Lombardia : La Lombardie - 1
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Lombardie, quelques éléments d'histoire A la différence de régions comme la Toscane, la Lombardie ne constitue une unité ni historique, ni géographique, ni économique, ni culturelle. Au Moyen-âge, la « Lombardie » embrassait un territoire beaucoup plus vaste (toute la Haute Italie de langue gallo-romaine et une partie de la Vénétie), lieu de passage des pèlerins et des marchands vers la Toscane et Rome ; floraison du roman lombard, la « Ligue lombarde » contre l'empire germanique.... Au contraire, dès le XIVe siècle, la « grande Lombardie » éclate en petites unités politiques (Duchés de Milan et de Mantoue...) et la partie Est de son territoire (jusqu'à Bergame) est conquise par la République de Venise. C'est alors que chaque ville devient un grand centre d'art et de culture, ayant son patrimoine propre. Le nom de « Lombardie » fait sa réapparition lorsqu'en 1713 le duché de Milan passe des Espagnols aux Autrichiens, cédant ses territoires occidentaux au Piémont et s'intégrant dans le domaine des Habsbourg (royaume lombard-vénitien). La Lombardie moderne est donc d'origine récente : le mouvement pour l'unité qui se développe à partir de 1815 (« Risorgimento ») et l'industrialisation massive autour du pôle unificateur de Milan. En-dehors de cette ville, il y a « des » lombardies : la Brianza (vallées au nord de Milan, Monza...), la région des lacs, les vallées préalpines, la Lomellina (Vigevano), l'Oltrepò pavese (Pavie), les plaines de Lodi, Crémone, Mantoue, chacune ayant ses caractères propres marqués par la géographie et l'histoire, chacune ayant ses traditions et son patrimoine artistique (cf Carte). 1) Première humanisation de l'espace : premier peuplement avec la révolution néolithique, au IVe millénaire, jusqu'à l'âge du fer entre le IIe et le Ier millénaire. Des groupes humains organisent les paysages agraires, les villages, les itinéraires commerciaux, les structures politiques et culturelles (cf pierres gravées du Parc National des gravures rupestres de Naquane au nord de Brescia, dans la Valcamonica : silhouettes animales et humaines, signes symboliques). Le néolithique (âge de pierre) est la période caractérisée par la connaissance de l’agriculture, l’élevage du bétail et la fabrication de la céramique qui permettra la datation des civilisations. Le destin d’une région est déterminé en grande partie par des facteurs géographiques. Le système des affluents du Po, coupant les montagnes, en relation avec les cols des Alpes permit la communication entre la plaine du Po et l’Europe dès la plus ancienne antiquité, tandis que la Ligurie se trouva beaucoup plus isolée par la structure des Apennins. La plaine du Po fut donc une zone de fusion entre les civilisations continentales et celles de la Méditerranée. La civilisation de Lagozza, près de Varese, arrive probablement de la haute vallée du Rhône (vers 2500 av. J.C.). La civilisation guerrière de  Remedello (2500-1800 av. J.C.) fut le centre le plus actif des premières civilisations métallurgiques (haches de pierre puis de cuivre), dans la région de Brescia riche en métaux. La civilisation de Polada, au sud- ouest du lac de Garde, est la forme la plus ancienne et la plus avancée de l’âge du Bronze, de –1800 à –1450. venue sans doute de l’Europe centrale.2 Entre IXe et IVe s. av.J.C. (premier âge du fer) apparaît la civilisation de Golasecca vers Somma Lombardo, au sud du Lac Majeur, liée à ce qu’on appelle la civilisation de Hallstatt en Autriche, caractérisée surtout par de nouvelles techniques de dressage des chevaux à usage guerrier et par la maîtrise de la métallurgie du fer : lieu de passage le long du Ticino, mines de fer proches, bois abondants. Urnes funéraires biconiques et ovoïdes décorées (on pratique l’incinération), vaisselle, chars, armes, ornements personnels. C'est ici que l'on trouve aussi les premières traces d'invasion celtique (culture de « La Tène », VIIe-VIe s. av.J.C. : restes de chars à deux roues trouvés dans 2 tombes de guerriers) puis, à partir du IVe s., d'une installation stable des tribus celtes (Insubres : bracelets dans des tombes féminines, fondation de Milan avec les Etrusques ; Cénomans, Orobes) attirées par les richesses et la fertilité du pays : figues, huile, vin... et par le commerce d'étain, d'ambre et de sel avec les Etrusques (Cf Pline, Histoires naturelles , XII, 5 ; Tite Live, Histoire romaine , V, 34). Naissent alors les premières implantations urbaines : Milan, Côme, Bergame, Brescia, Mantoue (Cf. Carte extraite de : I Celti , Bompiani, 1991, p. 221). La présence des Étrusques permit l’enrichissement de la civilisation de Golasecca : c’est alors que se développe le centre de Côme (tombe du char de la Ca’ Morta : voir ci-dessus le char de parade à 4 roues du Ve s. av. J.C.) 2) La conquête romaine : à partir de 268 av. J.C., les Romains arrivent dans la plaine du Po (fondation de Rimini comme base d'opération), déstructurant et réorganisant la société tribale des Insubres et des Cénomans. Les Romains développent l'agriculture (centuriation : division des terres en lots attribués à d'anciens légionnaires) et pratiquent une grande politique d'urbanisation et de travaux publics (routes, ponts) : les villes et les routes d'aujourd'hui coïncident avec celles d'il y a 2000 ans. La longue période de paix qui va d'Auguste à 160 apr. J.C. permet un profond développement économique (agriculture) et culturel : Littérature : Virgile (né à Andes, près de Mantoue, 71- 19 av.J.C.) décrit dans ses Géorgiques un monde rural typique de cette région ; Catulle (87-55 av.J.C.), originaire de Vérone, séjourne à Sirmione qu'il chante dans ses poésies lyriques ; les deux Pline sont originaires de Côme, et Pline le Jeune (62-113) décrit sa villa sur le lac de Côme dans une de ses lettres. Architecture : Forum de Brescia ; tissu urbain et restes de murs de Côme ; villas de Ghisalba, près de Bergame, et des bords du lac de Garde (Sirmione, Desenzano). À la différence du reste de l’Italie, les populations du Nord étaient d’origine extra italique, des Gaulois qui résistèrent plus longtemps à la pénétration romaine. En 386 av. J.C., Rome était tombée sous la pression des Senoni, parfois alliés aux tyrans de Syracuse qui tentaient de freiner l ‘avancée romaine et qui ne disparurent qu’à partir de 340 av.J.C., ce qui permit à Rome de s’emparer définitivement de l’Italie centrale et méridionale et de se retourner vers le Nord. Les Étrusques y avaient déjà perdu du terrain face à l’invasion des Gaulois et durent se soumettre à eux surtout à partir du moment où Rome conquit l’Étrurie ; on trouve des inscriptions étrusques dans le Nord et des traces de magistrats étrusques surtout à Mantoue (Virgile, Publius Vergilius Maro, – nom des édiles étrusques –, en est un exemple). La conquête fut lente : Milan et Acerra en 222-221 av. J.C., Piacenza en 218 av. J.C. La Gaule Cisalpine fut évacuée un certain temps après la défaite de Cannes (Italie du Sud) face aux Carthaginois en 216 av.J.C. Mais la riposte romaine fut rapide, et Rome intégra les populations du Nord, en particulier par une politique d’alliance avec les anciennes classes dirigeantes féodales des tribus gauloises et en fondant des colonies occupées par d’anciens légionnaires ou citoyens romains. La richesse et la prospérité de la région y attira de nombreux immigrants venus d’Italie centrale, qui fournirent au Ier s. av. J.C., de nombreux intellectuels, Cornelius Nepos (Pavie), le philosophe épicurien Titus Catius, le poète Catulle ou l’historien Tite Live. Mais ce n’est qu’après la guerre sociale de la fin du IIe s. que Rome fut vraiment maîtresse de la Gaule Cisalpine ; c’est César qui accorda la citoyenneté à tous les habitants de la Cisalpine, mécontentant les anciennes classes dirigeantes mais permettant la formation d’une classe d’hommes nouveaux qui furent nombreux dans la haute bureaucratie romaine. La fin de l'Empire marque la militarisation de la plaine du Po et la valorisation de Milan comme capitale politique (résidence de l'un des empereurs, Maximien) de l'Empire d'Occident sous Dioclétien (vers 300) et centre de communication avec les frontières du Rhin et du Danube. Milan devient aussi un centre religieux à partir duquel se fait la christianisation de la région : en 373, Ambroise, haut fonctionnaire romain, est acclamé évêque de la ville par le peuple milanais et assure en même temps que sa charge ecclésiale une partie du pouvoir civil. Augustin est présent à Milan. 3) Le haut Moyen âge, les invasions barbares : En 404, l’empereur Honorius (384-423) transfère le siège de l'Empire de Milan à Ravenne ; en 537, les Goths détruisent Milan et massacrent les habitants ; en septembre 569, Alboin, roi des Longobards (venus de la région située au sud du Danube), occupe la plaine du Pô et entre dans Milan : c'est le début du royaume longobard qui réduit « Cardo Massimo » de Luni près de Carrare, 177 av. J.C. 4 les possessions byzantines à l'exarchat de Ravenne et aux îles (Corse,Sardaigne et Sicile) tandis que naît la nouvelle ville de Venise. Il fixe sa capitale à Pavie. L’Italie byzantine avait pourtant triomphé, intégré les Goths et adopté le Code juridique Justinien. Le royaume lombard s'étend bientôt sur tout le nord de l'Italie, la Ligurie, une partie importante de la Toscane et va presque jusqu'au Tibre. Les Longobards donnent son nom à la région mais assurent, à travers le christianisme auquel ils se convertissent, le lien avec la culture romaine. L’Italie lombarde (568-774) C'est une période de grand bouleversement : cette arrivée des Longobards, connus depuis Tacite comme un peuple guerrier « féroce », ouvre une période nouvelle et dramatique dans l’histoire d’Italie dont l’unité était brisée et dont l’ancienne classe dirigeante romaine était éliminée et massacrée ; de plus, depuis 543, l’Italie est ravagée par des épidémies de peste « noire » (bubonique) venue d’Égypte, qui a réduit presque de moitié la population (de 8 à 9 millions au IIIe s. à 4 ou 5 millions au début du VIIIe s.) ; c’est une nouvelle aristocratie militaire qui s’impose par les armes et détruit le vieil équilibre économique : les infrastructures agricoles et les bonifications se dégradent et les marais se reforment ; on perd parfois même le souvenir du tracé des routes ; les ponts, les aqueducs, les murs des villes s'écroulent, des quartiers entiers sont abandonnés, les familles les plus riches se réfugient dans les campagnes. La nouvelle société médiévale naît de et sur ces ruines. C'est avec les restes des édifices romains, dont on ne comprend souvent plus la signification et l'identité, que les Lombards reconstruisent peu à peu des villes ; dans les plaines comme dans les montagnes, les forêts, qui se sont développées aux dépens des zones cultivées, se repeuplent de cerfs, de chevreuils... et de loups ; les sangliers abondent ; une économie renaît à partir de là : dans la société longobarde, le gardien de porcs devient une figure centrale, et la valeur économique des bois est évaluée en fonction du nombre de porcs qu'ils peuvent nourrir (Cf ci-contre : porcher qui secoue un chêne pour nourrir de glands ses porcs. Vérone, San Zeno, XIIe s.). La rupture fut d’autant plus violente au début de l’invasion des Longobards que leur conversion au christianisme avait adopté la forme de l’arianisme (la doctrine du prêtre Arius qui, au IVe s. avait nié le dogme, essentiel au catholicisme, de la Trinité en affirmant que le Fils n’était pas de même nature que le Père). Et Rome restait isolée entre deux terres longobardes, reliée à l’Exarchat par la dangereuse via Tiburiana de Ravenne à Rome (Cf. Carte ci-dessus). L’Église de Rome reste pourtant la plus puissante par son immense patrimoine foncier, en Gaulle, Dalmatie, Italie, les îles, l’Afrique. Sa rivalité accentuée avec Byzance (crise iconoclaste lancée par l’empereur Léon III) la pousse à être un pôle moteur de l’opposition à l’empire byzantin. Le roi Alboin fut tué en 572 par sa femme Rosmunda, qui vengeait ainsi la mort de son père qu’Alboin avait tué et dont il avait assimilé les forces vitales, selon les rites lombards, en buvant dans son crâne (Costantino Nigra a montré que la chanson Donna Lombarda évoquait l’histoire de Rosmunda. Cf Canti popolari del Piemonte, Vol I, pp. 3-34). Après lui, l’État lombard se centralisa et s’organisa autour d’un pouvoir royal qui élimina peu à peu les ducs rebelles et recueillit la totalité des impôts des terres conquises. Le roi Agilulf réussit à établir une relative collaboration avec les Francs d’un côté et l’Église catholique de l’autre, modifiant aussi peu à peu la mentalité traditionnelle des Lombards : la reine Teodolinda traite avec le pape Grégoire le Grand et se rapproche de la croyance catholique. Les évêques sont à nouveau protégés, de nouveaux centres fortifiés apparaissent, et les monastères et abbayes s'appliquent à déboiser et a bonifier les marais, devenant de grands propriétaires fonciers :Agilulf fonde lemonastère de Bobbio et le confie à Colomban, le prestigieux moine fondateur de Luxeuil en France. En 643, le roi Rothari fait adopter un édit de 388 chapitres qui donne une loi cohérente au royaume longobard ; et par le concile de 698, l’Italie lombarde redevint intégralement catholique, tandis que les possessions byzantines se réduisaient d’autant plus qu’apparaissait la pression des Arabes qui affaiblissait considérablement Byzance. Tradition d'orfèvrerie lombarde qui intègre les influences byzantines de Ravenne : Trésor de la Basilique de Monza fondée par Théodolinde en 595 (Evangéliaire réutilisant des camées romains, couronne de Théodolinde, reine des Longobards de 600 à 625, croix d'Agilulf, quatrième roi des Lombards mort en 600, qui les convertit au catholicisme et soumit presque toute l'Italie), croix processionnelle du dernier roi lombard Didier (756-774) au Musée de Brescia. Architecture : Basilique de S. Salvatore à Brescia (fondée par le roi Didier en 753) avec réutilisation de colonnes et chapiteaux romains ; restes des fortifications lombardes de Castelséprio (Basilique paléochrétienne de S.Giovanni et église de S.Maria Foris Portas, fresques du VIIe-VIIIe s. : voir ci-dessus le Voyage à Bethléem) Présence des « Maestri comàcini », école de sculpteurs, architectes, maçons, tailleurs de pierres (< Côme ? ou  qui utilisaient des « machine »?) qui ouvrent la voie à l'architecture  protoromane et se distinguent de la tradition byzantine ravennate. En 754, Le roi Astolphe occupe l'Exarchat de Ravenne et descend vers Rome. Le Pape Etienne II fait appel à Pépin le Bref qui est vainqueur et donne l'Exarchat et Pentapolis (à peu près les Marches d'aujourd'hui) au Pape : c'est le début des Etats temporels du Pape. Le roi Didier (756- 774) marche à nouveau sur Rome. Le Pape invoque l'aide de Charlemagne qui l'emporte sur Adelchi, fils de Didier (cf. la tragédie de Manzoni : Adelchi ) à Vérone. La conquête carolingienne met fin au royaume longobard en 774 (capture du roi Didier par Charlemagne après une période d'alliance : Charlemagne avait épousé Ermenengarde, fille de Didier). Charlemagne est couronné roi d'Italie et « Rex Longobardorum » à Monza et maintient Pavie comme capitale du "Regnum italicum", continuant ainsi la tradition lombarde et intégrant toujours plus cette région à l'héritage romain (Saint Empire Romain). 4) La domination carolingienne Les Longobards avaient imposé une domination étrangère, mais elle s’était italianisée, limitée à une partie du territoire italien, sans parvenir à éliminer totalement la présence maritime de Byzance. Au contraire, la domination franque inséra l’Italie dans un système impérial qui lui était extérieur (son épicentre est au-delà des Alpes) et qui n’avait de « romain » que le nom. Bien que leur présence n’ait duré qu’un peu plus d’un siècle, les Francs furent à l’origine de deux changements importants : la création des états temporels de l’Église et la mise en place d’un régime féodal. L’alliance franco-pontificale s’amorce par le rapprochement de Grégoire XIII et Charles Martel, après sa victoire de Poitiers sur les Sarrasins en 732, mais prend forme avec son fils Pépin le Bref qui avait acquis la dignité royale contre les rois « fainéants » mérovingiens, grâce à l’appui du pape Zacharie qui lui permit d’être élu et consacré roi en 751 contre le roi légitime Childéric III. Le pape Étienne II fait donc appel à lui, dont la victoire sur les Longobards marqua le remplacement des deux pouvoirs, grec et longobard, par deux autres pouvoirs, celui « interne » des papes et celui « externe » des Francs, dans une nouvelle synthèse germano-romaine. Pépin et ses fils furent consacrés « patriciens romains » par  le pape, en échange de la « donation » des anciennes terres byzantines ; c’est l’origine des états du pape. Charlemagne, fils de Pépin, confirme la victoire sur les Longobards et la donation au pape. Après la capitulation de Pavie en 774, il laisse en place l’administration longobarde, mais prend le titre de « roi des Lombards » qu’il ajoute à celui de « roi des Francs ». Il transforme les duchés en comtés, crée des « marches » aux frontières, étend à l’Italie les lois franques, organise le «vasselage» qui est étendu aux biens ecclésiastiques, faisant des évêques des seigneurs féodaux qui s’affirment à côté des fonctionnaires laïques de l’empire. En 780-1, il fait oindre son second fils Pépin « roi d’Italie », constituant l’Italie en partie intégrante du vaste royaume franc. Le moment le plus spectaculaire de la domination franque fut le couronnement de Charlemagne comme « empereur », en remplacement du « basileus » byzantin, en Noël 800 dans la basilique de S. Pierre de Rome par le pape Léon III. Ainsi, contre la volonté de Charlemagne qui prétendait tenir son pouvoir impérial de Dieu, ce pouvoir impérial apparut comme dépendant de l’intervention pontificale et du couronnement à Rome par le pape. En même temps, étant « patricien romain », l’empereur apparaît comme protecteur du pape, affirmant la présence franque dans les états pontificaux : dès la constitution romaine de 824, le pape élu devait jurer fidélité à l’empereur avant sa consécration, la liturgie comprend une prière pour l’empereur, les monnaies impériales sont battues à Rome et la monnaie carolingienne en argent remplace la monnaie en or des Byzantins. Ainsi se renforcent et le pouvoir pontifical et le pouvoir impérial; un faux, composé par la chancellerie romaine énumère des concessions que l’empereur Constantin aurait faites au pape, lui accordant des prérogatives appartenant à l’empereur, et les papes frappent des monnaies à leur image, et appellent leur résidence «Palatium lateranense », sur le modèle du « Palais » impérial. Quant à Charlemagne, il se concevait comme celui qui «gouvernait l’empire romain » pour la plus grande diffusion de la religion chrétienne. L’empire romain se renouvelle donc, repassant d’Orient en Occident ; les empereurs romains deviennent les prédécesseurs des Carolingiens, et le droit romain est restauré. Par ailleurs, l’empire byzantin reconnaîtra Charlemagne comme « empereur » en 812, moyennant la restitution de Venise et de la Dalmatie, mais jamais comme « empereur romain » : l’empire est désormais divisé en deux, de façon radicale. Qu’est-ce qu’un « fief » en cette période ? Il repose sur trois principes : a) le « bénéfice », c’est-à- dire la concession (en usage précaire , pas en propriété) d’une terre, d’un office, d’un droit, etc. b) ce qui est nouveau, c’est que celui qui reçoit le bénéfice devient « vassal », fidèle à celui qui le lui donne, et il s’engage à combattre avec lui ses ennemis ; le vassal entre en possession du fief par le biais d’une « investiture » donnée par un objet qui symbolisait le bénéfice (sceptre, épée, etc.) ; c) le vassal était doté de « l’immunité » par laquelle l’État renonçait au profit du bénéficiaire à ses droits , fiscaux, juridictionnels et autres. À ce niveau les choses sont claires et on se trouve dans un système pyramidal dont le roi ou l’empereur constitue le sommet. Mais les choses se compliquent lorsque le vassal partage en partie son fief entre ses fidèles, créant des « vavasseurs » qui pourront peu à peu revendiquer aussi une immunité, exercer leur justice, selon les coutumes locales plus que selon un droit féodal dicté du sommet par l’empereur. On aura donc en Italie des formes diverses de féodalité, fondées soit sur la pratique longobarde (qui considère le bénéfice comme divisible entre les héritiers, d’où la fragmentation, dans l’Italie centrale et septentrionale), soit sur la pratique franque (pour qui le patrimoine est indivisible et transmissible au seul aîné, comme en Sicile et en Italie méridionale). Cela fut la source d’une anarchie féodale, où les grands feudataires tendront à préférer leur autonomie plutôt que la soumission à un roi centralisateur ; il en fut de même des églises et monastères, qui avaient obtenu toutes sortes de juridictions aux dépens du pouvoir des comtes, ce qui transforme de fait les évêques et les abbés en véritables seigneurs féodaux. Cela va créer des conflits entre tous ces détenteurs de pouvoir, entre eux et le pouvoir central, et permettra, en particulier dans le Centre et le Nord, une évolution rapide vers la Commune. Le pouvoir carolingien s'effondre en 888, quand meurt le dernier carolingien, Charles III le Gros, qui laisse place libre aux « rois nationaux » nommés par Charlemagne : Berengario, marquis du Frioul, devient roi d'Italie, bientôt éliminé et remplacé par l'empereur et roi d'Italie Guido da Spoleto qui institue la Marche de Lombardie (Milan, Côme, Pavie, Seprio, Bergame, Crémone, Brescia, Mantoue, Plaisance, Parme, Reggio, Modène). C’en est fini de l’unité de l’empire divisé entre France, Allemagne et Italie, et de l’unité de l’Italie. En 961, l'empereur Otton 1er, ayant vaincu Berengario II, unit la Couronne d'Italie au Saint Empire Romain et investit les évêques de pouvoirs politiques en les insérant comme évêques-comtes dans le système féodal. Les fondations de monastères et abbayes bénédictines et cisterciennes se multiplient ; les incursions hongroises renforcent le phénomène de la construction de châteaux forts, centres de défense militaire, de pouvoir politique, de centre économique et de centre culturel car son aisance permet au seigneur de réunir des bouffons, des artistes, des peintres, des musiciens, des hommes de lettres, des artisans; autour du château se réorganise la région, réduisant les paysans au statut de « laboratores » sans aucun droit de pâturage, de chasse et de pêche dans les espaces forestiers (réserves de chasse des seigneurs). La population recommence à se développer et les villes à croître (Pavie, Milan). La reprise économique se manifeste peu à peu entre le IXe et le Xe s., les campagnes s’urbanisent, la croissance des besoins augmente les échanges, le commerce, le besoin de monnaie. Mais les villes restent encore bien en deçà des grandes métropoles du monde islamique, et les techniques financières bien moins évoluées. 5) L'apparition des Communes En effet, cette situation aboutit au Xe s. à la transformation des paroisses de campagne en fiefs confiés à des laïcs, les « capitani » (titulaires d'un fief « in capite ») qui remettent les petites localités aux « valvassori », vavasseurs, ce qui accroît le pouvoir des évêques qui gouvernent la ville et les territoires qui l'entourent. Au début du XIe s., les petits nobles (vavasseurs) appuyés par l'empereur Conrad le Salique se révoltent contre les « capitaines » alliés à l'archevêque Ariberto d'Intimiano et revendiquent que leur fief devienne héréditaire. L'évêque et les nobles soulèvent le « peuple » contre l'empereur, suscitant un patriotisme anti- allemand qui contraint l'empereur à lever le siège de Milan en 1026. Le « peuple », ce sont les citoyens enrichis par le commerce, détenteurs de biens mobiliers (argent, crédits), qui veulent bientôt participer au pouvoir contre les nobles, possesseurs surtout de biens immobiliers. Une révolution populaire chasse les nobles de Milan (1045) et, profitant de la lutte entre la Papauté et l'Empire (Grégoire VII et Henri IV d'Allemagne), les « bourgeois » instaurent peu à peu la ville en « Commune libre » de plus en plus indépendante d'un empire désormais affaibli. Dès 1097 existe à Milan un 9 « consulatus civium », première expression institutionnelle de la future Commune. Les «cives» (c'est-à-dire les bourgeois) se mettent d'accord avec les nobles pour former la Commune et les trois classes des « capitaines », des « vavasseurs » et des « cives » se donnent une représentation commune appelée à la romaine des « consuls », sans que cela diminue le pouvoir de l'archevêque dont le palais («brolo») sert de premier siège des institutions communales. Les communes ne sont donc pas composées que de « bourgeois » ; la commune représente une grande diversité de composantes (nobles, rentiers, boutiquiers, notaires, artisans, paysans, etc.), et il y a donc plusieurs types de communes. La seule ville italienne qui ne soit pas « paysanne » est en fait Venise ; ailleurs la majeure partie du produit brut est d’origine agricole. Et la quantité de villes qui se formèrent en commune représenta de 15 à 20% d’une population de 5 millions en l’an Mille, 6 millions en 1100, 8,5 millions en 1200 et 11 millions en 1300. Toutes les communes eurent la caractéristique d’être « démocratiques », c’est-à-dire gérées par leurs habitants ; mais beaucoup eurent dans leur population de fortes infiltrations féodales ; même quand le ville détruisait un château, c’était pour obliger le noble à venir habiter dans son palais intérieur à la ville, et les contrats qui commandaient le fonctionnement de la ville étaient souvent le prolongement de contrats féodaux. En réalité la féodalité ne fut abolie que par l’arrivée de la Révolution Française de 1789 ; les « abus » de droit féodal, comme par exemple la « fruitio primae noctis » (jouissance de la première nuit, que la jeune mariée passait avec son seigneur), durèrent longtemps , et les grands propriétaires fonciers pratiquant un droit féodal restèrent puissants, dominant le monde des paysans; cela permet de mieux expliquer les conflits internes des communes et leur évolution rapide vers une nouvelle forme de seigneurie, où la « villa » prend la place du « château » : le modèle pour la grande bourgeoisie des villes italiennes resta celui de l’ancienne vie féodale. Jusqu’au XVIIIe s., l’Italie reste marquée par l’existence des fiefs et du système féodal. Il reste que le « modèle » communal représenté par les villes italiennes, surtout du Centre et du Nord, fut quelque chose de réel et unique dans l’Europe d’alors, à part dans quelques villes flamandes. Les villes du Sud virent leur régime communal étouffé par l’installation de la monarchie normande puis du centralisme de Frédéric II, qui élimine la participation des bourgeoisies locales. L’Italie du Centre et du Nord est le « pays des villes » pour des siècles ; mais le marché de la ville devient un pôle de la vie économique, et l’Italie est aussi le « pays des marchands- banquiers », nouvelle classe sociale à l’origine d’une nouvelle culture. Dans cette évolution qui conduit de la féodalité aux communes libres, ce qui caractérise dès le début l'agriculture lombarde, c'est sa nature capitaliste : les abbayes bénédictines et cisterciennes investissent dans la terre les capitaux venus des legs et des aumônes ; plus tard ce furent les Communes qui favorisèrent par leurs investissements les grands travaux de canalisation (les « navigli » de Milan) puis la construction de grandes fermes (les « cascine ») transformées par la suite en villas et lieux de loisir et de plaisir. Architecture : explosion du style roman lombard où se mêlent les influences carolingiennes, ottoniennes et byzantines, la culture irlandaise introduite par les  bénédictins, les modèles venus d'Emilie (Wiligelmo de Modène) et de Côme. La Lombardie se couvre d'églises et de clochers romans, de Pavie à Côme  (S.Abbondio, S.Fedele, Basilica S. Vincenzo à Galliano), à Bergame (S.Maria Maggiore). A Milan, reconstruction de la Basilique S.Ambrogio. (Ci-dessous: la  basilique de S. Vincenzo à Galliano, le baptistère de S. Tomè ; dans la basilique, Ariberto d’Intimiano offre le modèle de l’église, 1007) 
« Cardo Massimo » de Luni près de Carrare, 177 av. J.C.
Art paléochrétien : à Milan et à Côme (S.Eufemia, S.Fedele, baptistère de S.Giovanni in Atrio).
Croix d’Agilulf, or, pierres précieuses et perles (fin VIe-début VIIe s.)
Charlemagne- Statue IXe s.
Les Francs en Italie (774-888)
San Colombano al Lambro – Porte du château (XIIe s.)
Le royaume d’Italie sous les monarques féodaux (888-981).
Milan – le »biscione », vipère avalant un enfant (ou un sarrasin), symbole auquel se référaient les troupes communales milanaises à partir de1100 … et qui sera utilisé comme symbole par Alfa Romeo
Ville médiévale - Fresque anonyme XIVe s.- Lentate sul Seveso (Milano).
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