3. La nature : les lacs du Latium autour de Rome
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Des lieux merveilleux Les lacs des alentours de Rome (provinces de Rome et de Viterbo) Les touristes pensent souvent à la mer et aux plages romaines  ; mais souvent on ignore qu’il y a autour de Rome des lacs splendides, pleins de souvenirs historiques et où on peut aussi se baigner agréablement et avec moins de foule qu’au bord de la mer. Le Latium a 30 lacs, dont 5 dans la province de Rome, 6 dans celle de Viterbo, assez proches de la capitale, et plus éloignés, 8 dans la province de Rieti (dont 2 artificiels), 8 dans la province de Latina et 3 dans la province de Frosinone. On imagine mal la richesse des paysages, des restes archéologiques, de la faune, et du tourisme possible près de ces lacs. Vous pouvez trouver tous les détails en tapant sur Internet  : laghi della provincia di Roma, di Viterbo,… etc. Décrivons-en quelques- uns, ils sont d’un intérêt majeur. 1) Province de Rome  Sud : lacs de Nemi, lacs Albano, de Giulianello, Le lac de Nemi, d’une superficie de 1,67 Km2, à 316 mètres d’altitude, lac volcanique de cratère à 25 kms au sud-est de Rome, un des plus beaux paysages d’Italie. Ce cratère fait partie du grand ensemble volcanique du Latium, actif jusqu’à il y a environ 20.000 ans. Il y avait au bord du lac un bois sacré et un Temple de Diane, déesse infernale protectrice de la chasse, des générations, des femmes qui désiraient avoir des enfants, et des parturientes   (le nom de Nemi vient du latin Nemus Dianae = bois consacré à Diane) ; c’était le centre de la Ligue latine, après la destruction d’Albe la Longue au VIIe siècle av.J.C., fondée, selon la légende par le fils d’Énée, Ascagne (Jule), après la destruction de Troie  ; ses descendants auraient été, après plusieurs générations de rois albains, Amulius et Numitor, dont la fille Rhéa Silvia accoucha de Romulus et Remus. Avec ce Temple, on est donc aux sources les plus anciennes de l’histoire de Rome  ; sur place (rive nord du lac), il ne reste pratiquement rien des ruines du Temple pillé et dispersé dans de nombreux musées depuis le XVIIe siècle (Villa Giulia à Rome, Copenhague, etc). On connaît par contre le tunnel construit vers le IVe siècle av.J.C. qui servait à évacuer un peu d’eau du lac pour assécher les marécages des environs. Il était long de 1653 mètres, large de 80 cm. et passait sous le village de Genzano  ; il débouche dans la vallée d’Ariccia. On le restaura à partir de 1927, on l’utilisa pour vider en partie le lac quand on remonta les navires romains. Près du lac se trouve la légendaire Fontaine d’Égérie, la nymphe amoureuse de Numa Pompilius, inconsolable de sa mort et qui, à force de pleurer fut transformée en fontaine par Diane qui eut pitié d’elle. Un autre reste antique de Nemi sont ses deux navires romains que Caligula (37-41 ap.J.C.) fit construire en honneur des déesses Isis et Diane et qu’on a retirés du lac, grands de 73 / 24 mètres et de 71 / 20. L’un des navires contenait un Temple de Diane à colonnes, l’autre un palais destiné à l’empereur qui y pratiquait fêtes et orgies  ; des têtes de loups, de lions et de léopards, maintenant retrouvées, serraient les boucles d’amarrage entre leurs dents (Voir ci- contre à droite une tête de méduse sauvée de l’incendie de 1944) . Ils coulèrent sous l’empereur Claude (de 41 à 54), on ne sait pas pourquoi (mais Caligula, assassiné en 41, fut détesté pour ses crimes et ses orgies). La structure très élaborée des coques a laissé penser que c’étaient peut-être des prototypes de navires militaires de type nouveau. On fit au Moyen-Âge plusieurs essais infructueux pour les remonter (Leon- Battista Alberti (1404-1472) en 1446 pour le Cardinal Prospero Colonna, l’ingénieur militaire Francesco De Marchi (1504-1576) en 1535)  ; ils ne furent finalement extraits du lac qu’à partir de 1929 et déposés dans le Musée des Navires Romains construit sur la rive nord du lac, brûlé en 1944 par les Allemands en retraite (ou par des Italiens qui mirent le feu pour couvrir un vol des pièces métalliques  ?), restauré et rouvert dès 1988, avec des modèles réduits des navires (voir à gauche la reconstitution hypothétique du premier navire avec les appartements de Caligula). On pense reconstituer un navire grandeur d’origine et le faire naviguer sur le lac, et certains envisagent de retrouver un troisième navire de Caligula.. Nemi est un charmant petit village, encore entouré de ses bois touffus, célèbre pour ses cultures de fraises et de fleurs. La tradition antique fait remonter sa fondation au fils de Thésée, Hippolyte  ; mais on en parle vraiment à partir de l’occupation romaine, pendant laquelle le Temple de Diane fut abondamment fréquenté. Le village reprit vie au IXe siècle quand fut construit le château pour les comtes de Tusculum, sur la partie la plus haute qui domine le lac  ; puis le château passa d’une famille à l’autre et fut donné aux moines cisterciens  ; le pape Alexandre VI Borgia se l’appropria  ; puis il revint aux Colonna puis aux Frangipani, et enfin aux Rospigliosi. Au XIXe siècle, le bourg attira beaucoup de visiteurs italiens et étrangers du «  Grand Tour  », de Barthold Georg Nieburg (1776-1831) à Charles Gounod (1818-1893), Charles Didier (1805-1864), Massimo d’Azeglio (1798-1866), James Frazer (1854-1941). On peut voir les ruines de l’église saint Nicolas, construite après 313, et à 20 minutes de marche on arrive à l’ermitage de saint Michel Archange, édifice rupestre creusé dans la roche. Au centre du village, le Palais Ruspoli, nom moderne de l’ancien château, restauré à l’extérieur mais dont l’intérieur se dégrade. Visitez les ruines du Temple de Diane (ci-dessus)  ; l’émissaire romain est maintenant entièrement visitable. Pensez aussi à la cuisine de Nemi, sa soupe de haricots «  Borlotti  », sa «  coratella  » (intestin d’agneau aux fèves), sa polenta, ses «  fettucine  » aux bolets, etc. Et sa fête des fraises le premier dimanche de juin, doublée d’une exposition de fleurs (Voir à gauche, Produits typiques de Nemi et à droite,  fraises et fruits des bois). (Voir plus de détails en tapant  : Nemi wikipedia italiano) De l’autre côté du lac se trouve la petite commune de Genzano di Roma, qui fait partie aussi des Colli Albani, qui s’étale sur le flanc de la colline de 106 à 480 mètres. Le nom vient soit de la déesse «  Cynthia Fanum  » dont le culte était lié à celui de Diane, soit de la famille romaine «  Gentia  »  ; on y a trouvé de nombreux restes archéologiques latins et romains. Au XIIIe siècle, après une brève occupation sarrasine qui apporte la culture du chanvre, les Cisterciens font construire un grand château fortifié autour duquel le village se développe. Le château passa ensuite aux Colonna, puis à diverses familles nobiliaires, dont les Cesarini, selon les papes élus. L’un des Cesarini au XVIIe siècle fit planter des rangées d’ormes (les «  olmate  ») le long des avenues. Sous le fascisme, les luttes furent violentes entre les paysans de Genzano et les bandes fascistes. Une des traditions de Genzano depuis 1778, pour la fête du Corpus Domini (60 jours après Pâques) est «  l’infiorata  », des tapis de fleurs dans la via Bruno Buozzi, 13 tableaux sur 2000 m2, réalisés sur un thème nouveau chaque année (Voir le Musée de l’Infiorata et ci-contre à droite l’Infiorata de 2013). On célèbre aussi en  septembre la Fête du «  Pane casareccio  », le pain de ménage fabriqué selon des procédés précis  : la «  bruschetta  » sortie en 1998 est célèbre, elle avait 1200 mètres de long et pesait 2100 Kg.. L’équipe de football à 5 de Genzano a une renommée nationale. (Voir plus de détails en tapant  : Genzano di Roma wikipedia italiano). Au-dessus du lac de Nemi, séparé de celui-ci par le Monte Cavo (949 m., à gauche sur la photo ci-dessous) se trouve le lac Albano (ou lac de Castel Gandolfo), lac de cratère très profond (168 mètres). Tout le sol alentour est d’origine volcanique  ; le lac a la forme d’un ovale allongé due au type d’explosions volcaniques qui sont à son origine. Le nom se réfère à l’antique ville d’Albe-la-Longue, capitale mythique de la Ligue latine, détruite au VI siècle av.J.C. par les Romains. On a retrouvé en 1984 les restes d’un village sur pilotis de l’âge du bronze, nommé «  Villaggio delle Macine  », à cause du grand nombre de meules récupérées. Là aussi, un canal fut creusé sous le cratère en 385 pour réguler la hauteur de l’eau  ; il est long d’environ 1200 mètres large de 1,20 et haut de 2. Les Romains pratiquaient des naumachies (batailles navales) sur le lac. L’empereur Domitien (81-96) s’était fait construire une villa près du lac, puis l’empereur Septime-Sévère (146-193-211) s’y installa après 197 avec sa garde parthe, et ce sera la base des villages d’Albano et de Castel Gandolfo. Puis les ruines furent abandonnées et les marbres de la villa furent utilisés pour la façade de la cathédrale d’Orvieto. On y réinstalla ensuite l’important sanctuaire de Santa Maria della Rotonda d’Albano à partir du XIIe siècle. Sur le bord du lac, on a trouvé aussi la Nymphée Bergantino (Cf. image ci-contre), ou «  Miroir de Diane  », dans une grotte de l’époque de Domitien. Jusqu’au XIXe siècle, et dès l’empereur Constantin, la zone appartint à l’Église, mais en 1822 fut vendue au prince polonais Stanislaw Poniatowski, qui la revend ensuite. Aujourd’hui, elle est gérée  par la Province de Rome. Durant les Olympiades de 1960 on a fait sur le lac les épreuves de canotage.  En 1977 est consacrée l’église de la Madonna del Lago , voulue par le pape Paul VI. Le déversement des égouts dans le lac est cause d’une intense pollution, mais en 2010 Castel Gandolfo a  révoqué le décret d’interdiction de bain, après un filtrage des eaux. La meilleure plage est sur la rive ouest. La faune et la flore restent très riches malgré la pollution due entre autres à l’augmentation de populations humaines  : chêne vert (leccio), tilleul (tiglio), charme (carpine), noisetier (nocciolo), aune (ontàno), orme (olmo), peuplier noir (pioppo nero), laurier (lauro), orne (ornello), houx (agrifoglio, pungitopo), genêt (ginestra), aubépine (biancospino), sureau (sambuco), troène (ligustro), cornouiller (corniolo), cyclamen (ciclamino), anémone (anèmone), violette (viola)… et pour la faune  : hérisson (riccio), blaireau (tasso), écureuil (scoiàttolo), renard (volpe), cormoran (cormorano), poule d’eau (gallinella d’acqua), canard royal (germano reale), mouette (gabbiano) … On peut visiter le village de Castel Gandolfo (Cf. image ci-dessus à droite) où le pape Urbain VIII Barberini (1568-1623- 1644) fait construire par Carlo Maderno (1556-1629) le premier des Palais Pontificaux, qui s’amplifia considérablement par la suite. Terres d’extraterritorialité possédées par le Saint-Siège depuis le concordat de 1929, les jardins des Villas pontificales ont été ouverts au public en 2016 par le pape François, qui a décidé de ne jamais y résider  ; ce sera désormais un Musée. (Voir sur Internet  : castel-gandolfo wikipedia italiano). Un peu au nord visitez aussi la ville d’Albano Laziale, de presque 42.000 habitants. C’est un lieu habité par les humains depuis le début du 1er millénaire av.J.C.  ; à l’époque romaine, beaucoup de patriciens romains s’y firent construire une villa. L’empereur Constantin ordonna la construction de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. La ville comporte de nombreux monuments intéressants, et son vin (l’Albanum) est renommé depuis l’Antiquité. (Voir sur Internet  : Albano Laziale wikipedia italiano). Au sud du lac, notez la ville d’Ariccia, dont la fondation semble bien antérieure à celle de Rome (attribuée par la légende à Hippolyte, le fils de Thésée)  ; elle fut ensuite ville de la ligue latine et devint un site romain important traversé par la Via Appia (Bataille d’Ariccia gagnée par les Romains contre les Étrusques en 505-504 av.J.C.). La ville reprend vie à partir du Xe siècle. Elle est riche de monuments historiques, palais, bâtiments militaires, églises, parcs, elle est célèbre pour son Pont sur lequel passe la Via Appia, inauguré en 1854, un des plus hauts viaducs routiers d’Europe. Ariccia est aussi appréciable pour sa «  porchetta  », tranches de porc désossé aromatisé au romarin (Cf. image ci-contre à droite)  (Voir Internet  : Ariccia wikipedia italiano).  Autre ville à l’est du lac, Rocca di Papa (17.000 habitants), sur les pentes du Mont Cavo, peuplée dès le début du 1er millénaire, mais dont la vie ne se développe qu’au Moyen-Âge  ; elle fut peut-être le siège d’Albe-la-Longue. Au sommet du Monte Cavo existait sans doute un temple à Jupiter,  sanctuaire confédéral de la Ligue Latine. Propriété de l’Église, elle entre dans l’orbite des Comtes de Tusculum, qui commencèrent la construction du château entre le Xe et le XIIe siècle  : le pouvoir passa ensuite au cardinal Richard Annibaldi, puis à la famille Colonna, en 1427, quand le pape Martin V (1368-1417-1431) partagea ses fiefs entre les membres de sa famille. En 1855, Rocca di Papa proclama une République, et plusieurs révolutionnaires mazziniens y furent actifs. Le fascisme fut mal supporté. À voir  : plusieurs églises construites du Moyen-Âge à 1998, le Palais Communal, la Villa du Cardinal, aujourd’hui hôtel-restaurant, la Forteresse pontificale, dans la partie la plus haute de la ville, et où Marconi fit plusieurs expériences, les fontaines, le Parc Régional des Castelli Romani. Passez enfin à Marino (4.000 habitants), au nord du lac. La ville, dont on n’est pas très sûrs de l’origine du nom, est aussi habitée dès le début du 1er millénaire. Elle eut probablement ensuite une fortification romaine. L’Église catholique la prend en main à partir du VIIIe siècle, et au XIe siècle la fait gérer par les Comtes de Tusculum qui fortifient le centre. La ville fut dominée par Giacoma de’ Settesoli, l’amie de François d’Assise, qui concéda des statuts en 1237. En 1337, se déroula à Marino une grande bataille entre l’antipape et le pape qui l’emporta. Les Colonna dominèrent ensuite, dont Marcantonio II Colonna, l’amiral de la flotte chrétienne à la bataille de Lépante (1571). En 1798, au moment de la République Romaine, Marino fut parmi les communes qui se déclarèrent «  républiques sœurs  », ce qui la fit piller en 1799 par les «  sanfedisti  » réactionnaires du cardinal Ruffo. Les luttes paysannes d’occupation des terres se déroulèrent aussi à Marino dès 1898, et pendant le «  biennio rosso  » de 1919-1920, les luttes reprirent entre les paysans et les propriétaires fonciers. La ville subit de lourds bombardements alliés à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. De nombreux palais, églises et fontaines sont à visiter, ainsi que les restes archéologiques (Musée Umberto Mastroianni) et les parcs naturels. Un parcours souterrain permet de visiter les grottes du Palais Colonna. Il y a également un Musée du tonnelier (Museo del bottaio). La ville  connaît toujours une intense activité de groupes de musique populaire, et elle pratique tout au long de l’année de nombreuses fêtes. (Voir sur Internet  : Marino laziale wikipedia italiano). Et un peu plus loin vers le sud-est, n’oubliez pas le petit lac de Giulianello (périmètre de 1,8 kms), appelé aussi Lac la Torre, d’origine volcanique comme les 2 autres. Il a été déclaré «  Monument naturel  » en 2007 (Décret Régional du 21 juin), c’est-à-dire zone géologique consacrée par le temps ou par les traditions de culture populaire et qui devient patrimoine de l’humanité. C’est un site d’une grande beauté naturelle et d’une rare biodiversité de faune et de flore (chênes et roseaux). Près du lac, se trouve le petit village de Giulianello, d’origine ancienne  : on pense que l’ancien château aurait appartenu à la famille de Jules César, en particulier à sa nièce (on a retrouvé une urne sépulcrale de cette époque au nom de Giulia), d’où le nom. Tout autour vivaient des communautés pastorales semi- nomades qui profitaient du paysage et des forêts. Puis le patriciat romain s’y intéressa et fit construire des villas. En 1020, le pape Innocent III reconnut à la localité un statut particulier en même temps qu’il faisait don du fief à sa propre famille des Comtes de Segni. On garde au Centre Pompidou de Paris, le Canto della passione del Venerdì Santo de Giulianello, un des témoignages les plus anciens de musique religieuse paysanne, recueilli par Giovanna Marini, Ambrogio Sparagna et Erasmo Treglia (Enregistrement par La Strada dei canti qui donne un concert le 11 septembre 2017 à Giulianello, dans le cadre de la manifestation annuelle de chant populaire Il Lago cantato) (Voir sur Internet  : Giulianello et Lago di Giulianello wikipedia italiano) 2) Province de Rome Nord et Viterbo, les lacs de Bracciano, de Martignano, de Vico, de Bolsena. Le plus important après celui de Bolsena est le lac de Bracciano (56,5 km2), autrefois lac Sabatini (du nom latin  : Lacus Sabatinus), profond de 160 mètres  ; au nord, il est dominé par les Monts Sabatini. Le lac est riche en poissons (dont l’alose = l’agòne), car la circulation en bateaux à moteur y est interdite sauf pour les pêcheurs licenciés et pour une ligne de service  : le lac de Bracciano est en effet une source d’eau potable de Rome. Sur la rive sud, on a retrouvé  les traces d’un village néolithique habité de 5700 à 5200 av.J.C., le village de La Marmotta, doté de  grandes maisons rectangulaires, peut-être abandonnées suite à une inondation. On a retrouvé des vases pleins de nourriture (os de chèvres, moutons et chiens, céréales, fruits – pomme, prunes, framboises, fraises et glands), des tissus de lin, du pavot somnifère source d’opium, des instruments de travail, haches de pierre, lames d’obsidienne, céramiques décorées, des pirogues (tout est déposé au Centre d’exposition du Néolithique d’Anguillara Sabazia, près de la Gare). Tout autour du lac, le paysage champêtre est très agréable, de peupliers, d’aunes, de saules. Sur le lac, on peut pratiquer le windsurf, la voile, le canoë, le canotage On peut se baigner sur la rive sud du lac ou pratiquer la bicyclette (le mountain bike) dans les sentiers tout autour du lac ou y faire du cheval. Autour du lac trois agglomérations intéressantes, la première est Bracciano (20.000 habitants). Bracciano naît sur les hauteurs des Mont Sabatini au sud-ouest du lac, vers le Xe siècle  : les incursions sarrasines se multiplient et ravagent la région  ; les propriétaires fonciers construisent alors des fortifications et des châteaux dans lesquels se réfugient les paysans lors des incursions  ; les propriétaires deviennent alors de fait les seigneurs locaux. On l’appela «  Castrum Brachiani  », du nom de la famille Bracci, Préfets de Vico, qui avait pour emblème un bras vêtu de rouge, plus tard alliée des Orsini, à qui le pape Martin V cède le fief en 1419. Le château, construit en 1470 par le grand architecte Francesco di Giorgio Martini (1439-1501) devient le plus bel édifice militaire du temps, il a encore des fresques  faites vers 1490 par  l’école d’Antoniazzo Romano (1430-1513). La ville  passa ensuite aux Orsini et aux Odescalchi. Les murailles existent encore en partie, dont le mur de la Sentinelle à l’est de la ville, aujourd’hui splendide belvédère sur le paysage alentour. Au XVIe siècle, Braccio ou Fortebraccio Orsini développa l’économie de Bracciano par le travail du fer, du soufre et des tapisseries (d’où le nom d’une rue de Bracciano, via dell’Arazzeria). Les Orsini durent vendre le duché aux Odescalchi en 1696, puis il passa aux Torlonia en 1803  ; en 1894, la nouvelle ligne de chemins de fer Rome-Viterbo passa par Bracciano, où fut installée en 1910 l’École d’Artillerie. Visitez donc le château Orsini-Odescalchi et les murailles de la Renaissance  ; près du château le Museo Civico, ouvert en 2006, rassemble tous les éléments de l’histoire de Bracciano depuis les Étrusques  ; voir en particulier la Vénus et Adonis du sculpteur local  Cristoforo Stati (1556-1619) (Voir image ci-contre à gauche). Il y a aussi de nombreuses églises dont la Cathédrale du XIIIe siècle refaite au début du XVIIe siècle. Une seconde ville à visiter autour du lac est Trevignano Romano (5700 habitants), au nord du lac. Son nom vient peut-être d’un «  Trebignanum  » latin, ancienne zone où il y eut une villa de l’époque d’Auguste. Le Museo Civico  offre des souvenirs de la période étrusque. Le château («  la Rocca  »), érigé vers 1200 par le pape Innocent III, n’est plus aujourd’hui qu’une ruine, mais il vaut la peine d’y monter pour le panorama qu’offre son site. Faites aussi une promenade sur les quais ombragés de la ville (Cf. image ci-contre à droite).  Vous pouvez aussi visiter un Centre d’Éducation des faucons (www.volorapaci.com) et de nombreuses activités sportives sont organisées sur le lac.. Une troisième ville à visiter est Anguillara Sabazia (20.000 habitants), au sud-est du lac. La ville (Cf. image ci- contre) fut occupée par les Romains à partir du IIe siècle av.J.C., une riche patricienne y avait une villa où elle élevait des poissons pour la ville de Rome  ; on peut voir le pont romain et des restes de villa romaine, mais aussi plusieurs églises, l’ancienne porte d’entrée du XVIe siècle, un donjon médiéval, aujourd’hui siège du Musée de la civilisation paysanne et de la culture populaire. Montez aussi jusqu’à la Rocca du XIIIe siècle. Se promener sur le quai du lac à l’aube ou au couchant offre de très belles vues. De l’aéroport de Santo Stefano, on peut faire de beaux vols de reconnaissance au-dessus du lac. (Pour plus de détails sur ces  trois villes, voir sur Internet  : Bracciano, Trevignano Romano, Anguillara Sabazia wikipedia italiano). À l’est du lac de Bracciano, se trouve le petit lac de Martignano (2,440 km2), autrefois appelé lac  Alsietino (du nom latin  : Lacus Alsietinus). C’est un lac  d’origine volcanique, comme deux autres petits lacs qui furent asséchés par les papes, le Stracciacappe (lacus Papyrianus) en 1828, et le lac Baccano en 1715  ; il a une profondeur maximale de 60 mètres, et il est entouré de sources sulfureuses. Il s’est formé il y a environ 130.000 ans  ; les Romains le connaissaient comme lieu de villégiature et utilisaient son eau par un aqueduc construit par l’empereur Auguste (63-27 av.J.C.–14 apr.J.C.) en l’an 2 av.J.C. Il était alors beaucoup plus haut et profond qu’aujourd’hui. Sur ses rives, il n’y a aucune habitation et l’eau reste donc très pure, utilisée pour des activités de canoë et de trekking. On y trouve seulement quelques sites archéologiques romains, dont celui de l’aqueduc de l’Aqua Alsietina de presque 33 kms qui alimentait le Trastevere pour des naumachies  ; il débitait 188 litres à la seconde, une portée journalière de 16257 m3. Un peu plus au nord, entre Rome et Viterbo, on trouve le lac de Vico ; c’est un lac d’origine volcanique (le latin  : Lacus Ciminus), résultat de l’activité du mont Venere  ; c’est le plus haut des lacs italiens (507 m.) entouré par les Monts Cimini. Il y a très peu d’habitations sur ses bords, et depuis 1982, il est protégé comme Réserve naturelle. Selon la légende, Hercule aurait planté dans la terre une massue pour défier les habitants du lieu, et quand il la retira, ce que personne n’était parvenu à faire, jaillit un énorme jet d’eau qui alla remplir la vallée  ! C’est donc un territoire riche en faune et en flore  : brochet, tanche, perche (appelée «  coregone  »), alose («  agone  »), grenouille verte, crapaud, ragondin, loutre (récemment disparue), renard, sanglier, martre, putois, chat sauvage, beaucoup d’oiseaux aquatiques, d’espèces de canards, dont le grèbe (lo svasso, cf. image ci-contre), symbole du lac, étourneau, épervier, faucon, hibou, chouette, etc. Le lac a un émissaire, le rio Vicario, qui a permis d’abaisser les eaux du lac et de récupérer des terres fertiles. On peut se baigner dans les eaux du lac. Parmi les villages proches des rives du lac, visitez au sud Ronciglione (8800 habitants), créé vers l’an Mille par les Préfets de Vico, puis possession de la famille Farnese, centre économique (industrie du fer et du cuivre, armureries) et culturel (imprimeries, académies) avancé. Sa forteresse, son Palais Communal, sa Porte romaine (Cf. ci-contre à droite)  ; sa grande Fontaine, son Musée de la Vénérable Mariangela Virgili, en cours de béatification, sont à visiter. Un Carnaval évoque chaque année l’histoire de la petite ville (Cf. un masque ci-dessous à droite), considéré comme un des dix plus intéressants d’Italie  ; Ronciglione organise aussi un «  Palio  » (courses de chevaux sans cavalier), un Festival de jazz. On y a tourné de nombreux films. Allez goûter sa spécialité culinaire, la noisette romaine. À l’est du lac, passez à Caprarola (5500 habitants), retranchée sur un éperon rocheux d’où on pouvait surveiller la Via Cassia et la Via Flaminia. Déjà existante à l’époque étrusque, la petite ville ne se développe cependant qu’à partir du XIe siècle, disputée par les grandes familles romaines, les Orsini, les Préfets de Vico, les Comtes d’Anguillara, le pape lui-même, les Farnese dont le palais (Cf. image à gauche) est l’un des plus intéressants de l’architecture de la Renaissance et du maniérisme, réalisé par Sangallo le jeune (1484-1546) – celui qui réalisé aussi le Palais Farnese de Rome – et par Vignola (1507-1573). L’intérieur vaut la peine d’être visité  : voir ci-contre à droite la Salle des Fastes des Farnese. Le territoire est le premier producteur de noisettes d’Italie. Une troisième petite ville, au nord du lac,  est une fraction de Viterbo, San Martino al Cimino (nom dû à celui de la montagne). L’agglomération s’est développée autour de la grande abbaye cistercienne, surtout grâce à l’intervention de la princesse Donna Olimpia, veuve du marquis Pamphili (la famille a son palais à Rome Place Navona) qui confia à Francesco Borromini (1599 -1667) la restructuration du bourg et à l’architecte militaire Marcantonio de Rossi (1607-1661) les fortifications extérieures. Les maisons furent construites tout autour du palais pour les domestiques et la cour de la  Princesse. Le Palais Doria-Pamphili est original jusque dans ses détails  : par exemple, le plafond à caissons de la chambre de Donna Olimpia pouvait s’abaisser grâce à un système de poulies, pour réduire le volume de la pièce et faciliter le chauffage. Il est malheureusement souvent fermé au public. L’abbaye cistercienne est construite au début du XIIIe siècle quand le pape Innocent III donna les terres des Monts Cimini aux Cisterciens de Pontigny  pour y implanter une abbaye qui soit un pôle de développement agricole de la région  ; l’église est consacrée en 1295  ; mais en 1426, il ne restait déjà plus que 2 moines, et l’abbaye fut vide en 1564. C’est Donna Olimpia qui lui redonna vie avec ses restaurations. Jetez un coup d’œil à la fontaine (Cf. ci-contre à gauche). La région est riche de villes et de monuments. Depuis le lac de Vico, vous pouvez facilement aller visiter Castel d’Asso, l’ancienne Axia romaine, qui fait suite à une ville étrusque dont nous avons encore la nécropole, avec ses tombes à façade. Vous pourrez pousser ensuite jusqu’à Viterbo, l’ancien castrum Viterbii romain, devenu une belle ville de 60.000 habitants … Et encore un peu plus au nord dans la province de Viterbo, vous trouvez le grand lac de Bolsena (113,5 km2, dans le cratère du volcan Vuslisni. Cf. panorama ci-dessous), l’ancien Lacus Volsiniensis romain, d’origine volcanique, d’une profondeur de 151 mètres, doté de 2 petites îles volcaniques visitables, et d’un fleuve émissaire. Il a des côtes de sable, parfois noir du fait de ses origines volcaniques, et les agglomérations de ses rives, Bolsena, Marta et Capodimonte, au sud Montefiascone , réputée pour son vin, l’Est Est Est) sont des lieux d’un grand intérêt, qu’on visite trop peu. Mais on est déjà loin de Rome … La province de Viterbo contient 4 autres petits lacs, le lac de Mezzano (0,475 km2), à 5 kms à l’ouest du lac de Bolsena  ; entre le lac de Vico et le lac de Bracciano, près de Nepi, se trouve le petit lac de Monterosi (0,32 km2), de 6 mètres de profondeur (Cf. image de droite). Le troisième lac de la province de Viterbo est celui de San Casciano (2,0 km2), près de la commune toscane de San Casciano dei Bagni (1600 habitants), rappelée par Boccace dans la seconde nouvelle de la Xe journée du Décaméron. Ce lac est un bassin lacustre artificiel, le point le plus au nord du Latium. Enfin le quatrième lac est le lac de Vladimonio (Vadimone), près de Bassano in Teverina, à proximité du Tibre  ; il est appelé localement «  il laghetto  », le petit lac, d’origine volcanique. Il est alimenté par de petites sources sulfureuses qui déversent des eaux laiteuses. Sénèque et Pline le Jeune en ont parlé à plusieurs reprises, car ce fut un lieu important dans l’histoire des rapports entre Étrusques et Romains. Le Latium a encore d’autres lacs aussi beaux, plus éloignés de Rome, dans les provinces de Rieti au nord-est, et de Frosinone et Latina au sud. Nous avons insisté sur les lacs les plus proches de Rome, qui méritent à eux seuls un séjour de vacances ou d’études complet. Les paysages sont magnifiques et souvent pas encore trop abîmés par l’espèce humaine  ; les châteaux alternent avec les villages médiévaux, les  monuments, palais et églises, y abondent  ; on peut y manger de la bonne cuisine traditionnelle. Ces lacs et les agglomérations qui les entourent témoignent d’une histoire antérieure à celle de Rome, les Étrusques, la Ligue Latine, mais aussi de l’histoire des grandes familles féodales et pontificales romaines de la  Renaissance qui se disputent les terres. Tout en se baignant, on écoute l’histoire, on relit Virgile, Horace ou Ovide, dans la verdure des bois et le chant des oiseaux.                                    Jean Guichard, 8 août 2017 Deux images du Lac de Vico, un panorama de Ronciglione et le Lac de Salto (Rieti) Bibliographie  : 1) C’est un article de Sonia Lombardi sur le quotidien local romain VignaClaraBlog du 25 juillet 2014, I 4 laghi più belli a nord di Roma, qui nous a donné l’idée de revenir sur les lacs des alentours de Rome, dont nous avions gardé de magnifiques souvenirs. Quelques photos sont empruntées à cet article. 2) Vous pouvez obtenir plus d’information sur chaque sujet en tapant le nom du lieu, de la ville, du la ou du monument en ajoutant «  wikipedia italiano  »  : les informations données sur les sites français sont souvent beaucoup plus réduites. 3) Le volume «  Lazio  » des Guides rouges du Touring Club Italiano et de La Biblioteca di Repubblica (Touring Editore, 2005, 880 pages et de nombreuses cartes) est toujours utile. 4) Si vous souhaitez d’autres références, écrivez-nous. Et très beau voyage  !
Cisterciens : l’ordre cistercien est un ordre monastique, branche réformée de l’ordre des Bénédictins, fondé par Robert de Molesme à l’abbaye de Citeaux en 1098, inspiré par la réforme grégorienne de la règle bénédictine. L’ordre doit son développement dans le monde entier à Bernard de Clairvaux, celui qui prêcha la 2e croisade. Parmi leurs valeurs centrales, outre la spiritualité, le travail manuel.
Zone volcanique : vous avez remarqué que la plupart de ces lacs du sud sont d’origine volcanique. Les Colli Albani étaient alors occupées par le Volcan du Latium, qui eut des éruptions jusque vers il y a 5000 ans. On le considère comme inactif, malgré de petites secousses sismiques peu intenses. Il eut 3 grandes phases d’activité depuis sa création, et plusieurs cratères apparurent donc peu à peu. Ses résidus fournissent donc des matériaux de construction, tuf péperin, pouzzolane, coulées de lave d’àù ontire les pavés de Rome, les « sanpietrini ». Le sol permet aussi la cuture de la vigne, et la production de vins fameux, le Frascati, le Marino, le Lanuvio, le Velletri. On rouve aussi facilement des sources d’eau minérale.
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