux Sarriod d’Introd, toujous sous le contrôle des Savoie. Ce fut un site de chasse privilégié des rois de Savoie puis d’Italie, à partir de 1850. Le Parc National du Grand Paradis a été créé en 1922, sous la poussée de Benedetto Croce, alors Ministre de l’Instruction Publique, à cheval sur la vallée d’Aoste et le Piémont ; son altitude va de 800 à 4061 mètres ; son amorce fut la réserve de bouquetins, menacés de disparition, que le roi Victor-Emmanuel II créa en 1856 ; il comporte de nombreux petits lacs et plus de 60 glaciers. La végétation est de mélèzes, de sapins rouges et de sapins blancs, de pins sylvestres, d’aunes, de rhododendrons, de genévriers, de génépis, et beaucoup de plantes rares propres à la vallée. Outre les chamois et les bouquetins - l’animal symbole de la région -, la faune présente des marmottes, des lièvres, des lynx, des renards, des blaireaux, des martres, des hermines, des écureuils, et de nombreuses espèces d’oiseaux (aigle  royal, gypaète barbu, perdrix blanches, faisans, bartavelles, chouettes, pics noirs et rouges, hirondelles de montagne, martinets, rouges- queues, pinsons, corbeaux, becfigues, grives, roitelets, bouvreuils ...). On a déjà signalé le Pont-aqueduc romain (Cf. Histoire). À Valsavarenche, on verra l’église, avec son clocher de 1483 et sa Collection d’Art sacré ; on peut atteindre le Col du Nivolet qui permet de communiquer avec le Piémont. d) La vallée de Cogne. Parcourue par le torrent Grand’Eyvia, elle est un des trois accès valdotains au Parc National du Grand Paradis. Ses premiers habitants furent probablement des bergers salasses, en contact avec le Piémont, avec lequel communiquent encore plusieurs cols, plus qu’avec la Doire Baltée (la route de Cogne n’est ouverte qu’en 1917). Du XIe siècle jusqu’en 1780, la vallée fut sous la juridiction des évêques d’Aoste ; elle avait des mines d’argent et de sulfure de plomb et zinc, déjà exploitées en 1150, tandis que les mines de fer ne sont ouvertes que vers 1433 (même si elles furent déjà actives dans l’antiquité). Les habitants de Cogne se révoltèrent à plusieurs reprises contre les évêques d’Aoste à propos des droits sur les mines : en 1363, puis en 1641, date après laquelle les évêques durent abandonner tous leurs droits, laissant les mines sans capitaux et donc à l’abandon jusqu’à l’intervention d’un médecin jacobin, Cesare Emanuele Grappein (1772- 1855) qui fit ouvrir en 1824 une route de Cogne à Vieyès et qui organisa une gestion collective des mines qui apporta beaucoup de bien-être aux habitants. Après sa mort, il y eut une période de crise, le contrat de gestion ayant été révoqué, et c’est seulement en 1903 que le belge Afred Theys fonda une nouvelle société, construisit un téléphérique pour le transport des minerais et modernisa l’exploitation. En 1915, l’Ansaldo de Gênes rachète les mines, crée un système de sidérurgie intégrée, et construit la route carrossable de Vieyès à Aymavilles et un chemin de fer électrique, en même temps qu’il utilise pour la production les ressources hydriques. Dans les années 30 du XXe siècle, la Société fit construire un quartier industriel de production et d’habitation à Cogne, qui fournit la meilleure production d’Italie en matières fines (magnétite privée de soufre et de phosphore) jusqu’à ce que la crise s’amorce en 1965 et que les mines ferment en 1979. Cela donne à Cogne une expérience de vie industrielle et de luttes ouvrières exceptionnelle en Val d’Aoste. Après Aymavilles (voir Histoire), on passe à Ozein et on arrive à Cogne, après Vieyès et Épinel. Cogne est aujourd’hui un centre de sports d’hiver, mais qui a gardé quelques activités traditionnelles comme la fabrique de dentelles. L’église paroissiale de Saint-Ours était déjà connue en 1202, mais elle est reconstruite en 1642, avec 5 autels baroques. À côté de l’église se trouve la maison forte appelée Castello Reale (Cf. photo ci-contre) édifiée en 1191, restructurée et qui fut résidence de chasse de Victor-Emmanuel II. On peut parcourir les étapes de l’histoire industrielle de Cogne en visitant le Museo Minerario alpino dans l’ancien village des mineurs, fondé en 1990. Le patron de Cogne est San Besso, martyr de la fin du IIIe ou début du IVe siècle, qui aurait été un des survivants des 6600 soldats de la légion Thébaine, fusillés par l’empereur Maximien pour avoir refusé d’adorer les divinités païennes.  Selon certaines traditions, il se serait réfugié à Cogne où les légionnaires romains l’auraient massacré en le précipitant de la grande roche du mont Futerio (Cf.  photo à gauche) qui porte son nom et que l’on peut atteindre de Cogne par le col della Valletta. Cette roche était probablement honorée dans des rites très antérieurs au christianisme : on adorait des morceaux de pierre qui, disait-on, facilitait la fécondité. Il est le protecteur des soldats contre les dangers de la  guerre. À la sortie de Cogne, une petite route conduit à Gimilian où se trouve la chapelle de Tarabouq consacrée à Saint Bernard. Si on continue vers Valnontey, on visitera le Jardin alpin Paradisia, créé en 1955, qui a maintenant une extension de 10.000 mètres, et qui comprend 1500 espèces de plantes des Alpes et du Grand Paradis. e) La vallée de Champorcher (Cf. carte ci-dessus). Une dernière petite vallée débouche dans la Doire Baltée au niveau du Fort de Bard. Elle est parcourue par le torrent Ayasse. Elle tient son nom des porcs qu’on y élevait au Moyen-Âge à l’état sauvage, du fait de l’abondance des chênes et des hêtres qui disparaissent au XVIe siècle du fait de l’abaissement de la température. Le nom pourrait aussi se rapporter à San Porciero (ou San Porzio), compagnon de San Besso. Son premier village est Hône, où l’on a retrouvé des pierres de l’âge du Bronze et de l’âge du Fer, mais rien de l’époque romaine. Au Moyen-Âge, comme toute la vallée, Hône appartenait aux seigneurs de Bard, vassaux des Vallaise et des Savoie. Longtemps marginalisé, le village a cependant développé une fabrique de clous qui eut un rôle important pendant la première guerre mondiale pour la fabrication des chaussures militaires. Le village suivant est Pontboset, ancien village rural, où l’on peut voir encore beaucoup d’édifices ruraux anciens. On passe ensuite à Dogier, riche de quelques « rascards » anciens, puis à Salleret, qui conserve une petite chapelle de 1733 dont la façade est peinte de fresques de la Vierge et  des Saints, puis à Mellier, enfin à Champorcher (Cf. photo à gauche), peut-être ancien site des Salasses, qui conserve  la tour de son château (Cf. photo ci-contre) et une église ancienne, San Nicolò, de 1176, remaniée plus tard. Derrière l’église, il y a un beau groupe de « rascards ». Si on monte à Chandonney, on retrouvera le travail traditionnel du chanvre. Plus haut, on sera impressionné par le lac Miserin, et sur ses rives, le sanctuaire de la Vierge des Neiges, érigée en 1880 par la population de Champorcher sur un ancien édifice édifié après la peste de 1630. Encore plus haut, on peut monter à la Fenêtre de Champorcher, un col à 2826 mètres qui communique avec la vallée de Cogne, sur un sentier inter vallées qui fut très fréquenté dès le Moyen-Âge. Voilà donc quelques éléments d’histoire et de géographie pour commencer à connaître le Val d’Aoste et à y entreprendre des voyages.  Pour ma part, je n’avais qu’une connaissance superficielle de la Région, que j’utilisais, comme beaucoup d’autres, pour descendre ailleurs, au Piémont et plus loin, par le tunnel du Mont Blanc. Je m’étais arrêté à Aoste et dans quelques châteaux, j’étais passé dans quelques vallées latérales, dont celle du Grand-Saint-Bernard (autre voie de communication !). Maintenant, après plusieurs semaines de travail intense sur la Vallée, je suis frappé et séduit par sa richesse humaine et artistique, par son architecture, – ses « rascards » rustiques comme ses châteaux –, et un de mes voeux serait d’aller explorer plus à fond cette région. À défaut de pouvoir maintenant le faire moi-même, je ne peux qu’inviter nos lecteurs à voyager dans le Val d’Aoste, à y passer des vacances (comme le faisaient les rois et reines d’Italie ou les papes !), à y faire de l’alpinisme, ou simplement à s’y arrêter un moment pour méditer devant les paysages splendides et émouvants que nous offre la montagne. Quelques livres cités dans « Histoire » vous aideront à mieux connaître, donc à augmenter votre plaisir. J.G.  26 mars 2011, revu le 15 juin 2015 Table des matières Promenades dans le Val d’Aoste 1 –Du Mont Blanc à Aoste dans la Vallée de la Doire Baltée 2– Aoste 3 – D’Aoste à Pont-Saint-Martin : la vallée de la Doire Baltée Une région de châteaux Le style gothique international 4 – Les vallées latérales A – Sur la rive gauche de la Doire Baltée a) La vallée du Grand-Saint-Bernard b) La vallée de la Valtelline (à partir d’Aoste) c) La Valtournenche et le Cervin (à partir de Châtilon) L’ascension du Cervin d) Le Val d’Ayas à partir de Verrès Textes dialectaux B – Sur la rive droite de la Doire Baltée a) La vallée de la Valgrisenche b) La vallée de Rhêmes c) La vallée de la Valsavarenche d) La vallée de Cogne e) La vallée de Champorcher (Voir dans « Histoire-Régions » l’histoire du Val d’Aoste)                    Page précédente
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