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Storia dei popoli d’Italia e canzone Histoire des peuples d’Italie et chanson Encore une histoire d’Italie, est-ce bien utile après les centaines qui ont été écrites avant ou après l’Unité de 1861, et à partir du 150 e  anniversaire de 2011 ? Mais d’abord de quoi parle-t-on ? Pour certains historiens, on ne peut pas parler d’histoire de l’« l’Italie » avant 1861 : il n’y a pas de « nation italienne » avant cette date, mais des histoires de Turin, de Milan, de Venise, de Florence, de Rome, de Naples, de la Sicile … et cela ne fait pas une histoire d’Italie. Pourtant Francesco Guicciardini choisit en 1535 d’écrire les 2000 pages de son admirable Histoire d’Italie de 1494 à 1534, et le nom d’« Italia » est utilisé depuis au moins le Ve siècle av.J.C. par les historiens grecs1 , dérivé d’un probablement mythique roi Italos des Énotriens (Oenotri), du sud de l’Italie, peuple d’agriculteurs, ou d’un peuple samnite de bergers (d’un nom qui indiquait le veau)2 Et pour beaucoup d’historiens, l’histoire ancienne de l’Italie commence en 753 av.J.C. avec la fondation de la ville de Rome, et son développement d’un petit peuple de « latins » à un empire qui couvre une bonne partie du monde connu. C’est l’histoire d’une Rome conquérante, derrière laquelle on oublie souvent qu’il y eut une Italie conquise, occupée bien avant la période romaine par un grand nombre de tribus, de peuples, qui avaient leur langue, leur économie, leur organisation politique, leur culture, leur mode de vie, leur religion ; on trouvera plus loin l’évocation de quelques-uns d’entre eux. Il y avait entre ces peuples une grande diversité, de même qu’il y avait une grande diversité entre les nombreuses colonies grecques qui s’installent en Italie à partir du VIIIe siècle av.J.C. Or Rome domine peu à peu ces peuples, mais ne les supprime pas ; Rome impose la langue latine, mais cette langue déjà très diversifiée évoluera différemment, selon la langue que parlait chaque peuple, et le « latin », – loin de celui de Cicéron enseigné dans les écoles et les Universités –, parlé à Milan ne fut pas celui parlé à Florence ou à Naples, ou à Palerme ou dans les Abruzzes ; quand l’empire romain d’Occident disparaîtra, les langues évolueront donc différemment, ce qui sera l’origine des nombreux « dialectes » parlés en Italie et dans toute l’Europe, le dialecte étant une langue au sens plein du terme qui n’est pas parvenue à devenir celle d’une nation, mais ayant aussi sa syntaxe, son vocabulaire, sa prononciation. Cette histoire dominante est donc écrite du point de vue des vainqueurs, c’est celle de la classe dominante dans le camp du peuple vainqueur, ce n’est pas celle de toute l’Italie ; il n’est pas nécessaire d’avoir lu Marx pour s’apercevoir que la plupart des « histoires » sont des histoires de « classe » et qu’on ne peut analyser la réalité historique qu’en termes de « classes » en conflit du fait d’intérêts contradictoires. Que sont donc devenus les « vaincus », tous ces peuples qui ont continué à tenter de survivre, de conserver leur mode de vie, leur langue, leur culture, et qui se sont souvent révoltés contre leurs « seigneurs » ? Le plus souvent on n’en parle pas, la littérature et l’archéologie n’étudient que les « monuments » officiels (= ce qui évoque, fait penser à, de « monere »), les « documents » (de « docere » = enseigner) créés par les vainqueurs, ceux qui ont laissé une trace plus visible que les maisons rustiques des paysans dominés et qui ne laissaient pas de récits écrits, ils étaient analphabètes. On s’intéresse aussi plus aux « vainqueurs » pour des raisons esthétiques : un temple grec est plus « beau » qu’une cabane de paysan, et un vase richement décoré qu’une écuelle à soupe ! 2 Mais ces « vaincus » représentaient 80%, 90% ou plus, de la population totale ; en 1861 encore, voter était le droit de 1 à 2% de la population italienne, ce sont ceux qui prennent les décisions, les autres regardent. Comment pourtant les ignorer si on veut écrire une histoire vraie ? Notons seulement que c’est encore notre réalité : on parle plus des gouvernants, des patrons, des académiciens que des marginaux, des paysans, des travailleurs manuels ou des intellectuels contestataires … C’est pourquoi il serait important que ceux-ci laissent aussi des traces écrites de leur vie, de leur histoire ; cela commence ! Vers quoi se tourner alors pour écrire cette histoire plus vraie (sans ignorer l’autre, mais cela oblige à l’écrire autrement), sinon vers les éléments les plus proches de cette réalité des peuples dominés, vers leurs traces orales dialectales, vers leur toponymie, vers leur forme physique, leurs habitudes alimentaires, leur « culture matérielle », comme aimait dire Gianni Bosio ? … Et où trouve-t-on tout cela mieux que dans cette forme première d’expression qu’est leur chant, et les traces qu’il nous livre encore aujourd’hui. D’où notre propos de composer ce dossier sur « Histoire des peuples d’Italie et chanson ». Entreprise difficile : on ne dispose pas de chants des peuples italiques, pratiquement rien des Grecs, et rien de la période romaine : tant qu’on n’en écrit pas les partitions, le chant ne laisse pas de traces ; les témoignages ne remontent au mieux qu’au bas Moyen-Âge. Pourtant ces peuples anciens ont laissé des traces dans les cultures dialectales d’aujourd’hui, c’est ce que nous chercherons d’abord, ce substrat populaire préromain indestructible. Et puis un certain nombre de « cantautori » (Auteurs- compositeurs-interprètes) se sont intéressés à des faits ou à des personnages historiques ou mythologiques importants de l’Italie, de Rome, de la Grèce, nous essaierons de les connaître. PREMIÈRE PARTIE I. -Préhistoire et histoire ancienne (Preistoria e Storia antica) I.1) Les Grecs et les peuples italiques (I Greci e i popoli italici) Notre sujet n’est pas l’étude des peuples qui ont occupé l’Italie avant l’arrivée des Grecs (vers 775 av.J.C à Ischia - Pitecusa, et  vers 750 à Cumes) et avant la fondation de la ville de Rome (vers 753 av.J.C.), mais nous voulons seulement rappeler leur existence, que Rome ne supprime pas, et qui continue à déterminer les comportements, les modes de vie, les langues et les cultures d’aujourd’hui. Rome ne fait qu’accorder une forme plus ou moins complète de citoyenneté romaine aux peuples italiens conquis, et leur demander en échange de fournir des soldats et des richesses, mais ils peuvent généralement conserver leur religion en complément des dieux de Rome (la société est polythéiste), leurs coutumes, leur langue, qui se latinise peu à peu après avoir été influencée par la langue grecque, et le latin d’une région sera donc différent de celui de la voisine ; la « colonisation » romaine n’est pas du même type que celle que pratiqueront plus tard les peuples de l’Europe chrétienne. Une dernière remarque : arrêtons de parler de peuples d’origine « indoeuropéenne » : cette invention d’une langue « indoeuropéenne » a été une hypothèse du XVIIIe siècle, certes utile en son temps, qui a permis par exemple le développement de la linguistique comparative. Mais des linguistes comme Giovanni Semerano (1911-2005) ont montré combien elle était inutile, alors que l’on peut se référer à une langue ancienne, connue maintenant, comme l’akkadien,  langue sémitique, le plus souvent ignorée des linguistes qui ne veulent pas démordre de leur « indoeuropéen » et de leur refus d’une langue  « sémitique », mais soutenue par de nombreux philosophes et linguistes italiens. « L’indoeuropéen » permettait d’échapper à une origine sémitique (juive et arabe) de nos langues, et cela favorisa l’idéologie nazie de notre nature « aryenne » 3 : une race distincte des autres « races » (dont les Sémites), et supérieure, faite de blancs et dont il fallait garder la « pureté » (aryanisme, qui n’a rien à voir avec les théories théologiques du prêtre Arius (256-336), à l’origine de l’arianisme, qui affirmait que seul le Père est Dieu, le Fils ayant été humainement engendré). Ces théories ont été aussi utilisées pour justifier le colonialisme : les Noirs étaient inférieurs dans la hiérarchie des « races », avec les Tsiganes et les Asiatiques, juste avant les Juifs et après les Slaves et les Méditerranéens. Les deux cartes ci-dessus indiquent les plus importants de ces peuples : 1) Au nord : * Les Celtes (i Celti, originaires d’Europe centrale, entre 2000 et 1000 av.J.C. mais d’origine plus lointaine incertaine) : établis en Italie à partir du VIIe siècle av.J.C., mais surtout à partir du IVe s. av.J.C. : ils étaient eux-mêmes divers, les Boïens (i Boii), les Lingons (i Lingoni), les Sénons (I Senoni), au sud du Pô, les Cénomans (I Cenomani), les Insubriens (Gli Insubri), les Comasques (I Comaschi qui laisseront peut-être sur les bords du lac de Côme une trace contemporaine) 4, et d’autres tribus. * Les Camunes (I Camuni), d’origine obscure, installés dans la Val Camonica, et producteurs des incisions rupestres parmi les plus importantes que l’on connaisse. * Les Rhètes (I Reti), qui descendraient des Étrusques, disaient les Anciens (Caton l’Ancien parla de leur vin ; on connaît un peu la langue rhétienne, proche de l’étrusque ; le  ladin en serait un élément encore vivant) ; apparus au Néolithique, ils se seraient installés en Italie vers 500 av.J.C. * Les Paléovénètes (i Paleoveneti) ou encore « Énètes » qui, selon la légende, auraient été des alliés des Troyens, des éleveurs de chevaux, et auraient émigré en Italie par la mer après la victoire des Grecs, conduits par Anténor, le père d’Énée (on montre son tombeau légendaire à Padoue !), tandis qu’une autre partie remontait par voie de terre jusqu’à la région de Vannes, en Bretagne. En Vénétie, les Énètes, pour s’installer, chassèrent les Euganéens (Gli Euganei) qui se confondirent avec les Rhètes. * Les Ligures (I Liguri), un des plus anciens peuples d’Italie, bien antérieurs à la guerre de   Troie ; ils avaient la réputation d’un peuple sauvage, dont le physique faisait peur, et qui vivait dans des conditions primitives, ayant tout oublié de ses origines. Ils seraient originaires de la péninsule ibérique et se seraient répandus dès le néolithique ; ils descendraient  pour certains de l’homme de Cro-Magnon. * Les Salasses (I Salassi), de même origine que les Celtes ; une légende en faisait des descendants d’Hercule ; de la souche de Saturne, ils auraient fondé Cordelia dans le Val d’Aoste. On ne trouve des traces de leur langue que dans la toponymie valdostaine (la « Dora », de la racine « dor » ;  une autre racine, « Bar », donne son nom aux villes de Bard,  Bardonecchia, etc.) Les lois sur le mariage civil des Salasses prévoyaient une parfaite égalité entre l’homme et la femme. * les Taurins (i Taurini), d’origine ligure ou celte ; un mythe les fait descendre d’Éridan (qui fut aussi l’ancien nom du Pô), fils de Phaéton, qui aurait introduit un culte égyptien du dieu Apis, en forme de taureau ; leur ville principale était Torino (qui a conservé l’emblème du taureau). 2) Au centre : * Les Étrusques d’abord, Tyrrhéniens pour les Grecs, Etrusci ou Tusci  pour les Romains (d’où la mer « thyrrénienne » et la « Toscane »). On discute encore sur leur origine : autochtone ? (Villanoviens ? Rhètes ?), ou bien venus du Moyen-Orient (ancienne Lydie) ? probablement les deux : un peuple autochtone qui a connu des apports orientaux. Leur culture vient de l’époque des « Villanoviani », vers le Xe s. av.J.C., et elle s’étendra au maximum de la plaine du Pô aux abords de la Campanie, avec des colonies en Corse, en Ligurie et en Gaule Cisalpine. À partir de leurs terres riches en minéraux, ils avaient développé une industrie qu’ils exportaient (ils auraient par exemple amélioré l’ancre de navire), leur agriculture était riche, leur culture très raffinée. On a reconnu leur langue, mais on dispose de trop peu de documents pour la déchiffrer en totalité. Ils auraient dominé Rome au début de la Monarchie. Ils influencent fortement la culture latine dans tous ses domaines (religion, organisation politique, littérature, peinture...). * Au sud-est de l’Étrurie se trouvent les Falisques (i Falisci), dont la capitale est Faléries (Civita Castellana) ; la langue falisque était proche du latin, mais c’était un peuple indépendant allié des Étrusques dans les guerres contre Rome. * Les Latins (i Latini) sont un des nombreux petits peuples de l’ancien Latium, le Latium Vetus, qui existent bien avant la fondation de Rome. Leur centre fut la ville d’Albe-la-Longue, capitale de la Ligue Latine qui lutta longtemps contre Rome. Les Latins étaient installés sur la côte de la mer Tyrrhénienne à partir du IIe millénaire av.J.C., provenant soit d’Europe centrale soit de l’Asie Mineure. Selon la légende (reprise par Virgile), ce peuple du roi Latino aurait fusionné avec les Troyens conduits ici par Énée ; il a une influence déterminante dans la fondation de Rome, et bientôt, après la destruction d’Albe, on confondra en général les « Latins » avec les « Romains ». * Tout autour de l’aire latine, on trouve vers l’est et le sud-est un peuplement « sabellique » (Sabellico), Samnites (Sanniti), qui avaient pour emblème le taureau avec les Sabins ; ils remplacent les Opiques, d’où dérivent les Lucaniens (Lucani), Campaniens (Campani) et Bruttiens (Brettii ou Bruttii) de Calabre, Sabins (Sabini) (avec dérivation des Picéniens, Piceni qui avaient pour emblème le pic) et Ombriens (Umbri), qui formèrent vers les VI-V siècles av.J.C. une unité très différente de celle des Latins, sur le plan tant linguistique que culturel. Les Sabins ne furent conquis par les Romains qu’en 290 av.J.C. Les Ombriens étaient réputés être la plus ancienne population italique sur un territoire très vaste qui allait du Pô à la Campanie. Plus proches de l’Adriatique, on trouvait les Marrucins (i Marrucini), les Marses (i Marsi), les Frentans (i Frentani), les Caracins (Carricini), une des quatre tribus samnites, les Pentriens (i Pentri), les Caudiniens (i Caudini), les Hirpins qui avaient pour emblème « hirpus », le loup (gli Irpini), les Capénates (Capenae Veteres), un petit peuple de langue sabine allié aux Étrusques, et plusieurs autres 5. Les hostilités avec Rome commencent en 343 av.J.C. et se terminent par la défaite des Samnites en 82 av.J.C. En tout cas, entre Marches, Ombrie, Abruzzes et Campanie, il faudra être attentif à ce qui a pu laisser des traces  différentes de celles que nous laisse la civilisation romaine. 3) Au sud : * les Iapyges (Gli Iapigi), qui se divisaient en Dauniens (i Dauni), Peucétiens (i Peucezi) et Messapiens (i Messapi). Il seraient arrivés vers le IIe millénaire av.J.C., auraient résisté longtemps à l’hellénisation du sud de l’Italie  et n’auraient été conquis par les Romains que vers la fin du IVe s. av.J.C. On dit parfois qu’ils auraient été «civilisés» par les Grecs, oubliant qu’avant l’arrivée des Grecs, ils constituaient déjà une civilisation originale, connue par exemple pour ses céramiques (du XIe au IIIe s. av.J.C.) ou ses modes d’inhumation. Leur nom latin aurait été Iapydia ou Japùdia, transformé par les Samnites en Apudia et Apulia, d’où le nom italien de Puglia (les Pouilles). Il y a toujours aujourd’hui un   « Festival dei Monti Dauni », un orchestre appelé  « Daunia », etc. Les habitants de cette région des Pouilles, très active culturellement, n’ont pas oublié leur passé lointain. * Les  Grecs (I Greci) : Ils commencent à coloniser l’Italie surtout à partir du VIIIe s. av.J.C, de Cumes (–750) et Ischia (Pitecusa, vers –775), jusqu’à Tarente, fondant de nombreuses villes dont Neapolis (future Naples). Lorsqu’une ville grecque apparaissait trop peuplée, ou si elle avait trop de problèmes, on invitait une partie de ses jeunes habitants à s’installer à l’étranger. Les récits d’Homère des navigations d’Ulysse avaient donné aux Grecs l’idée d’une Italie accueillante, dont les habitants établissaient avec les étrangers des relations commerciales amicales. Les Grecs s’établirent donc tant à Pitecusa qu’à Messine (Zangle), Reggio (Regio) et Tarente (la seule ville fondée par Sparte), lieux les plus favorables pour contrôler les voies commerciales des métaux : c’était leur but plus que de « coloniser », contrôler de nouveaux territoires ; ils parlaient eux-mêmes d’« émigration » ou de « déménagement », plutôt que de « colonisation ». Leur richesse culturelle se fit peu à peu sentir, malgré la résistance des Étrusques et des Samnites au Nord et des Iapyges au Sud. Les Grecs occupèrent les côtes, sans pénétrer beaucoup dans l’intérieur des terres, mais ils laissent partout de splendides monuments (temples, théâtres, sculptures, céramiques …), plus riches que ceux qui subsistent en Grèce. Ce fut la « Grande Grèce » (Megale Hellàs), souvent inspirée par des philosophes comme Pythagore à Crotone, ou des savants comme le mathématicien Archytas à Tarente, ou encore Parménide qui démontre la sphéricité de la terre. Mais les guerres fratricides, les conflits avec les voisins et bientôt la colonisation romaine eurent raison de la Grande Grèce : les Romains sont vainqueurs en 272 av.J.C., puis s’installent définitivement 60 ans plus tard, s’emparant, dit-on, de 30.000 esclaves, de 83.000 livres d’or et de nombreuses œuvres d’art qui, transportées à Rome, vont transformer la vie culturelle romaine. Cette présence grecque a laissé des traces aujourd’hui dans la langue : le « griko » et le «  grecanico » sont encore parlés et chantés par de petites communautés contemporaines (Voir plus loin). * Il faudrait citer d’autres peuples comme les Lucaniens (i Lucani), italiques de langue osque arrivés vers le Ve s. av.J.C. dans la région qui garde leur nom, la Lucanie. 4) La Sicile (voir carte ci-contre) : elle fut un élément central dans la vie et l’histoire du sud italique, elle était au cœur des routes commerciales entre l’Est et l’Ouest de la Méditerranée. Elle fut habitée depuis au moins le milieu du IIe millénaire, mais, vers 1250, elle était occupée par trois peuples, les Elymes (gli Elimi), qui se seraient enfuis de Troie après la guerre, et seraient descendants d’Élymos, un fils bâtard d’Anchise. Leur centre principal aurait été Ségeste. Un second peuple repoussé en Sicile centrale par les Sicules était les Sicanes (i Sicani), le plus ancien de toute la Sicile, d’origine probablement ibérique ; c’est à eux que la Sicile, qui s’appelait « Trinacria », devrait de s’appeler Sicania, puis Sicilia. Le troisième peuple est celui des Sicules (i Siculi), un peuple proche des Latins qui aurait été chassé de Toscane (il aurait appartenu à la culture villanovienne) puis de Calabre, puis ils auraient traversé le détroit de Messine pour s’installer en Sicile. Tous eurent des rapports avec des marchands phéniciens  ; puis arrivèrent les Grecs, dont les fondateurs de Naxos en 735 av.J.C., et les luttes auraient été incessantes pour le contrôle de l’île, et même Athènes dut intervenir au Ve siècle. La Sicile connut aussi les guerres avec les Carthaginois jusqu’à leur abandon définitif de l’île en 241 av.J.C. 5) La Sardaigne : elle fut habitée depuis probablement 100.000 ans av.J.C. Mais à l’âge des Métaux dont nous parlons, on arrive à la civilisation que l’on appelle « nouragique » (du nom des constructions fortifiées, les « Nuraghi ») productrice des petites statues en bronze appellées « bronzetti ». Puis arrivèrent les Carthaginois vers le VIe s. av.J.C., qui s’intégrèrent assez bien dans la civilisation nouragique et enfin les Romains, qui obtinrent la Sardaigne à partir de 238 av.J.C. ; ils s’entendirent mal avec les indigènes sardes qui se réfugièrent dans le centre de l’île, que les Romains appelèrent « la Barbagia », la zone des « Barbares ». (Voir ci-contre les tribus « nuragiques » selon Polybe). Tout cela ne veut pas être une « histoire » de l’Italie primitive, mais est seulement destiné à nous faire prendre conscience que l’histoire de l’Italie ne commença pas avec Rome, elle était déjà depuis longtemps celle d’une multitude de peuples divers, que les Latins (les Romains) ont ensuite conquis, mais dont la vie a continué sous des formes de langue et de civilisation nouvelles, et qui ont laissé leurs traces dans l’histoire moderne de l’Italie, en particulier dans la culture populaire et dans les langues dialectales. Où trouver ces traces mieux que dans les chansons ? Ces cultures anciennes ont subi la pression de deux civilisations qui les ont suivies, d’abord la pression romaine, ensuite la pression chrétienne ; les deux les ont conquises, assimilées, utilisées à leur profit, et au besoin réprimées lorsqu’elles ne se soumettaient pas bien. On connaît les cruautés de la conquête romaine ; on commence à reconnaître celles de la conquête chrétienne, de l’inquisition à la condamnation des « hérétiques » ou des « sorcières » qui étaient les héritières de ces cultures paysannes d’autrefois. Et malgré tout, ces cultures ont survécu, elles ont été influencées par le grec, par le « latin » de Rome, puis par celui de l’Église chrétienne et par ses cultes et rites, mais elles ont continué à exister. Nous nous efforcerons d’en retrouver les traces, l’héritage linguistique et culturel. Opération difficile mais passionnante et riche d’enseignements. I.2 - Quelques traces de cette Italie primitive dans la chanson populaire (Alcune traccedi quell’Italia nella cultura popolare) Écoutons d’abord deux chansons de Davide Van De Sfroos (Davide Bernasconi, 1965- , Monza). Son nom signifie en dialecte cosmasque « ils vont en contrebande » (van di frodo). Ces chansons ne reprennent  certes pas la langue des peuples comasques préromains, mais elles constituent malgré tout un témoignage de la langue que produisit le latin implanté dans cette rive du lac de Côme. La « brèva » est le vent qui souffle du sud au nord du lac, le « tivano » souffle du nord au sud ; on les fait souvent dériver du français   « brise » et « petit vent », mais d’où vient le mot « brise » ? (peut-être du latin « brevem » = court, parce que ce vent ne dure pas longtemps ?). La « Valtellina » est une région de Lombardie, la vallée de l’Adda lorsqu’elle se jette dans le lac de Côme : c’est dans cette direction que regardent les habitants des bords du lac (« el laag ») pour savoir quel temps il fera, la Valtellina claire annonce l’orage, et moins d’orage si elle est sombre. C’est probablement une habitude de très anciens temps, de même que la navigation sur le lac où on devait transporter les marchandises, en craignant que d’un moment à l’autre la tempête se déchaîne. Brèva e Tivànn                                                                Brise et p’tit vent (Davide Van De Sfroos Band Brèva e Tivàn 1999) Brèva e Tivànn, Brèva e Tivànn            Brise et p’tit vent, brise et p’tit vent La vela La se sgunfia e’l timòu l’è in di mann,    la voile se gonfle et le timon est dans la mer Valtelena ciàra e Valtelena scüra    Valtellina claire, Valtellina sombre L’è una pàrtìda a dama cun’t el cieel che fa pagüra ...   c’est une partie de dame avec le ciel qui fait peur Sòlti in sôe l’unda e pô se làssi nà...          Je saute dans l’eau puis je me laisse aller el soo che fra un pezzètt el tàca a tempestà,          je le sais que sous peu la tempête commencera el soo che in sôe la riva i henn là tücc a pregà,          je le sais que sur la rive ils sont tous là à pleurer me ciàpen per un màtt che vôer dumà negà ...            ils me prennent pour un fou qui ne veut que se noyer … E la barca la dùnda e la paar che la fùnda, Et la barque se balance et il semble qu’elle coule che baraùnda vèss che in mèzz al laagh... Quelle bagarre être là au milieu du lac .. El laagh che l’e’ balòss, el laagh che’l tradìss,          le lac qui est fourbe, le lac qui trahit el fülmin lüsìss e’l cieel el tusìss ...          la foudre brille et le lac tousse … Brèva e Tivànn. Brèva e Tivànn,                Brise et p’tit vent, brise et p’tit vent i tìren e i mòlen e i te pòrten luntàn,         Ils tirent et ils larguent et ils t’emportent loin vàrda de scià e vàrda de là,         regarde ici, regarde là la spùnda la ciàma ma la barca la và ...         la rive t’appelle mais la barque va … Ma urmài sun chè... in mèzz al tempuraal         Mais désormais je suis là … au milieu de l’orage tuìvess fôe di bàll che a me me piaas inscè...         Tirez-vous de là  car je suis bien comme ça E urmài sun chè... in mèzz al tempuraal         Et désormais je suis là … au milieu de l’orage tuìvess fôe di bàll che a me me piaas inscè...            Tirez-vous de là  car je suis bien comme ça. Quant à la contrebande, c’était une activité traditionnelle de cette région convoitée par la Suisse, les Espagnols et l’Autriche, la meilleure voie de communication entre l’Italie du Nord et les vallées de l’Inn et du Rhin. On passait le sel, le tabac, puis le riz, le café, les cigarettes, c’était une forme de brigandage populaire contre des lois commerciales insupportables pour les pauvres ; le passage par ces cols et la contrebande sont restés, depuis une lointaine antiquité, une activité identitaire des habitants de ces lieux. Certes le christianisme est passé par là, car on craignit ensuite la pénétration des idées protestantes venues de Suisse, et la souffrance du contrebandier est exprimée dans une image de la Croix du Christ, mais il reste derrière ce chant la trace d’une ancienne civilisation. Ninna Nanna del Contrabbandiere                       Berceuse du contrebandier (Davide Van De Sfroos Band Ibid.) Ninna nanna, dorma fiôô... Dodo, fais dodo mon petit garçon el tò pà el g’ha un sàcch in spala ton papa a un sac sur l’épaule e’l rampèga in sô la nòcc... Il grimpe dans la nuit … Prega la loena de mea fàll ciapà Prie la lune de ne pas le faire prendre prega la stèla de vardà in duvè che’l va     prie l’étoile de regarder où il va prega el sentée de purtàmel a ca’... prie le sentier de me le ramener à la maison. Ninna nanna, ninna oh.....         Dodo, fais dodo oh Ninna nanna, dorma fiôô... fais dodo, mon petit garçon el tò pà el g’ha un sàcch in spàla ton papa a un sac sur l’épaule che l’è piee de tanti ròpp :          qui est plein de tant de choses el g’ha deent el sô curàgg          dedans il a son courage el g’ha deent la sua pagüra dedans il a sa peur e i pàroll che’ll po’ mea dì.... et les mots qu’il ne peur pas dire … Ninna nanna, ninna oh....          Dodo, fais dodo oh Ninna nanna, dorma fiôô... fais dodo, mon petit garçon … che te sògnet un sàcch in spàla qui rêve d’avoir un sac sur les épaules per rampegà de dree al tò pà...         pour grimper derrière ton père … sô questa vita che vìvum de sfroos dans cette vie que nous vivons en contrebande sô questa vita che sògnum de sfroos dans cette vie que nous rêvons en contrebande in questa nòcch che prégum de sfroos. dans cette nuit où nous prions en contrebande. Prega el Signuur a bassa vuus... Prie le Seigneur à voix basse un la sua bricòla a furma de cruus....          avec son sac en forme de croix … Les Abruzzes sont une autre région qui a gardé un rapport étroit avec son histoire et son patrimoine préromain, samnite, voyez sur Internet les nombreux sites « Dialetti abruzzesi ». Une quantité d’associations et de groupes musicaux diffusent les proverbes, les poésies et les chansons en dialecte des Abruzzes. Certes la langue originaire a été supplantée par le latin et les abruzzophones ont été massacrés par les Romains, en particulier par Sylla (138-78 av.J.C.), dont on dit qu’il élimina un million d’habitants ; et la culture a été  ensuite marquée par la tradition chrétienne, qui n’a pourtant pas réussi à supprimer tous les cultes antérieurs (Voir la fête des serpents à Cocullo). La référence au passé garde donc toute sa valeur. Écoutons deux chansons de cette région : J’abbruzzu Les Abruzzes (traditionnel réélaboré par Carlo Perrone Associazione corale « Gran Sasso » de L’Aquila  Canti tradizionali aquilani 2002) So’ sajitu aju Gran Sasso Je suis monté au Gran Sasso so’ remastu ammutulitu  je suis resté muet me para che passu passu il me semblait que pas après pas se sajesse a j’infinitu  ! on montait vers l’infini ! Che turchinu, quante mare, Que de ciel bleu, que de mer, Che silenzio, che bellezza, quel silence, quelle beauté, Pure Roma e j’atru mare           même Rome et l’autre mer Se vedea da quell’ardezza. se voyaient de cette hauteur. Po’ so’ jitu alla Majella,           Puis je suis allé sur la Maiella, la muntagna è tutta ‘n fiore la montagne est toute en fleur  ; quantè bella, quant’è bella, qu’elle est belle, qu’elle est belle, pare fatta pe’ l’amore  !           elle semble faite pour l’amour  ! Quantu sole, quantya pace, Que de soleil, que de paix, Che malia la ciaramella          quel enchantement le chalumeau Ju pastore veja e tace           le berger veille et se tait Pare ju Ddiu della Majella. On dirait le Dieu de la Maiella. Po’ so’ jitu alla marina Puis je suis allé au bord de la mer E le vele colorate  et les voiles colorées Co’ ju sole la mmatina          avec le soleil du matin Se so’ tutte ‘lluminate. Se sont toutes illuminées. Se recanta la passione Il chante à nouveau sa passion Ju pastore alla muntagna,          le berger pour la montagne, Ji responne ‘na canzone          une chanson lui répond Dajiu mare alla campagna. De la mer à la campagne. C’est une référence intéressante à ce que fut toujours le peuple des Abruzzes, des tribus de bergers des montagnes (La Maiella est un grand massif du centre des Abruzzes, culminant à 2793 mètres), mais aussi des tribus de marins attachés à leur source de vie, la mer. Quant au « saltarello » du groupe Mantice, il se référe explicitement à une tradition (« le usanze ») qui est encore de l’époque païenne, libre de toute référence à la morale chrétienne de l’amour : In mezzo al petto mio Au milieu de ma poitrine (Trad. Saltarello Incontri e racconti Mantice Con : chitarra battente, zampogna, voce,          Avec : guitare « battente », cornemuse, voix,  organetto, flauto, ciaramella, cori, chitarra, accordéon, flûte, chalumeau, chœurs, guitare, cori, tamburello)                   chœurs, tambourin. In mezzo al petto mio ce sta ‘n serpente Au milieu de ma poitrine il y a un serpent Ma ci lavora a punta di diamante qui le grave comme une pointe de diamant Chi non trova l’amore non trova gnente Qui ne trouve pas l’amour ne trouve rien Sonatee sonatore famo sala Joue, musicien, dans le salon ca si lo fa ‘n balletto la padrona         Comme ça, la maîtresse fait un ballet Sapesse la virtù che tie’ lo gaglio Si vous connaissiez les vertus du coq de le gagline se capa la meglio          qui parmi les poules ne choisit que la meilleure Ce fa cuccuruccù, monta a cavaglio          Il lui fait cocorico et puis il la monte Quando passi de qua passace armato Quand tu passes par ici viens armé Ca le finestre mie buttano foco          car mes fenêtres jettent du feu Ca me l’ho fatto ‘n artro fidanzato Parce que je me suis créé un autre fiancé Ma quanto sona bbe’ stu sonatore Mais comme il joue bien ce musicien, Le mani ce se pozzano ‘ndurare Qye ses mains puissent s’endurcir (Dimmela bella e dammela va)         (Parle-moi, ma belle, et donne-la moi, allez) Ma quanto sona bbe’ sto tambureglio          Mais comme il joue bien ce tambourin Ma chi lo sona è ‘n giovanotto bello Mais celui qui en joue est un beau jeune homme Pe ‘no bicchier de vino ca me bbeve Par un verre de vin que je bois Cento pensieri alla menda me leve je m’enlève cent soucis de l’esprit Nun pozzo più cantà ca non c’ho voce Je ne peux pluschanter parce que je n’ai plus de voix L’ho persa l’altra sera alla fornace Je l’ai perdue l’autre soir au four L’ho persa sott’ a ‘n arbero de noce Je l’ai perdue sous un noyer Però a cantà co’ mme nun te ce mette ne viens donc paschanter ici avec moi Ca so’ la figlia dell’ammazzasette car je suis une fille de matador ‘e chi non vo’ senti’ questa mia voce et celui qui ne veut pas écouter ma voix, che s’atturi la recchia co’ lla pece qu’il se bouche les oreilles avec de la poix. e questo so’ le usanze del mio paese. Tels sont les usages de mon pays. Des communautés grecques existent encore dans les Pouilles et en Calabre. Parmi d’autres, un groupe a hérité de leur musique traditionnelle, le Canzoniere Grecanico Salentino (CGS, créé en 1975). Est-il un héritier des premières communautés grecques de la région ? on ne peut pas le savoir. Ce qui par contre est certain, c’est que beaucoup de communes, d’associations, de groupes musicaux du sud qui font partie de cette minorité linguistique grecque et qui parlent le « grecanico » (le « griko »), revendiquent leur ascendance préhistorique et gardent des rapports privilégiés avec la nation grecque d’aujourd’hui. Déjà en 1924, Gerhard Rohlfs  (1892-1986) écrivait : « Avec le grec d’Athènes, de Crète, de Rhodes et de Chypre, le grec de Bova (Calabre, Province de Reggio Calabria - NDR) remonte à la même mère. Ce sont tous des fils indépendants et légitimes de la grande mère antique » (Cité dans : Domenico Nunnari, Viaggio in Calabria : dalla Magna Grecia al terzo millennio, Gangemi Editore, 2009). On compte aujourd’hui 23 communes (dont certaines importantes comme Reggio Calabria) qui ont des communautés de langue grecque, entre Calabre, Pouilles et Sicile, et on commence à les redécouvrir, après des siècles d’oubli ou de répression, et à en reconnaître la valeur et l’originalité culturelles. Le Canzoniere Grecanico Salentino n’est qu’un des groupes qui chantent en tentant de revitaliser cette culture. Il utilise des instruments traditionnels très anciens, la chitarra battente, instrument semblable à la guitare baroque avec des éclisses plus hautes, un fond plus bombé et des cordes doubles, la zampogna, la cornemuse, les flauti, petite flûtes utilisées dans les campagnes, les tamburelli, tambourins marquant le rythme. Répétons encore que le chant « traditionnel » n’est pas un souvenir mourant d’un passé révolu, mais qu’il est la trace vivante des civilisations des pauvres d’hier, où se retrouvent les pauvres d’aujourd’hui, même si la cause de leur pauvreté est différente, urbaine et non plus paysanne. Mais le développement de ce qu’on appelle abusivement le « progrès » ne vide pas le réservoir de cultures patrimoniales existant depuis plusieurs millénaires. Ìtela (Canzoniere Grecanico Salentino, Texte et musique = traditionnels et arrangés par M. Durante, Pizzica indiavolata, 2012) Ìtela na su po’ c’emmabastèi Je voudrais te dire mais la voix me manque na pai na pi’ tis màna-su na s’armàsi          d’aller demander à ta mère de te marier àrte ise kièccia ce se ccumetèi         tu es encore petite et cela te convient jènese mali ce mèni koràsi         tu deviendras grande et tu resteras vieille fille. ìtela na su po’ ce na su dìzzo Je voudrais te dire et te montrer t’ardàri pu vastò mesa so ‘ppetto la plaie que je porte dans la poitrine to sòma si ‘ccardìa-mu na to sfizzo sur mon cœur je voudrais te serrer crà-mme sfittà me sena, sindè ipetto ! Tiens-moi serré contre toi sinon je tombe ! Ìtela na su po’: jatì, jatì,         Je voudrais savoir pourquoi, pourquoi ci si portèdda-su panta climmèni ? ta petite porte est toujours fermée ? Su prepi cajo na statì anittì Il faudrait que tu la laisses ouverte apa’ so limbitàri chatimmèni !         et que je te tienne assise sur le seuil. Tira cavallu (Canzoniere Grecanico Salentino idem ). Nunn ci suntu cchiuili trainieri          Il n’y a plus de charretiers Se dice ca ete megghiu mio la vita on dit que maintenant la vie est meilleure Ma tocca tiri oce comu ieri         mais tu dois tirer aujourd’hui comme hier E certu lu cavallu no te aiuta et le cheval ne t’aide certainement pas Subbra le spaddhe teni pisi e veleni         tu as sur les épaules des poids et des poisons E tantu erta pare la salita          et la montée semble si raide E senza né trainu né fatia         et sans char ni travail Silu trainieri de malencunia.                  Nous sommes des charretiers qui traînons notre mélancolie. NOTES : 1. Après Hérodote, cf. Strabon (64 av.J.C. - 25 ap. J.C.), Géographie, Livre 5, chap. 1  : «  1. L'Italie actuelle commence au pied des Alpes : [je dis l'Italie actuelle], car ce nom ne désigna d'abord que l'ancienne Oenotrie, c'est-à-dire la contrée limitée entre le détroit de Sicile et les golfes de Tarente et de Posidonie; mais, ayant pris avec le temps une sorte de prédominance, ce nom finit par s'étendre jusqu'au pied de la chaîne des Alpes, embrassant même, d'un côté, toute la Ligystique jusqu'au Var et naturellement aussi les parages de la Ligystique depuis la frontière de Tyrrhénie, et, de l'autre côté, toute l'Istrie jusqu'à Pola. Il est présumable que la prospérité des peuples, qui, les premiers, portèrent le nom d'Italiens, invita leurs voisins à le prendre également et que ce nom continua de la sorte à gagner de proche en proche jusqu'à l'époque de la domination romaine. Puis vint un moment où les Romains, qui avaient fini par accorder aux Italiens le droit de cité, jugèrent à propos de faire participer au même privilège les Gaulois et les Hénètes de la Cisalpine et commencèrent à comprendre sous la dénomination commune d'Italiens et de Romains ces étrangers au milieu desquels ils avaient fondé tant de colonies, parvenues toutes, les plus récentes omme les plus anciennes, à une incomparable prospérité.  » (Texte accessible sur Internet).  2. Comme le note l’historienne Nazarena Valenza Mele, on ne créait rien à l’époque pour des raisons simplement «  artistiques  », même un vase décoré était un «  objet d’usage  ». «  Seule une vision d’ensemble des productions et des objets manufacturés, des maisons comme des temples, des casseroles de cuisine comme du vase en bronze, peut nous aider à pénétrer dans une réalité historique qui n’a rien créé à de simples fins artistiques  ». Les archéologues ont négligé la «  culture matérielle  » collective et productive, comme la céramique «  d’usage  » quotidien, qui se prête moins à être exposée dans une vitrine de musée (Storia d’Italia, Bompiani,1989, n° 39, pp.49-50). Nous nous référerons souvent à cette Storia d’Italia qui a tenté de sortir du conformisme de l’histoire dominante. On aurait eu chez les Osques une forme «  Vitellu  », le veau, d’où serait venu le nom d’Italia  ; les Osques adoraient en effet le veau et avaient une monnaie où était représenté un veau.  3. Voir, * les ouvrages de Giovanni Semerano, en particulier sa grande œuvre Le origini della cultura europea, Olschki, Firenze, 1984, 1994, et son dernier petit livre, La favola dell’indoeuropeo, a cura di Maria Felicia Iarossi, Paravia Bruno Mondadori, 2005, 118 p. * le livre de Jean-Paul Demoule, Mais où sont passés les Indoeuropéens  ? - Le mythe d’origine de l’Occident, La Librairie du XXIe siècle, Éd. du Seuil, 2014, 742 p. Il montre de façon très précise que le concept d’  «  indoeuropéen  » est la construction intellectuelle d’un mythe d’origine, «  celui des Européens, qui les dispenserait de devoir emprunter le leur aux Juifs, à la Bible  ». L’archéologie la plus récente ne valide aucune hypothèse de ce type, ni la linguistique, la biologie, la mythologie. Son livre est fondamental  ; on regrette seulement qu’il ne cite jamais le nom de Semerano, non plus que d’aucun autre chercheur italien  : ignore-t-il cette culture  ?  4. Écouter les chants de David Van de Sfroos, et ses commentaires sur la tradition des bords du lac de Côme.  5. Lire leur histoire complexe dans Storia d’Italia, op. cit., 42, pp.121-144. RETOUR A LA TABLE DES MATIERES                                 SUITE 1 DU FICHIER
Storia dei popoli d’Italia e canzone