7.2. Création de formes artistiques : peinture, dessin - Michelangelo
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Michelangelo : un Dieu en forme de cerveau. Pourquoi ? Et que tient le serpent ? Depuis déjà plusieurs années des scientifiques ont analysé le Dieu de la Création d’Adam à la Chapelle Sixtine, comme une figure insérée dans la forme exacte d’un cerveau : le cerveau humain est associé à l’image de Dieu. Quelle est la signification de cette démonstration qui suscite toujours des débats très vifs ? Si l’on est intéressé par cette hypothèse on pourra se reporter à de nombreux documents publiés maintenant par Internet en tapant « dio come cervello da michelangelo », ou directement : www.debernardis.it/diocervello.html. Cela vous renverra à de nombreux autres articles et ouvrages. L’article rend compte d’un article très complet qui évoque l’ouvrage de Guido Mangano, Ernest De Bernardis et Giovanni Scapagnini, Il Dio-cervello di Michelangelo, 1990. Il résume l’histoire de la connaissance scientifique du cerveau et des philosophies depuis l’Antiquité ; et en particulier celles qui ont pu influencer Michel-Ange à son époque ; parmi celles-ci, le néoplatonisme qu’il connaissait bien grâce à ses contacts avec les philosophes et les intellectuels de la cour de Laurent de Médicis comme Pic de la Mirandole et Marsile Ficin, et tous ceux qui cherchaient à concilier la pensée de l’Église catholique avec celle des Platoniciens, inspirés par Platon, par la Kabbale juive, par la magie chaldéenne et par la tradition chrétienne. Par ailleurs on sait que Michel-Ange était en contact avec les anatomistes de son temps et qu’il pratiquait lui-même la dissection des cadavres, comme l’avait fait Léonard de Vinci. Pour eux, par exemple Berengario da Carpi, contemporain de Michel-Ange, le siège de l’intellect se trouvait dans les ventricules du cerveau. Le peintre aurait donc mis les Anges, qui sont l’allégorie de l’intellect, entre Dieu et Adam pour indiquer la voie vers une unité entre l’homme et son créateur. Cette hypothèse a été considérée comme stupide par des critiques traditionalistes qui considèrent que c’est impossible puisque l’Église de l’époque avait été plutôt hostile au néoplatonisme, et que le pape n’aurait donc pas fait appel à un peintre de cette tendance philosophique (voir par exemple le site de Luigi Castaldi, malvinodue.blogspot.com). Mais on a fait aussi une autre interprétation : Dieu est dans le cerveau de l’homme, et c’est donc l’homme qui aurait créé l’idée de Dieu, et Adam ne ferait que la contempler. On connaît les doutes et les angoisse métaphysiques de Michel-Ange. Il n’y a pas de cerveau sans corps, il n’y a pas « d’âme » sans cerveau, cela détruirait toute la philosophie développée par les églises chrétiennes. Redoutable problème ! Mais si vous allez à Rome à l’occasion du Jubilé, n’oubliez pas d’aller voir les fresques de la Chapelle Sixtine, et pensez à leurs interprétations possibles, une grande œuvre d’art conduit à cela, nous faire mieux connaître et comprendre notre propre réalité. Et d’autres œuvres de Michel-Ange poseraient le même problème, par exemple la fresque de la Séparation de la lumière et des ténèbres  de la Chapelle Sixtine, ou la scène du Péché originel où le serpent tend à Ève un pénis masculin : une autre interprétation de la sexualité ? Voici quelques-uns des dessins montrant Dieu inclus dans un cerveau humain :  Et regardez bien ce que tend le serpent à cette malheureuse Ève et interrogez-vous. Michel-Ange transgresse complètement le texte biblique : Ève n’est pas celle qui prend le « fruit » tendu par le serpent, mais en même temps qu’elle va prendre le fruit, Adam en cueille aussi un autre directement sur l’arbre : ce n’est pas la femme qui est à maudire des maux des hommes suite à ce « péché », mais l’homme et la femme sont tous deux responsables, et Ève cesse d’être le seul élément responsable de la « faute » : loin d’être la corruptrice de l’homme, condamnée et infériorisée comme l’affirmera la tradition chrétienne, Ève est la complice sensuelle de l’homme. Mais n’est-ce pas ce à quoi l’invite le serpent ? (Voir le texte de Giovanna Quartullo, Michelangelo e il frutto proibito, www.aperture-rivista.it). En effet, remarquons bien la position des deux êtres : Ève était entièrement tournée vers Adam et ne fait que détourner la tête quand le serpent lui parle ; quant à Adam, il était lui aussi couché et il est en train de se relever, jambes encore pliées, pour prendre un fruit. Que faisaient Adam et Ève au moment où arrive le serpent ? Ils étaient sans doute dans un moment d’intimité amoureuse très forte. Et le sexe d’Adam, au niveau de la bouche d’Ève, est exactement celui que le serpent tend à Ève. Remarquons par ailleurs le parallélisme entre la tête du serpent et celle de l’ange qui chasse Adam et Ève, elles sont identiques, et l’ange semble sortir de derrière l’arbre qui porte le serpent ; simplement le sexe que tient le serpent est remplacé par l’épée que l’ange dresse sur le cou d’Adam. Cet ange, qui est le seul être habillé des deux scènes, tandis que, contrairement au texte biblique, Adam et Ève ne se sont pas habillés après que Dieu eût découvert leur « faute ». L’ange et le serpent représentent sans doute le Bien et le Mal, mais on se demande où est le Bien et où est le Mal. Adam et Ève n’ont pas honte d’eux-mêmes et de leur nudité après le « péché », ils sont terrorisés mais solidaires, et Ève se protège derrière Adam de l’agression de l’ange, tandis que de son bras droit, Adam repousse l’ange. Ils ne se renvoient donc pas la « faute » l’un sur l’autre, l’homme sur la femme et la femme sur le serpent, comme dit le texte biblique. Avoir mangé le « fruit » n’est pas la fin d’une vie idyllique, d’ailleurs remarquez que le « paradis terrestre » est un lieu sinistre, où avec l’arbre interdit on ne voit pousser qu’une branche morte entre deux pierres, et où il n’y a aucune autre végétation ; mais c’est le début d’une vie nouvelle, certes difficile mais où les êtres humains seront libres d’exercer leur libre-arbitre et où ils pourront aussi continuer à s’aimer et à jouir de leur corps splendide. On pourrait se poser encore beaucoup d’autres questions. Mais Michel-Ange est un transgresseur génial, encore héritier d’une Renaissance florentine qui avait éliminé le « péché » de sa vision de la vie. J.G. 28 décembre 2015
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