Poésie en musique - chapitre 36
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Chapitre 36 De nouveaux courants et poètes du XXe siècle  : Dino Campana, Salvatore Quasimodo, Sandro Penna Dino Campàna (1885-1932) Dino Carlo Giuseppe Campàna est né en Toscane mais sur le versant romagnole de l’Apennin, à Marradi le 20 août 1885, d’un père enseignant puis directeur didactique d’école primaire, de caractère faible, et d’une mère catholique sévère qui adorait maladivement le petit frère de Dino, Manlio, né  en 1887. Ce contexte familial ne provoquera chez lui des troubles nerveux qu’à partir de sa quinzième année. Il suit ses classes primaires à Marradi, puis son collège chez les Salésiens de Faenza. Il va au Lycée de Faenza, puis de Carmagnola, et passe son baccalauréat en 1903. De retour à Marradi, ses troubles psychiques apparaissent plus graves, il s’entend mal avec sa mère  ; il se distrait en allant manger des châtaignes bouillies (les « bruciati  », spécialité de Marradi) avec les habitants d’un bourg voisin. Dino Campana, 1913 À l’automne 1903, il s’inscrit à la Faculté de Chimie pure de l’Université de Bologne, tente en vain de devenir officier (il est exempté de service militaire) et continue alors en Chimie pharmaceutique à l’Université de Florence en 1905-1906. Il est soumis à des examens psychiatriques et interné en septembre et octobre à l’asile d’Imola. Son errance était considérée comme un signe de folie, et chaque fois, sa famille le faisait arrêter et interner. Apparaît alors son désir de fuir et de mener une vie errante, et son entourage le considère comme fou  ; il voyage et il est régulièrement interné dans un asile jusqu’en 1907. Même sa façon de parler de poésie et de philosophie devient suspecte. Sa culture littéraire était cependant très riche et il parlait quatre langues en dehors de l’italien, le français, l’allemand, l’anglais, l’espagnol, sans compter le latin et le grec. En 1907, il est envoyé en Argentine, près de parents émigrés, pour le séparer de son pays, de sa famille qui ne le supporte plus et de l’asile, pour revenir à Marradi en 1909, sans qu’on sache précisément ce  qu’il a fait en Amérique. Il est à nouveau interné à Tournay en 1910. La même année il fait un pèlerinage à La Verna (Ombrie) dans les lieux franciscains. Entre 1912 et 1913, il oscille à nouveau entre l’Université de Bologne et celle de Gênes, où il publie dans des journaux étudiants ses 4 premières poésies intégrées ensuite dans les Canti Orfici. Dino Campana et Sibilla Aleramo, 1917 En 1913, il propose ses textes à la revue Lacerba de Giovanni Papini et Ardengo Soffici qui égare son manuscrit (retrouvé seulement en 1971 dans ses papiers après sa mort), ce qui irrite et désespère Campana qui doit réécrire tous les textes de mémoire, il menace Soffici et envoie une lettre d’insultes à Papini. En 1914, il passe quelques mois à Berne, et entre en contact avec les intellectuels florentins (Cecchi, Carrà, Prezzolin, Serra…, y-compris Papini et Soffici). Pendant l’été, l’éditeur Bruno Ravagli publie ses Canti Orfici, grâce à une souscription des habitants de Marradi, et Lacerba insère quelques textes de lui. En 1915, il erre encore d’une ville à l’autre, Turin, Domodossola, Florence, sans but précis. Campana publie encore quelques textes en 1916. Il a alors une liaison fusionnelle et conflictuelle avec  la poétesse féministe Sibilla Aleramo (1876-1960) qui est passionnée par ses poésies. En 1918, il est interné près de Florence à l’asile de Castel Pulci et n’en sortira plus, il y mène une vie tranquille, mais n’écrira jamais plus. Il meurt d’une septicémie, due peut-être à la syphilis, le 1er mars 1932. Le titre de son œuvre principale, Canti orfici, se réfère à la religion mystique de la Grèce ancienne qui s’organisait autour du personnage d’Orphée, religion personnelle que l’on pouvait choisir, à la différence de la religion officielle où l’on entrait de naissance, et que contestait donc l’orphisme. L’ex-asile de Castel Pulci Tombe de Campana à la Badia a Settimo. On a comparé Campana à Rimbaud, mais ce dernier abandonne la poésie pour se livrer à divers commerces, même d’armes et peut-être d’esclaves, Campana  n’abandonne jamais mais la société l’enferme dans un asile jusqu’à sa mort. Dino Carlo Giuseppe Càmpana è nato in Toscana ma sul versante romagnolo dell’Appennino, a Marradi il 20 agosto 1885, da un padre insegnante poi direttore didattico di scuola elementare, di carattere debole, e da una madre cattolica severa che adorava morbosament il fratellino di Dino, Manlio, nato nel 1887. Quel contesto familiare provocherà in lui dei disturbi nervosi soltanto dal suo quindicesimo anno. Segue le classi elementari a Marradi, poi il collegio dai Salesiani di Faenza. Va al Liceo di Faenza, poi di Carmagnola, e dà l’esame di maturità nel 1903. Di ritorno a Marradi, i suoi disturbi psichici appaiono più gravi, ha pessimi rapporti con la madre  ; si distrae andando a mangiare castagne bollite (i «  bruciati  », specialità di Marradi con gli abitanti d’un borgo vicino  ; All’autunno del 1903, si iscrive alla Facoltà di Chimica Pura dell’Università di Bologna, tenta invano di diventare ufficiale (è prosciolto dal servizio militare) e continua allora in Chimica Farmaceutica all’Università di Firenze nel 1905-1906. È sottomesso ad esami psichiatrici e internato in settembre e ottobre al manicomio d’Imola. La sua erranza era considerata come segno di pazzia, e ogni volta, la sua famiglia lo faceva arrestare e internare. Appare allora il suo desiderio di fuggire e di aver una vita errante, e il suo ambiente lo considera pazzo  ; viaggia ed è regolarmente internato in un manicomio fino al 1907. Anche il suo modo di parlare di poesia e di filosofia diventa sospetto. Eppure, la sua cultura letteraria era ricchissima e parlava quatttro lingue oltre l’italiano, il francese, il tedesco, l’inglese, lo spagnolo, in più del latino e del greco.. Nel 1907, e mandato in Argentina, a casa di parenti emigrati, per separarlo dal suo paese, dalla sua famiglia che non lo sopporta più, e dal manicomio, per ritornare a Marradi nel 1909, senza che si sappia precisamente ciò che abbia fatto in America. È di nuovo internato a Tournay nel 1910. Lo stesso anno fa un pellegrinaggio alla Verna (Umbria) nei luoghi francescani. Tra il 1912 e il 1913, oscilla di nuovo tra l’Università di Bologna e quella di Genova, dove pubblicq in fogli goliardi le sue prime quattro poesie integrate poi nei Canti Orfici. Nel 1912, propone i suoi testi alla rivista Lacerba di Giovanni Papini ed Ardengo Soffici che smarrisce il manoscritto (ritrovato soltanto tra le sue carte nel 1971, dopo la sua morte), il che adira e dispera Campana che deve riscrivere tutti i testi di memoria, minaccia Soffici e manda una lettera d’insulti a Papini. Nel 1914, passa alcuni mesi a Berna, e  entra in contatto con gli intellettuali fiorentini (Cecchi, Carrà, Prezzolini, Serra…, compresi Papini e Soffici). Durante l’estate, l’editore Bruno Ravagli pubblica i Canti Orfici, grazie ad una sottoscrizione degli abitanti di Marradi, e Lacerba inserisce alcuni suoi testi. Nel 1915, erra ancora da una città all’altra, Torino, Domodossola, Firenze, senza obbiettivo preciso. Campana pubblica ancora alcuni testi nel 1916. Ha allora una relazione amorosa fusionale e conflittuale con la poetessa Sibilla Aleramo (1876-1960), appassionata dalle sue poesie. Nel 1818, è internato vicino a Firenze nel manicomio di Castel Pulci, e non ne uscirà più, vi passa una vita tranquilla, ma non scriverà mai più. Muore di una settecemia, forse dovuta alla sifilide, il 1° marzo 1932. Il titolo della sua opera principale, Canti Orfici, si riferisce alla religione mistica della Grecia antica che si organizzava intorno al personaggio di Orfeo, religione personale che si poteva scegliere, a differenza dalla religione ufficiale in cui si entrava nascendo e che era contestata dall’orfismo. Si è paragonato Campana a Rimbaud, ma quest’ultimo abbandona la poesia per dedicarsi a diversi commerci, anche d’armi e forse di schiavi, Campana non abbandona mai ma la società le rinchiude in un manicomio fino alla sua morte. La petite promenade du poète, 1914 Le poète marche dans les vieilles rues qui sortent de Florence, entrecoupées maintenant par de grands boulevards modernes, et il s’en va  vers la campagne extérieure. La première partie exprime son angoisse dans la ville inquiétante, comme le montrent les trois adjectifs qui définissent les rues  : 2 syllabes (strette, étroites, oppressantes), 3 syllabes (oscure, sombres), 4 syllabes (misteriose)  ; les lumières ne sont qu’artificielles, et les femmes commentent (commérages  !) son passage. Et puis c’est seulement dans la troisième partie, quand il va arriver dans la nature, quand la «  stradina  » remplace «  le strade  », que la nuit devient plus belle, et il n’y a même plus de chien, et lui se couche dans l’herbe comme un chien, il devient chien, symbole de fidélité à la nature après avoir dépassé le goût désagréable que la ville lui avait laissé dans la bouche. Et maintenant les fenêtres sont fermées par les persiennes, et l’ivrogne de la seconde strophe chante maintenant son amour pour la fermeture de cette ville détestée, car en même temps, les persiennes signifient que les femmes de la ville se sont refermées derrière leurs fenêtres closes  : il n’y a d’amour que de la terre, de la nature. Méconnu pendant sa vie, mort dans l’exclusion d’un asile, Campana est redécouvert plus récemment, il est entendu comme le poète qui a voulu sortir d’une société capitaliste et consumériste, au profit d’une vie de respect et d’amour de la nature, et qui à ce titre a été exclu de tout soutien. On redécouvre souvent les poètes en fonction des intérêts du moment  : les défenseurs des loups avaient redécouvert François d’Assise à partir de l’histoire du loup de Gubbio (Fioretti, XXI), et il devient le saint protecteur du loup. Il poeta cammina nelle vecchie strade che escono da Firenze, adesso frammezzate da grandi viali moderni  ; se ne va verso la campagna esterna. La prima parte esprime la sua angoscia nella città inquietante, come mostrano i tre aggettivi che definiscono le strade  : 2 sillabe (strette), 3 sillabe (oscure), 4 sillabe (misteriose)  ; le luci sono soltanto artificiali e le donne (le «  ciane  ») commentano (chiachiere  !) il suo passaggio. Poi, soltanto nelle terza parte, quando sta per arrivare nella natura, quando la «  stradina  » sosituisce la «  strada  », la notte diventa più bella, non c’è nemmeno più un cane, e lui si distende nell’erba come un cane, diventa cane, simbolo di fedeltà alla natura, dopo aver sorpassato il gusto spiacevole lasciatogli in bocca dalla città. Ora le finestre sono chiuse dalle persiane, e l’ubriaco della seconda strofa canta il suo amore per la chiusura di quella città detestata, perché nello stesso tempo le persiane significano che le donne della città si sono anche loro chiuse dietro le finestre chiuse  : c’è amore soltanto della terra, della natura. Sconosciuto durante la sua vita, morto nell’esclusione di un manicomio, Campana è riscoperto più recentemente, è inteso come il poeta che ha voluto uscire da una società capitalistica e consumista, a profitto di una vita di rispetto e d’amore della natura, e che per questo è stato escluso da ogni sostegno. Si riscoprono spesso i poeti in funzione degli interessi del momento  : i difensori dei lupi avevano riscoperto Francesco d’Assisi dalla storia del lupo di Gubbio (Fioretti, XXI) e diventa il santo protettore dei lupi. La petite promenade du poète (Testo  : Dino Campana, Canti Orfici -  Notturni, 1914 Musica  : Stefano Palladini e Nazario Gargano, … l’anima sarà semplice com’era…, 2001  ; Beppe Giampà, Della fatal quiete, 2016) Me ne vado per le strade Je m’en vais à travers les rues Strette, oscure e misteriose : étroites, sombres et mystérieuses Vedo dietro le vetrate je vois derrière les vitres Affacciarsi Gemme e Rose. se montrer Gemmes et Roses.   Dalle scale misteriose Par les escaliers mystérieux C’è chi scende brancolando : quelqu’un descend en chancelant  : Dietro i vetri rilucenti derrière les vitres luisantes Stan le ciane commentando. Les pipelettes commentent. La stradina è solitaria :                La petite rue est solitaire  : Non c’è un cane, qualche stella il n’y a pas un chien, quelques étoiles Nella notte sopra i tetti        dans la nuit au-dessus des toits  : E la notte mi par bella.        Et la nuit me semble belle.   E cammino poveretto Et je marche pauvre petit Nella notte fantasiosa,        dans la nuit pleine de fantaisie, Pur mi sento nella bocca pourtant je sens dans ma bouche La saliva disgustosa. Via dal tanfo la salive dégoûtante. Loin de l’odeur Via dal tanfo e per le strade loin de l’odeur et à travers les rues E cammina e via cammina, et marche allez marche, Già le case son più rade. déjà les maisons sont plus rares.   Trovo l’erba, mi ci stendo Je trouve l’herbe, je m’y étends A conciarmi come un cane : pour me mettre dans l’état d’un chien  : Da lontano un ubriaco        au loin un ivrogne Canta amore alle persiane. Chante son amour pour les persiennes. De nombreux chanteurs se sont inspirés de Dino Campana. Citons Massimo Bubola, il a dédié une chanson à Dino Campana dans  son disque Mon trésor de 1997  ; Roberto Vecchioni écrit en 1999 dans Sogna, ragazzo, sogna  :       «  Dalla casa dei pazzi, da una nebbia lontana                  Com'è dolce il ricordo di Dino Campana  ». (Canzone per Alda Merini)  ;  Massimiliano Larocca (1976- ), cantautore florentin, après avoir déjà mis en musique La petite promenade du poète en 2008 dans La breve estate, consacre tout un disque aux poésies de Campana en 2016, Un mistero di sogni avverati, avec Riccardo Tesi, Nada, I Sacri Cuori, Hugo Race et Cesare Basile. D’autres musiciens ont interprété Dino Campana, l’organiste et compositeur Lorenzo Signorini (1952- ) a mis en musique en 2003 Le Stelle le Pallide Notturne, et en 2004 La sera di fiera pour récitant, harpe et percussions, à partir d’un texte de Dino Campana. En 2004, Sputi, un album de Marco Paolini e i Mercanti di liquore, met en musique deux textes de Campana, La notte mi par bella (à partir de La petite promenade du poète) et Barche amorrate. Numerosi cantanti si sono ispirati a Dino Campana. Citiamo Massimo Bubola, ha dedicato una canzone a Dino Campana nel suo disco Mon trésor del 1997  ; Roberto Vecchioni scrive nel 1999 in Sogna, ragazzo, sogna  :    «  Dalla casa dei pazzi, da una nebbia lontana    Com'è dolce il ricordo di Dino Campana ». (Canzone per Alda Merini)  ; Massimiliano Larocca (1976- ), cantautore fiorentino, dopo aver già musicato La petite promenade du poète nel 2008 in La breve estate, dedica tutto un disco alle poesie di Campana nel 2016, Un mistero di sogni avverati, con Riccardo Tesi, Nada, I Sacri Cuori, Hugo Race et Cesare Basile. Altri musicisti hanno interpretato Dino Campana, l’organista e compositore Lorenzo Signorini (1952- ) ha musicato nel 2003 Le stelle le Pallide Notturne, e nel 2004 La sera di fiera per recitante, arpa e percussioni, da un testo di Dino Campana. Nel 2004, Sputi, un album di Marco Paolini e i Mercanti di Liquore, musica due testi di Campana, La notte mi par più bella  (da La petite promenade du poète) e Barche amorrate. Salvatore Quasimodo (1901-1968) Salvatore Giuseppe Virginio Francesco Quasimodo naît à Modica (prov. de Ragusa, ville historique de 53.000 habitants  faisant partie du Patrimoine Historique de l’UNESCO - Image ci-contre) le 20 août 1901, dans une famille modeste, son père est chef de gare à Modica, mais la famille est originaire de Roccalumera, sur l’autre pointe de la Sicile près de Messine, là où la tour sarrasine porte une plaque avec une poésie de Quasimodo. Il a un frère et une sœur qui épousera l’écrivain sicilien Elio Vittorini (1908-1968). Salvatore restera toujours très attaché à son île pour laquelle il écrira plusieurs poésies. C’est à Roccalumera qu’il passe son enfance et sa jeunesse, il y retournera souvent pour voir sa famille. En 1909, après le tremblement de terre, son père est envoyé à Messine pour réorganiser les transports ferroviaires, et il vécut avec lui dans un wagon de marchandises qu’il évoque dans une poésie à son père. En 1916, il part à Palerme puis à Messine pour obtenir un diplôme de technicien de Mathématiques et Physique en 1919. Avec Giorgio La Pira (1904-1977), homme politique démocrate-chrétien devenu son ami à Messine, il fonde un mensuel, Il nuovo Giornale letterario, où il publie ses premières poésies. En 1920, il va à Rome pour terminer ses études, mais étant dans des conditions économiques mauvaises, il doit abandonner pour faire des petits travaux de dessinateur et d’employé jusqu’en 1926 où il obtient un poste de géomètre au Ministère des Travaux Publics à Reggio Calabria. C’est là qu’il se maria et connut les frères communiste et anarchiste Enzo et Bruno Misefari, qui le font rentrer dans le front antifasciste de Reggio. Il écrit Vento a Tindari. Son beau-frère Elio Vittorini le fit venir à Florence, où il rencontre des intellectuels comme Eugenio Montale, et Alessandro Bonsanti  (1904-1984) qui dirigeait alors la grande revue Solaria, qui publie plusieurs poésies de Quasimodo, alors séduit par le style hermétique. Sa première plaquette de vers paraît en 1930, Acque e terre, et fut aussitôt remarquée. En 1931, il est transféré au Génie Civil d’Imperia puis de Gênes, où il rencontre l’écrivain génois Camillo Sbarbaro (1888-1967) et la revue Circoli grâce à laquelle il publie Oboe sommerso en 1932, qui devient un manifeste de l’hermétisme. À Imperia il commence à vivre avec une femme mariée, Amalia Spezialetti, avec qui il a une fille. Il travaille ensuite à Cagliari puis à Milan et Sondrio. En 1936, il abandonne les Travaux Publics et décide de vivre de sa plume, devenant rédacteur de l’hebdomadaire Tempo. Il étudie le grec et le latin, et devient finalement professeur de littérature à Milan, au Conservatoire de musique Giuseppe Verdi jusqu’en 1968. Il réalise des traductions de lyriques grecs, d’Eschyle, de Sophocle, de Virgile, de Shakespeare, de Molière, Catulle, Homère… En 1940, il avait commencé à collaborer avec un fascisme de gauche à Primato. Lettere e arti d’Italia, revue fondée par Giuseppe Bottai (1895-1959), Ministre de l’Éducation Nationale. Mais il resta dans l’ensemble antifasciste, sans toutefois participer à la Résistance. Il adhère au Parti Communiste Italien en 1945, et il publie, après Odore di eucalyptus e altri versi en 1942, Con il piede straniero sopra il cuore  en 1945, Giorno dopo giorno en 1947, La vita non è sogno en 1949, Il falso e il vero verde en 1953, La terra impareggiabile en 1958, qui deviennent des modèles de poésie civile. En 1948, après la mort de sa première femme, il se remarie avec la danseuse Maria Cumani (1908- 1995), avec laquelle il avait déjà eu un fils en 1939, et qui devient sa muse et sa collaboratrice. Il obtient plusieurs Prix littéraires et le Prix Nobel de Littérature en 1959. Il meurt à Naples le 14 juin 1968. Salvatore Giuseppe Virginio Francesco Quasimodo nasce a Modica (Prov. di Ragusa, città storica di 53.000 abitanti che fa parte del Patrimonio Storico dell’UNESCO) il 20 agosto 1901, in una famiglia modesta, suo padre è capostazione a Modica, ma la famiglia è originaria di Roccalumera, sull’altra punta della Sicilia  vicino a Messina, dove la Torre Saracena (Immagine sotto a destra) porta una lastra con una poesia di Quasimodo. Ha un fratello e una sorella che sposerà lo scrittore siciliano Elio Vittorini (1908-1968). Salvatore rimarrà sempre molto affezionato al suo paese per il quale  scriverà parecchie poesie. Passa la sua infanzia e la sua giovinezza a Roccalumera, e ci tornerà spesso per vedere la sua famiglia. Nel 1909, dopo il terremoto, suo padre è andato a Messina per riorganizzare i trasporti ferroviari, e visse con lui in un carro di merci evocato in una poesia al padre. Nel 1916, parte a Palermo poi a Messina per ottenere un diploma di Tecnico di Matematica e Fisica nel 1919. Con Giorgio La Pira (19014-1977), uomo politico demo-cristiano diventato amico suo a Palermo, fonda un mensile Il Nuovo Giornale letterario, sul quale pubblica le sue prime poesie.  Nel 1920, va a Roma per finire i suoi studi, ma essendo in condizioni economiche cattive, deve abbandonare per fare piccoli lavori di disegnatore e impiegato fino al 1926, data alla quale ottiene un posto di geometra al Ministero dei Lavori Pubblici a Reggio Calabria. Là si sposò e conobbe i fratelli comunista e anarchico Enzo e Bruno Misefari, che lo fanno entrare nel Fronte antifascista di Reggio. Scrive Vento a Tindari. Suo cognato, Elio Vittorini, lo fa venire a Firenze, dove incontra grandi intellettuali come Eugenio Montale e Alessandro Bonsanti  (1904-1984) che dirigeva allora la grande rivista Solaria che pubblica parecchie poesie di Quasimodo, allora sedotto dallo stile ermetico. La sua prima raccolta di versi pare nel 1930, Acque e terre, e fu subito notata. Nel 1931, è trasferito al Genio Civile d’Imperia poi di Genova dove incontra lo scrittore genovese Camillo Sbarbaro (1888-1967) e la rivista Circoli grazie alla quale pubblica Oboe sommerso nel 1932, che diventa un manifesto dell’ermetismo. A Imperia, comincia a convivere con una donna sposata, Amalia Spezzaletti, con la quale ha una figlia. Lavora poi a Cagliari, Milano e Sondrio. Nel 1936, abbandona i Lavori Pubblici e decide di vivere della sua penna, ottenendo la direzione del settimanale Tempo. Studia il latino e il greco e diventa finalmente professore di letteratura al Conservatorio de musica Giuseppe Verdi di Milano fino al 1968. Realizza traduzioni di lirici greci, d’Eschilo, di Sofocle, di Virgilio, di Shakespeare, di Molière, Catullo, Omero… Nel 1940, aveva cominciato a collaborare con un fascismo di sinistra a Primato. Lettere e arti d’Italia, rivista fondata da Giuseppe Bottai (1895-1959), Ministro dell’Educazione Nazionale. Ma nell’insieme restò antifascista, senza mai partecipare alla Resistenza. Dà la sua adesione al Partito Comunista Italiano nel 1945, e pubblica, dopo Odore di eucalyptus e altri versi nel 1942, Con il piede straniero sopra il cuore nel 1945, Giorno dopo giorno nel 1947, La vita non è sogno nel 1949, Il falso e il vero verde nel 1953, La terra impareggiabile nel 1958, che diventano modelli di poesia civile. Nel 1948, dopo la morte della prima moglie, si risposa con la ballerina Maria Cumani (1908-1995), dalla quale aveva avuto un figlio nel 1939 e diventa sua musa e collaboratrice. Ottiene parecchi Premi letterari e il Premio Nobel di Letteratura nel 1959. Muore a Napoli il 14 giugno 1968. L’alto veliero (1942) Alessandro Quasimodo est le fils de Salvatore et de Maria Cumani né en 1939 et devenu acteur, il est le «  fils  »  dont il est question dans cette poésie. Il a fait un commentaire éclairant de ce texte  : «  L’Alto veliero est la poésie la plus onirique de Salvatore, c’est un rêve. Le poète se trouve chez lui avec sa femme, et il imagine qu’une mer éclairée par la lune entoure la maison. À la lumière de la lune se détache un voilier, c’est tout un que de la voir et de désirer y être. Son premier instinct d’homme un peu pirate, un peu bohémien, serait en effet d’échapper de l’île de sa maison.Mais la femme aimée qui attend un enfant, lui répond qu’il est tard et qu’il vaut mieux qu’il attende que le voilier s’éloigne. Et ainsi, rappelé à la réalité par la voix «  marine de la femme, il abandonne l’idée du voilier qu’il continue à suivre du regard, signe d’un désir  et d’une inquiétude de l’âme qu’il ne parviendra jamais à dompter complètement  ». Maria Cumani  e Alessandro Alessandro e Salvatore. Alessandro Quasimodo è il figlio di Salvatore e di Maria Cumani, nato nel 1939 e diventato attore, è il «  figlio  » di cui si tratta inquesto testo. Ha fatto di questa poesia un commento iluminante  / «  L'alto veliero è la poesia più onirica di Salvatore, è un sogno. Il poeta si trova a casa con la sua sposa, ed immagina che un mare illuminato dalla luna circondi la casa. Alla luce della luna si staglia un veliero, vederlo e desiderare d'esserci è un tutt'uno. Il suo primo istinto di un uomo un pò pirata un pò zingaro, infatti, sarebbe quello di scappare dall'isola della sua casa.   Ma la donna amata che aspettava un figlio, gli risponde che è tardi, che è meglio che lasci che questo veliero si allontani. E così egli, richiamato alla realtà dalla voce "marina" della donna, abbandona l'idea del veliero che continua a seguire con lo sguardo, segno di un desiderio e di una inquietudine dell'anima che non riuscirà mai a domare completamente  ». L’alto veliero (Testo  : Salvatore Quasimodo Ed è subito sera, 1942 Musica  : Otello Profazio, Misericordia, 1972) Quando vennero uccelli a muovere foglie Quand les oiseaux vinrent agiter les feuilles degli alberi amari lungo la mia casa, des arbres amers le long de ma maison (erano ciechi volatili notturni (c’étaient d’aveugles oiseaux de nuit che foravano i nidi sulle scorze) qui creusaient leurs nids dans les écorces) io misi la fronte alla luna, je dressai mon front vers la lune e vidi un alto veliero. Et je vis un grand voilier. A ciglio dell'isola il mare era sale ; Au bord de l’île la mer était de sel  ;  s'era distesa la terra e antiche et s’était étendue la terre et d’anciennes conchiglie lucevano fitte ai macigni coquilles brillaient jusqu’aux rochers sulla rada di nani limoni. Sur la rade des citronniers nains. E dissi all'amata che in sé agitava un mio figlio, Et je dis à ma bien-aimée en qui s’agitait mon fils aveva per esso continuo il mare nell'anima                et qui avait toujours pour lui la mer dans l’âme «  Io sono stanco di tutte quest'ali che battono        «  Je suis fatigué de toutes ces ailes qui battent a tempo di remo, e delle civette                  sur un temps de rame, et des chouettes che fanno il lamento dei cani         qui imitent la plainte des chiens quando è vento di luna ai canneti. quand un vent de lune souffle sur les roseaux. Io voglio partire, voglio lasciare quest'isola  ».
 Je veux partir, je veux quitter cette île  ». Ed essa : «  O caro, è tardi : restiamo  ». Et elle  : «  Oh mon chéri, il est tard  : restons  ». Allora mi misi lentamente a contare Alors je me mis lentement à raconter i forti riflessi d'acqua marina les forts reflets d’eau de mer che l'aria mi portava sugli occhi        que l’air m’apportait dans les yeux dal volume dell'alto veliero.        depuis le volume du grand voilier. Il mio paese è l’Italia (1948) Nous sommes au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, et Quasimodo en rappelle les cruautés, les camps d’extermination et les fours crématoires, les milliers de prisonniers polonais de Kutno, les barbelés, la bataille de Stalingrad, les camps pour les civils et les prisonniers de guerre de Minsk. À toute cette cruauté, à tout ce mal, Quasimodo oppose la beauté du peuple italien, même quand il souffre et pleure ses morts. Mais il faut considérer l’importance des poètes qui permettent de ne perdre le souvenir ni de la méchanceté des hommes ni leurs qualités. Rappelons que l’Italie sort de la guerre, s’est débarrassée du fascisme et de la monarchie pour entrer dans une république qui laisse espérer un autre monde  ; Quasimodo avait adhéré au PCI, il n’y fut pas militant mais sympathisant, car il ne souhaitait pas non plus que son pays tombe dans le bloc soviétique, coupable d’horreurs lui aussi. Siamo all’indomani della Seconda Guerra Mondiale, e Quasimodo ne ricorda le crudeltà, i campi di sterminio ein forni crematori, le migliaia di prigionieri polacchi di Kutno, i reticolati, la battaglia di Stalingrad, i campi per i civili e per i prigionieri di guerra di Minsk… A tutta quella crudeltà, a tutto quel male, Quasimodo  oppone la bellezza del popolo italiano, anche quando soffre e piange i suoi morti. Ma bisogna considerare l’importanza dei poeti che permettono di non perdere il ricordo nè della cattiveria degli uomini nè delle loro qualità. Ricordiamo che l’Italia esce dalla guerra, ha eliminato il fascismo e la monarchia per entrare in una repubblica che lascia sperare un altro mondo. Quasimodo aveva dato la sua adesione al PCI, non vi fu militante ma simpatizzante, perché non augurava neanche che il suo paese cadesse nel blocco sovietico colpevole anche lui di orrori. Il mio paese è l’Italia Mon pays est l’Italie (Testo  : Salvatore Quasimodo La vita non è un sogno, 1948 Lecture  :  Sergio Carlacchiani ) Più i giorni s’allontanano dispersi         Plus les jours s’éloignent dispersés e più ritornano nel cuore dei poeti. Et plus ils reviennent dans le cœur des poètes. Là i campi di Polonia, la piana dì Kutno Là-bas les camps de Pologne, la plaine de Kutno con le colline di cadaveri che bruciano avec les collines de cadavres qui brûlent in nuvole di nafta, là i reticolati         dans des nuages de naphte, ici les barbelés per la quarantena d’Israele,         pour la quarantaine d’Israël, il sangue tra i rifiuti, l’esantema torrido,  le sang dans les ordures, l’exanthème torride, le catene di poveri già morti da gran tempo  les chaînes de pauvres déjà morts depuis longtemps e fulminati sulle fosse aperte dalle loro mani,  et foudroyés sur les fosses ouvertes par leurs mains, là Buchenwald, la mite selva di faggi,         là Buchenwald, le douce forêt de hêtres, i suoi forni maledetti ; là Stalingrado,         ses fours maudits  ; là Stalingrad, e Minsk sugli acquitrini e la neve putrefatta. Et Minsk sur les marécages et la neige putréfiée. I poeti non dimenticano. Oh la folla dei vili, Les poètes n’oublient pas. Oh la foule des lâches, dei vinti, dei perdonati dalla misericordia ! des vaincus, des pardonnés par la miséricorde  ! Tutto si travolge, ma i morti non si vendono. Tout se bouleverse, mais on ne vend pas les morts. Il mio paese è l’Italia, o nemico più straniero, Mon pays est l’Italie, oh ennemi le plus étranger, e io canto il suo popolo, e anche il pianto et je chante son peuple, et aussi les pleurs coperto dal rumore del suo mare, même couverts par le bruit de sa mer, il limpido lutto delle madri, canto la sua vita. Le deuil limpide des mères, je chante sa vie. S’ode ancora il mare (1947) Quasimodo vit maintenant à Bergame, et il a toujours été nostalgique des terres de son enfance, la Sicile, il se souvient du  murmure de la mer et du cri des oiseaux qui lui rappellent une autre voix, celle d’une femme aimée, dont il voudrait qu’elle se souvienne de lui comme il se souvient de sa terre. Notez les enjambements abondants. Aucune rime sauf entre le premier et le dernier vers, la voix est enfermée dans son esprit, pur souvenir, et la rime ferme la poésie. Quasimodo vive adesso a Bergamo  ; e sempre è stato nostalgico delle terre della sua infanzia, la Sicilia, si ricorda il mormorìo del mare e il verso degli uccelli che gli riportano alla mente un’altra vice, d’una donna amata,  di cui vorrebbe che si rammentasse di lui come lui si rammenta della sua terra. Notare gli enjambements abbondanti. Nessuna rima se non tra il primo e l’ultimo verso, la voce è «  chiusa  » nella sua mente, puro ricordo, e la rima chiude la poesia. S’ode ancora il mare (Testo  : Salvatore Quasimodo Giorno dopo giorno, 1947  ; Musica  : Silviero Pisu, op. cit.) Già da più notti s'ode ancora il mare,         Depuis déjà plusieurs nuits on entend la mer, lieve, su e giù, lungo le sabbie lisce. Légère dans son va-et-vient le long des sables lisses. Eco d'una voce chiusa nella mente Écho d’une voix enfermée dans mon esprit che risale dal tempo ; ed anche questo qui remonte le temps  ; et aussi cette lamento assiduo di gabbiani : forse plainte assidue des mouettes  : peut-être d'uccelli delle torri, che l'aprile         des oiseaux des tours, que le mois d’avril sospinge verso la pianura. Già                pousse vers la plaine. Déjà m'eri vicina tu con quella voce ;         tu étais proche de moi avec cette voix  ; ed io vorrei che pure a te venisse, et moi je voudrais qu’à toi aussi il vienne ora, di me un'eco di memoria,         maintenant un écho de moi dans ta mémoire come quel buio murmure di mare. Comme ce sombre murmure de mer. Sandro Penna (1906-1977) Sandro Penna est né à Perugia (Ombrie) le 12 juin 1906 dans une famille bourgeoise, avec un père ombrien et une mère du Latium qui abandonne son mari lorsque celui-ci rentre de la guerre atteint de syphilis, et part à Pesaro avec sa fille, laissant ses deux garçons avec leur père. En 1925, Sandro passe un diplôme de comptabilité, mais s’intéresse surtout à la poésie, lisant des auteurs italiens, Leopardi et D’Annunzio, français, Rimbaud, Baudelaire, Crevel , ou autres, Hölderlin, OscarWilde… Vers 1928, il commence à penser à écrire des poésies, lisant alors les auteurs contemporains, Montale, Saba, Ungaretti, Alvaro, Govoni, André Gide… Il expérimente alors ses premières aventures amoureuses homosexuelles, en particulier pour un jeune garçon pour lequel il part à Rome, ne supportant plus l’atmosphère  fermée de l’Ombrie et souhaitant aussi retrouver sa mère, qui s’est installée dans cette ville en 1922. Il rencontre alors les milieux littéraires  ; de 1937 à 1939, il est à Milan et fréquente aussi les milieux littéraires milanais, collaborant à diverses revues comme il Mondo, Corrente, il Frontespizio, Letteratura. Il produit des traductions de Claudel et Mérimée. En 1950, il publie Appunti, son second livre de poésies, suivi en 1956 de Una strana gioia di vivere et d’un recueil de ses poésies, Poesie, qui lui permet d’obtenir le Prix Viareggio, et en 1958 de Croce e delizia. Son père était mort en 1943, sa mère meurt en 1964, et le poète, qui est pauvre, va vivre dans sa maison. Un po’ di febbre sort un peu plus tard. Il reçoit pour Stranezze un nouveau prix en 1977, qu’il ne peut retirer à cause de mauvaises conditions de santé. Il meurt le 21 janvier 1977 dans une relative misère. Maison natale de Penna à Perugia. Pasolini parla de sa «  linea antinovecentista  », anti-XXe siècle.  ; Il manifeste en effet dans sa poésie un grand respect de la tradition de Pascoli, Saba et des poètes crépusculaires, sa langue est simple et claire, très narrative  ; parmi ses thèmes, l’enfance et l’amour homosexuel. Il a été soutenu par Pasolini, qui lui consacre plusieurs essais, mais dans l’ensemble marginalisé par le monde littéraire officiel pour son homosexualité. Il est maintenant l’objet de nombreux travaux critiques en Italie. Il est inquiétant que l’Anthologie de la poésie italienne bilingue, Bibliothèque de la Pléiade, Nrf, Gallimard, 1994, ne cite même pas le nom de Sandro Penna. Sandro Penna è nato a Perugia (Umbriaa) il 12 giugno 1906 in una famiglia borghese, con un padre umbro e una madre del Lazio che abbandona il marito quando questo torna dalla guerra colpito di sifilide, e parte con sua fuglia a Pesaro, lasciando i due ragazzi col padre. Nel 1925 Sandro passa un diploma di ragioneria, ma s’interessa soprattutto alla poesia, leggendo autori italiani, Leopardi, D’Annunzio, francesi, Rimbaud, Baudelaire, Crevel, e altri, Hölderlin, Oscar Wilde… Verso il 1928, comincia a pensare di scrivere poesie, leggendo allora diversi autori contemporanei, Montale, Saba, Ungaretti, Alvaro, Govoni, André Gide… Sperimenta allora le sue prime avventure amorose omosessuali, particolarmente con un giovanottp per il quale parte per Roma, non sopportando più l’atmosfera chiusa dell’Umbria e augurando anche di ritrovare sua madre, che si è stabilita in quella città nel 1922. Incontra allora gli ambienti letterari  ; dal 1937 al 1939, è a Milano e frequenta anche gli ambienti letterari milanesi, collaborando a diverse riviste come il Mondo, Corrente, il Frontespizio, Letteratura. Produce traduzioni di Claudel e Mérimée. Nel 1950, pubblica Appunti, il suo secondo libro di poesie seguito nel 1956 da Una strana gioia di vivere e da una raccolta delle sue poesie, Poesie, che gli permette di ottenere il Premio Viareggio, e nel 1958 di Croce e delizia. Sandro Penna et Pasolini. Suo padre era morto nel 1943, sua madre muore nel 1964, e il poeta, povero, va a vivere nella sua casa. Un po’ di febbre esce un po’più tardi. Per Stranezze  riceve nel 1977 un nuovo premio, che non può ritirare per le cattive condizioni di salute. Muore il 21 gennaio 1977 in una relativa miseria. Pasolini parla della sua «  linea antinovecentista  »  ; infatti, manifesta nella sua poesia un gran rispetto della tradizione, di Pascoli, Saba e dei poeti crepuscolari, la sua lingua è semplice, chiara, molto narrativa  ; tra i suoi temi prediletti, l’infanzia e l’amore omosessuale. È stato sostenuto da Pasolini, che gli dedica parecchi saggi, ma nell’insieme è emarginatgo dal mondo letterario ufficiale per la sua omosessualità. Adesso, è oggetto di numerosi lavori critici in Italia  ; C’è da preoccuparsi vedere che l’Antologia della poesia italiana bilingue Bibliothèque de la Pléiade, Nrf, Gallimard, 1994, non citi neanche il nome di Sandro Penna. Mi nasconda la notte e il dolce vento Trois strophes d’hendécasyllabes, la première et la troisième rimées selon le schéma ABA CDC. Penna condense ici deux motifs traditionnels, la contemplation de la nature et la projection de l’état d’esprit du poète dans cette nature  ; s’y ajoute le désir de solitude qu’a le poète, de s’exclure d’une société qui refuse sa différence («  di casa mia cacciato  »). Il va trouver refuge à Rome sur les rives du Tibre, pour échapper à la douleur que lui cause l’éloignement des hommes. Tre strofe d’endecasillabi, la prima e la terza rimate secondo lo schema ABA CDC. Penna condensa qui due motivi tradizionali, la contemplazione della natura e la proiezione dello stato d’animo del poeta in questa natura  ; vi si aggiunge il desiderio di solitudine del poeta, di escludersi da una società che rifiuta la sua differenza («  di casa mia cacciato  »). Troverà rifugio a Roma sulle rive del Tevere, per sfuggire al dolore causatogli dall’allontanamento degli uomini. Mi nasconda la notte e il dolce vento (Testo  : Sandro Penna Poesie 1927-1938  ; Musica  : Stefano Palladini e Nazario Gargano l’anima sarà semplice come’era… 2004) Mi nasconda la notte e il dolce vento.         Que me cachent la nuit et le vent doux. Da casa mia cacciato e a te venuto Je fus chassé de chez moi et suis venu à toi mio romantico amico fiume lento.         Fleuve lent, mon romantique ami. Guardo il cielo e le nuvole e le luci Je regarde le ciel, les nuages et les lumières degli uomini laggiù così lontani        des hommes là-bas, toujours aussi sempre da me. Ed io non so chi voglio loin de moi. Et moi je ne sais pas qui je veux amare ormai se non il mio dolore. aimer désormais sinon ma douleur. La luna si nasconde e poi riappare La lune se cache et puis réapparaît — lenta vicenda inutilmente mossa – lente vicissitude inutilement mise en mouvement sovra il mio capo stanco di guardare.        Au-dessus de ma tête fatiguée de regarder. L’orinatoio Texte de 1929 qui fit scandale, tellement que Montale, pourtant ami de Penna, le jugea impubliable. La gare est celle de Recanati, où Penna était allé se promener avec un ami, et la «  collina ardente  », qui remplace la «  collina rovente  » de la première version, est une claire allusion à Leopardi. Dans la fraîcheur de l’urinoir, il peut revivre dans la solitude les jouissances éprouvées avec le jeune garçon dans la lumière du soleil, où ils se sont couverts de poussière et de sueur. L’urinoir, ce lieu qui garde comme une «  odeur de merde sèche  », devient un lieu comme d’extase mystique, de transgression d’un monde adulte qui le repousse et qu’il méprise  ; alors il revient au temps de son enfance, avant que sa mère l’abandonne, il aime les jeunes garçons, ces êtres de mouvement, de naturel sauvage, pratique la pédérastie (à la façon de la Grèce ancienne) plutôt que l’homosexualité, il aime les gares, les salles d’attente, un lieu où passent les trains. Et tout cela est exprimé dans une langue moyenne, sans symbole difficile, très classique aussi dans la métrique utilisée, des hendécasyllabes. Le musicien n’enregistre pas ici tout le texte de l’orinatoio et reprend d’autres textes à partir de la seconde strophe. Deux mots légers dialoguent avec le poète, Amore e Gioventù, dans la dernière strophe Testo del  1929 che fece scandalo, tanto che Montale, pure amico di Penna, lo giudicò impubblicabile. La stazione è quella di Recanati, dove Penna era andato a fare una gita con un amico, e la «  collina ardente  », che sostituisce la «  collina rovente  » della prima edizione, è una chiara allusione a Leopardi. Nella freschezza dell’orinatoio, può rivivere nella solitudine i godomenti provati col ragazzino nella luce del sole, dove si sono coperti di polvere e di sudore. L’orinatoio, quel luogo che ha ancora un «  odore di merda secca  » diventa come un luogo di estasi mistica, di trasgressione da un mondo adulto che lo respinge e lui disprezza  ; torna allora al tempo della propria infanzia, prima che sua madre l’abbandoni, ama i ragazzini, quegli esseri di movimento, di naturale selvaggio, pratica la pederastia piottosto che l’omosessualità, ama le stazioni, le sale d’attesa, un luogo dove passano i treni. E tutto quello è espresso in una lingua media, senza simbolo difficile, molto classica anche nella sua metrica, gli endecasillabi. Il musicista non regostra qui tutto il testo dell’orinatoio e riprende altri testi dalls seconda strofa. Due parole leggere dialogano col poeta, Amore e Gioventù. L’orinatoio La pissotière (Testo  : Sandro Penna Musica  : Silviero Pisu, op. cit.) Nel fresco orinatoio alla stazione Dans la fraîche pissotière à la gare sono disceso alla collina ardente. Je suis descendu à la colline ardente. Sulla mia pelle polvere e sudore Sur ma peau poussière et sueur m’inebbriano. Negli occhi ancora canta m’enivrent. Dans mes yeux chante encore il sole. Anima e corpo ora abbandono le soleil. J’abandonne maintenant âme et corps fra la lucida bianca porcellana. (1929). Au milieu de l’éclat de la blanche porcelaine. Anonime stazioni, a un calmo treno Gares anonymes, à un train calme riemergeva il mio corpo addormentato émergeait à nouveau mon corps abandonné e il mondo…  all’albero         et le monde … à l’arbre e al calzone di questo soldato. Et au pantalon de ce soldat. Un fanciullo correva dietro un treno. Un enfant courait derrière un train. La vita - mi gridava - è senza freno. La vie – me criait-il – est sans frein. Salutavo, ridendo, con la mano Je saluais, en riant, avec la main e calmo trasalivo, indi lontano. Et je tressaillais calmement, puis lointainement Amore, gioventù, liete parole, Amour, jeunesse, joyeuses paroles, cosa splende su voi e vi dissecca ?         Qu’est-ce qui resplendit en vous et vous dessèche  ? Resta un odore come merda secca Il reste une odeur comme de merde sèche lungo le siepi cariche di sole. Le long des haies chargées de soleil. Il mio amore è furtivo (Testo  : Sandro Penna Musica  : Silviero Pisu Silviero Pisu canta i poeti d’oggi, 1965) Il mio amore è furtivo Mon amour est furtif come quello di un povero. Comme celui d’un pauvre. Ognuno può rubarlo. Chacun peut le voler. Ed io dovrò lasciarlo. Et je devrai le quitter.   Per ciò, fiume silente, C’est pour cela, fleuve silencieux, per ciò, mio dolce colle,        c’est pour cela, ma douce colline, io non posso chiamarlo        que je ne peux l’appeler amor semplicemente.        Simplement amour.   Ma tu, colle dorato, Mais toi, colline dorée, e tu, mio fiume molle,         et toi, mon doux fleuve, sapete che il mio amore vous savez que mon amour davvero è un grande amore. Est vraiment un grand amour.   Il pericolo odiato         Le danger haï per adesso non c’è ? n’est-il pas là maintenant  ? Ma voi sapete, amici, Mais vous savez, mes amis, che nel mio cuore è. Qu’il est dans mon cœur.   Piangere mi vedrete, Vous me verrez pleurer, o voi sempre felici,         vous toujours heureux, non come piango già, pas comme j’ai déjà pleuré, non di felicità.         Pas de bonheur.   Fuggono i giorni lieti, Les jours de joie s’enfuient, lieti di bella età.         Heureux de leur bel âge. Non fuggono i divieti Les interdictions n’échappent pas alla felicità.         Au bonheur. RETOUR A LA TABLE DES MATIERES     CHAPITRE 37 - Pier Paolo Pasolini et Eugenio Montale