4.3. L’histoire des villes italiennes : Firenze - 4
VII.- BREF RAPPEL SUR L’ART A FLORENCE SOUS LES MEDICIS AU XVe S. 1)  Une pléiade d’artistes La prospérité économique a attiré à Florence une foule d’artistes et d’artisans d’art. En 1470, il y a, selon les registres, 70 bouchers et charcutiers, 66 épiciers, 83 ouvriers de la soie, mais 84 ateliers artisanaux de sculpture sur bois et marqueterie, 54 ateliers pour le travail du marbre et de la pierre, 44 orfèvres travaillant l’or et l’argent. Quant aux artistes, ils sont recensés dans le cadre des diverses corporations et plus difficiles à compter, mais on sait qu’en 1472, il y avait dans la seule gilde Saint Luc, 30 « peintres de composition », dont 8 sont restés célèbres. Par ailleurs le caractère public de l’art, héritage de la démocratie médiévale, a développé une sensibilité aux œuvres d’art : Vasari raconte qu’en 1501, quand Léonard de Vinci exposa dans son atelier le carton de la Sainte Anne, il y eut une véritable foule d’hommes et de femmes de tout âge et de toute condition venus contempler « l’œuvre merveilleuse de Léonard ». L’arrivée des Grecs après la chute de Constantinople et le développement de la culture platonicienne de la Beauté, la découverte des Antiquités romaines (Donatello et Brunelleschi font un long séjour à Rome pour mesurer les monuments romains, entre 1420 et 1430), contribuèrent enfin à l’épanouissement du style nouveau, de la « Renaissance ». 2) Quelques dates parmi beaucoup d’autres… 1377 : naissance de Filippo Brunelleschi (+ 1446)  1420 : nommé avec Ghiberti  architecte de la coupole du Dôme 1420 : Vieille Sacristie de S. Lorenzo 1430 : commence la Chapelle des Pazzi           1433 : commence l’église de Santo Spoirito 1434 : termine la coupole 1378 : naissance de Lorenzo Ghiberti (+ 1455)  1403-24 : porte Nord du Baptistère 1425-1452 : porte Est (du Paradis) du Baptistère 1386 : naissance de Donatello (+ 1466)  1409 : David (Bargello) 1425 : Crucifix en bois (Santa Croce)0                  1430 : David (Bargello) 1383 : naissance de Masolino 1387 : : naissance de Fra Angelico  1433-40 : décoration de San Marco 1396 : : naissance de Michelozzo  (+ 1472) 1437 : reconstruction de San Marco 1397 : : naissance de Paolo Uccello  1436 : portrait de Giovanni Acuto dans le Dôme 1445-50 : fresques de S. Maria Novella 1399 : : naissance de Luca della Robbia  1438 : prépare avec Donatello les sculptures de l’orgue du Dôme 1401 : : naissance de Masaccio  1423-6 : fresques de S. Maria del Carmine 1427 : Trinità de S. Maria Novella 1404 : : naissance de Leon Battista Alberti (+ 1472)  1451 : Palais Rucellai 1470 : termine la façade de Santa Maria Novella 1406 : : naissance de Filippo Lippi  1438 : Vierge de Santo Spirito 1465 : Vierge à l’Enfant (Offices) 1420 : : naissance de Benozzo Gozzoli  1460 : fresques de la chapelle du palais Médicis 1423 : : naissance d’Andrea del Castagno  1450 : fresques de S. Apollonia 1435 : : naissance d’Andrea del Verrocchio : naissance d’Andrea della Robbia 1445 : : naissance de Sandro Botticelli (+ 1510)            : : naissance de Giuliano da Sangallo  1480-5 : villa de Poggio a Caiano, Palais Strozzi 1449 : : naissance de Domenico Ghirlandaio (+ 1494)  1470 : Vierge et famille Vespucci (église Ognissanti) 1485-90 : fresques de S. Maria Nov. fresques de l’église Santa Trinità (Vie de S. François) 1452 : : naissance de Léonard de Vinci  1478 : Annonciation. 1457 : : naissance de Filippino Lippi  1488 : fresque de Santo Spirito fresques de S. Maria Nov. (chapelle Strozzi) 1474 : : naissance de Michelangelo Buonarroti  1501 : David. 1504 : Sainte Famille avec S. Jean (Offices) 3) Les influences  BRUNELLESCHI   Michelozzo ALBERTI  Bernardo Rossellino, Luciano Laurana GHIBERTI  Benedetto da Maiano, Mino da Fiesole DONATELLO Desiderio da Settignano, Antonio Pollaiuolo, Verrocchio + Masaccio, Mantegna VERROCCHIO  Lorenzo di Credi, Léonard de Vinci MASACCIO  Piero della Francesca, Filippo Lippi FILIPPO LIPPI  BOTTICELLI  Filippino Lippi VIII.- LES DERNIERS MEDICIS  Chassés de Florence, les Médicis rentrent en 1512, après 18 ans d’absence durant lesquels s’est établie une République. Il ne reste de la branche de Cosme l’Ancien que : Giovanni (1475-1521) fils de Laurent le Magnifique, fait cardinal à l’âge de 14 ans, devient pape sous le nom de Léon X (de 1513 à 1521), grand mécène et dernier représentant de la « Renaissance ». Giuliano (1479-1516), 3e fils de Laurent le Magnifique, dux de Nemours. Giulio(1478-1534), fils naturel de Giuliano, frère de Laurent tué en 1478 durant la conjuration des Pazzi, devient pape sous le nom de Clément VII (1523-1534), subit le schisme luthérien, le sac de Rome par les armées impériales, et impose le retour des Médicis à Florence en 1530. Lorenzo II 1492-1519), fils de Pierre le Malchanceux, petit-fils de Laurent, duc d’Urbin. Alessandro (1510-1537), fils naturel du duc d’Urbin, assassiné par Lorenzino ( le « Lorenzaccio » de Musset). Ippolito (1511-1535), fils naturel du duc de Nemours, devenu cardinal. C’est pour les tombeaux du duc d’Urbin et du duc de Nemours que Michel-Ange sculpte les statues de la Sagrestia Nuova de San Lorenzo en 1520, puis en 1530- 33. La fille du duc d’Urbin, Catherine (1519-1589) épouse Henri II de Valois et devient reine de France, mère de François II, Charles IX et Henri III. Les Médicis sont à nouveau chassés par un retour de la République de 1527 à 1530. A la mort d’Alessandro, 1er duc de Florence à partir de 1530, le pouvoir passe donc à l’autre branche de la famille, issue de Lorenzo (1395-1440), le frère de Cosme l’Ancien. Giovanni, dit « dalle bande nere » (bandes noires qu’il faisait porter à ses soldats en signe de deuil après la mort de Léon X), grand condottiere, meurt à 28 ans en 1526, pendant la guerre contre les lansquenets impériaux. C’est son fils Cosme qui devient duc en 1537, puis grand-duc en 1569, sous le nom de Cosme I, mais il réussit pas à obtenir le titre de roi : l’empereur, les rois de France et d’Espagne ne veulent pas accorder ce titre à des fils de marchands !. Il épouse Eléonore de Tolède, fille du Vice-roi de Naples à qui Cosme remet la salle capitulaire de Santa Maria Novella qui devient « Cappellone degli Spagnoli ». Eléonore achète en 1549 un palais commencé par Luca Pitti sur plans de Brunelleschi,et elle confie à Niccolò Pericoli  (il Tribolo) la construction du jardin à destination de ses 8 enfants (Jardin des Boboli). En 1540, Cosme quitte le palais Medici pour s’installer à Palazzo Vecchio (décoré par Giulio Vasari à partir de 1556) puis au palais Pitti qu’il fait agrandir par B. Ammanati. À partir de ce moment, les motifs religieux et « civiques » des monuments florentins (emblèmes républicains, lions, vierges, saints …) disparaissent pour laisser la place aux motifs dynastiques ou mythologiques (personnages de la famille des Médicis, divinités païennes, références à la littérature classique). Les travaux pour l’aménagement des « Uffizi » (les bureaux de l’administration florentine, devenus musées) commencent en 1560. Le retour à la terre et le temps des « villas » et des jardins Le règne des Médicis fut marqué par quelques conquêtes (prise de Sienne en 1555, malgré la défense acharnée dirigée par un capitaine français, Blaise de Montluc, Voir ses Commentaires), faisant de Florence la capitale de la Toscane, dont toutes les autres villes perdent leur autonomie. Pour défendre ce nouvel Etat, Cosme crée une armée, un Ordre militaire, les chevaliers de Saint-Etienne (1561) pour défendre la flotte des attaques des barbaresques ; en 1569, il construit la Fortezza da Basso pour s’y réfugier en cas de révolte  Mais l’industrie de la laine, principale source de richesse, périclite, et la nouvelle production, les tapisseries, ne suffit pas à la remplacer. Ferdinand I développe l’industrie de la soie et la culture du ver à soie. Cosme II ferme définitivement la banque des Médicis au début du XVIIe s. et supprime ses filiales des 4 continents. Les marchands et les banquiers abandonnent le commerce et les grandes entreprises (parmi les derniers grands voyageurs, Vespucci et Verrazano. Cf. fiche) et investissent désormais dans la terre et l’agriculture. La grande bourgeoise d’affaires se transforme en aristocratie terrienne. C’est le temps des villas résidentielles, palais transférés à la campagne, qui permettent de vivre dans le luxe tout en surveillant le travail des paysans. Buontalenti aménage la Petraia entre 1576 et 1589, Artimino en 1894 ; les anciennes villas du XVe s. sont restructurées et aménagées de façon plus luxueuse. Elles s’assortissent de jardins, sur le modèle de celui des Boboli (Cf. fiches sur les « Orti oricellari » et sur la Petraia). Cosme entreprend de grands travaux d’assèchement des marécages de la maremme, du Val di Chiana, du Val di Nievole. Eléonore et 4 de ses enfants meurent des fièvres contractées dans la Maremme. On commence aussi à exploiter le sous-sol toscan : les marbres de Carrare, l’argent de Pietrasanta, l’albâtre de Volterra, le lignite du Valdarno, le fer de l’île d’Elbe. Le centre d’intérêt est la Toscane, plus que le monde extérieur. La vie artistique s’étiole aussi ; la cour entretient certes des artistes de qualité, architectes (Sangallo et Ammanati), sculpteurs et orfèvres (Benvenuto Cellini), peintres (Pontormo, Bronzino, Vasari, Allori, les « maniéristes » toscans), mais les grands sont partis travailler ailleurs. Le centre de la créativité artistique est maintenant à Rome, et Florence n’a qu’une place très marginale dans la création de l’art baroque. Les artistes travaillent surtout à orner les palais et les places : Vasari achève la décoration de Palazzo Vecchio et construit le couloir secret qui permet d’aller du Palazzo Vecchio au palais Pitti ; Bartolomeo Ammanati installe sur la place la Fontaine de Neptune (1559) à l’emplacement même du bûcher de Savonarole ; pour mieux marquer la rupture avec l’esprit franciscain et dominicain, il y sculpte le premier nu féminin exposé sur une place publique (Naïade) de toute l’histoire européenne. Les seuls domaines où se manifeste encore le génie toscan sont : * les Académies : l’Académie florentine (1541), l’Académie du Dessin (Vasari, 1563) et l’Académie de la Crusca (1582), installée dans la villa de Castello et chargée de rédiger un grand dictionnaire de la langue italienne qui en fixerait les règles (séparer la « crusca », le son de la pure farine), dans la tradition de Dante, Pétrarque, Boccace, Poliziano  et Laurent de Médicis, lui-même poète en langue « vulgaire ». De ce point de vue, Florence reste un grand centre culturel ; le toscan fournit la base de ce qui deviendra la langue italienne officielle. * la création musicale : la Camerata Bardi - qui se réunit dans le palais du comte Bardi, ordonnateur des fêtes de la cour, et où se rencontrent les intellectuels, savants (Vincenzo Galilei, père de Galilée, Girolamo Mei), poètes (Pietro Strozzi, Ottavio Rinuccini), musiciens (Jacopo Peri, Giulio Caccini), - invente un genre nouveau qui envahira l’Europe, la « fable en musique », l’OPÉRA : la Dafne de Peri en 1597 et son Euridice, créée en 1600 pour les noces de Marie de Médicis et d’Henri IV de France. Monteverdi reprendra le flambeeau en 1607 avec son Orfeo. Dante aurait rugi en constatant l’amollissement des mœurs qui caractérise la cour. Après la mort d’Eléonore, Cosme vit avec sa maîtresse Leonora degli Albizzi, puis avec Camilla, fille de Leonora. Son fils et héritier Francesco I épouse en secret sa maîtresse, la belle vénitienne Bianca Cappello, après la mort de sa femme Jeanne d’Autriche. Isabella, fille d’Eléonore, mariée jeune pour raison politique à Paolo Giordano Orsini, s’éprend de Troilo Orsini, un cousin de son mari, qui la tue en 1576. Sa cousine est aussi tuée par son mari la même année. Giovanni de’Medici, fils naturel de Cosme I épouse Livia Vernazza, une prostituée de Lucques. Ferdinand, fils de Cosme III, qui aimait les chanteuses et encore plus les castrats, meurt en 1713 de maladie vénérienne contractée à Venise. Les derniers grands-ducs meurent  sans enfants : c’est le cas de Gian-Gastone et de sa sœur Anna-Maria-Ludovica, dont le mari, électeur palatin, était syphilitique. A la mort de Gian-Gastone, le grand-duché est assigné à François de Lorraine, mari de Marie –Thérèse d’Autriche, qui prend la succession des Médicis sous le nom de François III. Les derniers Médicis auront aimé la musique (Scarlatti, Haendel viennent à Florenc, ainsi que le claveciniste Bartolomeo Cristofori, inventeur en 1700 de « l’arpicimbalo », ancêtre du pianoforte), développé leurs palais, fait de belles collections de maïoliques, et introduit en Toscane la culture de la pomme de terre. Mais l’histoire se développait désormais ailleurs qu’à Florence qui attendra la période 1864-1870, où elle fut capitale de l’Italie unifiée, pour connaître une nouvelle phase de développement. Page précédente                                                                                                                                                                         Page suivante
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