Poésie en musique - chapitre 25
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Chapitre 25 La poésie et la musique populaire de Vénétie Comme Naples, la Vénétie eut de nombreux théâtres et plusieurs conservatoires  ; et il y eut une rupture culturelle entre classe dominante et classes populaires moins importante que dans d’autres villes  : ils avaient aussi la même langue, le vénitien, pendant longtemps langue officielle de la République. Venise n’était pas une ville qui continuait une ancienne ville romaine ou grecque, elle fut une création des premiers siècle du Moyen-Âge, et elle se développa dès le début avec cette langue commune à tous les habitants. Encore au XVIIIe siècle, les ambassadeurs vénitiens à l’étranger écrivaient en vénitien leurs rapports au Sénat de la République. La poésie populaire existe donc dès les premiers temps, mais on pourrait, comme à Naples, parler plutôt de poésie «  popolaresca  », écrite avec beaucoup de raffinement linguistique par des auteurs aujourd’hui anonymes. Le sujet des textes vénitiens est généralement l’amour, mais exprimé de façon spécifique, d’une part lié à l’histoire de la ville, comme La guerriera, dont le mari est parti en Orient pour la Croisade  ; d’autre part, à la différence de la chanson napolitaine, c’est un amour heureux, léger, source de plaisir et non de douleur, sinon celle de la séparation produite par les guerres permanentes. Pavana veneta La chanson vénitienne et vénète évoque aussi tous les aspects de la vie quotidienne, les métiers, les petits trafics locaux, les histoires d’amour, les fêtes, le carnaval, les épidémies de peste, les grands événement et les grandes victoires sur les Turcs ou sur les ennemis du Nord de l’Italie. C’est pour cela qu’elle reste très vivante encore aujourd’hui, et qu’elle est reprise par de nombreux cantastorie et cantautori populaires (Voir sur ce site le chapitre 5, La chanson en Vénétie, de notre livre, Le pouvoir du chant, petit tour en chanson des régions d’Italie, de 1968 à 2018). Écoutons d’abord une chanson très populaire qui évoque le marchand qui trafique dans toute la lagune, Povero Barba Checo (Pauvre Père François), il raconte d’abord l’histoire d’un homme trouvé mort, mais qui n’est pas enterré pour ne pas troubler les fêtes de Carnaval, puis il décrit ses itinéraires. La poesia e la musica popolare nel Veneto Come Napoli il Veneto ebbe numerosi teatri e parecchi conservatori, e ci fu una rottura culturale tra classe dominante e classi popolari meno importante che in altre città : avevano in comune la stessa lingua, il veneziano, che fu per molto tempo la lingua ufficiale della Repubblica. Venezia non era una città che continuava un’antica città romana o greca, fu una creazione dei primi secoli del Medio-Evo, e cresce dall’inizio con quella sua lingua comune a tutti gli abitanti. Ancora nel Settecento gli ambasciatori veneziani all’estero scrivevano le lore relazioni al Senato della Repubblica in veneziano. La poesia popolare esiste dunque dall’inizio, ma si potrebbe come a Napoli parlare piuttosto di poesia «  popolaresca  », scritta con molta raffinatezza linguistica da autori oggi anonimi. L’argomento dei testi veneziani è generalmente l’amore, ma espresso in modo specifico, da una parte legato alla storia della città, comme La guerriera il cui marito è partito in Oriente per la Crociata ; da un’ altra parte, a differenza dalla canzone napoletana, è un amore felice, leggero, fonte di piacere e non di dolore, se non quello della separazione prodotta dalle guerre permanenti. Il Bucintoro - Matrimonio col mare La canzone veneziana e veneta evoca anche tutti gli aspetti della vita quotidiana, i mestieri, i piccoli traffici locali, le storie d’amore, le feste, il carnevale, le epidemie di peste, i grandi eventi come le grandi vittorie sui Turchi o sui nemici del Nord-Italia. Per questo rimane molto viva ancora oggi, e ripresa dai cantastorie e da molti cantautori popolari. Sentiamo prima una canzone popolarissima che evoca il venditore che traficca in tutta la laguna, Povero Barba Checo (Povero Zio Francesco), racconta prima la storia d’un uomo trovato morto ma che non viene sepolto per non disturbare le feste di Carnevale, poi descrive i suoi itinerari. Povero Barba Checo                 Pauvre Père François (Zio Francesco) (Alberto D’Amico,  Aneme, 1986) Povero Barba Checo Pauvre père François A xe cascà in canale il est tombé dans le canal Par no saver nuare parce qu’il ne savait pas nager A s’à negao         il s’est noyé Mi l’ò recuperao       Je l’ai récupéré mi l'ò messo qua drento        je l’ai mis là-dedans par daerghe del bon tempo     pour donner du bon temps al Carnevale.               au Carnaval. No l'à volesto stare Il n’a pas voulu rester l'à volesto 'ndare via il a voulu s’en aller e si a se perdarà         et s’il se perd sarà so dano. Ce sera à ses risques et périls. A rivedersi un altr'ano Au revoir, à une autre année tenive a mente questo Retenez ceci doman ve dirò resto Demain je vous dirai le reste e resto in pase. Et je reste au village. Mi gò dela fugasse J’ai des fougasses de quele de Malghera de celles de Marghera ho caminao par tera J’ai marché sur la terre ferme fin a Fusina.        Jusqu’à Fusina ( = vers le Nord, premier morceau de terre ferme) Dal trasto a la santina Du haut jusqu’en bas de la barque un batelin da sciopo un bateau de chasse andeva de galopo         allait au galop a la Zueca.         à la Giudecca Ho caminà la seca        J’ai marché dans les bas-fonds tuta la pescaria        sur toute la pêcherie ho dà la popa indrio j’ai dressé la proue vers l’arrière ai do Castel.        Jusqu’aux Deux Châteaux ( = St André et St Nicolas sur le Lido) Ho visto l'orto dei Abrer J’ai vu le Jardin des Juifs ( = le cimetière juif sur le Lido) con tute le Viniole         et toute l’île de Vignole da le Viniole indrio et de Vignole vers l’arrière me so reduto. Je suis revenu. Ho caminà par tuto J’ai marché partout indove che i feva le scuele là où on faisait l’école ziogando la spineta en jouant de l’épinette le done bele.         Pour les belles femmes. Écoutons ensuite La chanson des métiers, une dure critique des commerçants locaux, sous la forme d’une «  villotta  » populaire vénète, le boucher qui vend de la viande de cheval pour du veau, le pharmacien qui vend des remèdes mortels, l’avocat qui donne toujours raison à celui qui a le plus d’argent, le cordonnier qui met du carton à la place du cuir, le barbier qui te coupe la peau  ; l’hôtelier qui met de l’eau dans le vin  : Ascoltiamo poi La canzone dei mestieri, una dura critica dei commercianti locali, sotto la forma delle «  villotte  » popolari venete, il macellaio che vende carne di cavallo per vitello, il farmacista che vende medicine mortali, l’avocat che dà sempre ragione a chi ha più denaro, il calzolaio che mette cartone al posto del cuio, il barbiere che ti taglia la pelle, l’oste che mette acqua nel suo vino  : La canzone dei mestieri                     La chanson des métiers (Michela Brugnera, Torototela, Canti popolari veneti, 1979) Alberto: chitarra. chitarra 12, percussioni; Loris: basso . mandollno, percussioni; Francesco: flauto; Michela: voce I becheri che vende la carne Les bouchers qui vendent la viande i dise' compare ciapè 'sto bocon'         disent  : Mon ami, prenez de cette bouchée i ghe dise «  l'è vaca e cavalo  » ils disent que c’est du bœuf et du cheval e par vedelo i lo fa passar         et ils le  font passer pour du veau. Rit. O che passion che bel afar         Refrain  : Oh quelle passion, quelle belle affaire e par vedelo i lo fa passar.                                           Et ils le font passer pour du veau. I spizieri che fa medicina Les pharmaciens qui vendent des remèdes i xe la rovina de tanti malà sont la ruine de beaucoup de malades i ghe ordina un bon siropo ils leur ordonnent un bon sirop ghe se infie el corpo e no i può più mais leurs corps enflent et ils n’en peuvent plus Rit. O che passion che bel afar          Refrain  : Oh quelle passion, quelle belle affaire ghe se infie el corpo e no i può più.                   mais leurs corps enflent et ils n’en peuvent plus Anca queli che fa i avocati et ceux qui font les avocats i va in cerca de le quistion vont à la recherche de belles querelles i magna e beve su le spale dei mati ils mangent et boivent sur le dos des fous e chi ga bezzi ga sempre razon et celui qui a des sous a toujours raison. Rit. O che passion che bel afar     Refrain  : Oh quelle passion, quelle belle affaire e chi ga bezzi ga sempre rason.                      celui qui a des sous a toujours raison. I calegheri fa scarpe e stivali Les savetiers qui font des souliers et des bottes no i vale credelo restar imbrogiai ne veulent pas, croyez-moi, être escroqués intanto al curame i fa un bel bocon Ils se font une belle bouchée du cuir e drento ale siole i ghe snacca el carton et dans les semelles ils mettent du carton Rit. O che passion che bel afar             Refrain  : Oh quelle passion, quelle belle affaire e drento ale siole i ghe sgnacca el carton.                      dans les semelles ils mettent du carton I barbieri la barba desfando Les coiffeurs en te faisant la barbe i va dando na bela imbrogià te font une belle escroquerie el fero no tagia, i saoni cativi le rasoir ne coupe pas, les savons sont mauvais i scortega vivi senza pietà ils t’écorchent vifs sans pitié. Rit. O che passion che bel afar             Refrain  : Oh quelle passion, quelle belle affaire i scortega vivi senza pietà                              ils t’écorchent vifs sans pitié. Ghe xe i osti che invece del vin Il y a des hôteliers qui à la place du vin de quel soprafin bevanda i ghe dà de qualité supérieure, mettent de l’eau dedans bevilo bevilo senza passion bois-le,bois-le sans passion a otanta al litro che xe de quel bon à quatre-vingts le litre, c’est du bon. Rit. O che passion che bel afar       Refrain  : Oh quelle passion, quelle belle affaire a otanta al litro che xe de quel bon.                        à quatre-vingts le litre, c’est du bon. Simplement, le soir, les paysans et les artisans urbains se racontent de vieilles histoires ou des légendes qui se transmettent depuis des années ou des siècles, comme La fille du paysan, dont il existe de nombreuses versions  : ainsi se passe la soirée. Michela Brugnera a recueilli une version du début du XIXe siècle, quand les italiens partaient dans les armées de Napoléon, mais c’est probablement la reprise actualisée qu’une version plus ancienne qui se référait à d’autres guerres  : Semplicemente, la sera, i contadini e gli artigiani urbani si raccontano vecchie storie o leggende che si trasmettono da anni o secoli, come La fia del paesan, di cui esistono numerose versioni  ; così passa la serata. Michela Brugnera ha raccolto una versione dell’inizio dell’Ottocento, quando gli Italiani partivano negli eserciti di Napoleone, ma è probabilment la ripresa attualizzata di una versione più antica che si riferiva ad altre guerre  : La fia del paesan       La fille du paysan (Anonimo, registrata da Michela Brugnera, Torototela, Canti popolari veneti, 1979) La fia del paesan         La fille du paysan è sempre stat la più bella a toujours été la plus belle e l’à s’è fato remirar et elle s’est fait regarder e dai tre soldati armati par les trois soldats armés. El più bel dei lori tre Et le plus beau des trois Se l’è clapeda e menada via. l’a prise et emmenée. E l’à portata via lontan         Il l’a emmenée loin I’ una prisione più fonda e scura. dans une prison profonde et obscure. E la xe stada sete a’ Et elle est restée là sept ans Senza vedere nè sol nè luna. sans voir ni le soleil ni la lune. E ma in cao dei sete a’ Mais au bout de sept ans E l’à s’à fato una finestrella. elle s’est fait une petite fenêtre. E la alza i ochi al ciel et elle lève les yeux au ciel E no la vede nissuno. et elle ne voit personne. E la sbassa i ochi al mar et ell abaisse les yeux vers la mer E la vede il suo buon padre et elle voit son bon père. «  O papà, caro papà             «  Oh papa mon cher papa che cossa dice la gente in Francia  ?  » que disent les gens en France  ?  » «  Tuti dice mal di te, Tous disent du mal de toi, perché sei stata figlia rubata  ». parce que tu as été une fille enlevée  ». «  O no, no figlia rubà,             «  Non, pas une fille enlevée, che io son donna maritata  ».                car je suis une femme mariée  ». «  Indove xe lo to marì  ?  » «  Où est ton mari  ?  » «  Il mio marito l’è andà a la guera  »      «  Mon mari est allé à la guerre  ». «  E in che guera xelo andà  ?  »  «  Et dans quelle guerre est-il allé  ?  » «  Ek xe andà a la guera de Napolione  »  «  Il est allé à la guerre de Napoléon  ». La guerre est un sujet souvent évoqué dans ces poésies, parce que c’est la réalité quotidienne des populations de la Vénétie, comme de beaucoup d’autres régions d’Italie. Beaucoup de poésies-chansons parlent de la guerre contre les Turcs, des victoires comme Lepanto (Calicanto, Venexia, 1997), ou cette chanson, La guerrière, qui est un mélange de chanson d’amour et d’évocation de la guerre  : La guerra è un argomento spesso evocato in quelle poesie, perchè è la realtà quotidiana delle popolazioni del Veneto come di molte altre regioni d’Italia. Molte poesie-canzoni parlano della guerra contro i Turchi, delle vittorie come Lepanto (Calicanto, Venexia, 1997), o quella canzone, La guerriera, che è un misto di canzone d’amore e di evocazione della guerra  : LA GUERRIERA                     La guerrière (Int.  : Michela Brugnera, Canti popolari veneti Dischi dello Zodiaco, 1979 Alberto : chitarra; Loris : chitarra ; Michela : Voce.) No no pianger mio Bepino Non ne pleure pas, mon petit Beppe piangi forse pa 'ndar melitar peut-être pleures-tu parce que tu pars à l’armée no no pianger mio Bepino Non ne pleure pas, mon petit Beppe che ala guera te toca andar. parce qu’il te faut aller à la guerre. E mi taglio i miei biondi capelli Je vais couper mes cheveux blonds e me vesto da melitar et m’habiller en militaire e mi monto sul cavalo et je monte sur mon cheval che ala guera me toca 'ndar. puisqu’à la guerre il me faut aller. Co' so stada in cima al monte, Quand je suis arrivé en haut de la montagne un tenente mi fermò un lieutenant m’a arrêtée « ma voi siete una donzella « mais êtes-vous une donzelle, o l'amante de un melitar ?» ou la maîtresse d’un militaire  ? » « No non sono una donzella «  Non, je ne suis pas une donzelle nè l'amante de un.melitar ni la maîtresse d’un militaire mi so un povaro coscritto je suis un pauvre conscrit che ala guera me toca 'ndar ». qui à la guerre s’en doit aller ». Noi faremo una fontana Nous ferons une fontaine 'na fontana in mezo al mar une fontaine au milieu de la mer e se la sarà 'na dona et si elle est une femme la se lavarà le man. là elle se lavera les mains. I soldai che va ala guera Les soldats qui vont à la guerre no i se lava mai le man ne se lavent jamais les mains ma soltanto qualche volta mais seulement quelquefois co el sangue dei cristiano. avec  le sang des chrétiens. Noi faremo un bel giardino Nous ferons un beau jardin un giardino de rose e fior un jardin de roses et de fleurs e se la sarà 'na dona et si elle est une femme la se seglierà el miglior. elle choisira la plus belle I soldai che va ala guera Les soldats qui vont à la guerre no i racoglie mai dei fior ne cueillent pas de fleurs ma soltantola baioneta  seulement la baïonnette par combater l'imperator. pour combattre l’empereur. E so mama sula porta Et sa maman est sur la porte so papà gera al balcon son papa était au balcon che i spetava la so figlia qui attendait sa fille comandante de un bataglion. commandant d’un bataillon. Verginella gero prima Jeune fille j’étais avant verginella io son ancor je suis encore jeune fille Mi go fato sete ani de guerra J’ai fait sept ans de guerre sempre al fianco del mio primo amor. toujours à côté de mon premier amour. Une autre réalité afflige les Vénitiens, la peste. La poésie chantée par le Canzoniere popolar veneto dans El miracolo roverso  (1975), compare un épisode historique (1630) de peste apportée par l’ambassadeur de Mantoue qui provoqua 80.000 morts dans le peuple vénitien, avec la pollution du port de Venise dans les années 1970. Mais à Venise, la poésie reste légère, et malgré la mort qui s’approche, on doit vivre sans mélancolie, comme on vit déjà sans huile et sans sel  : Un’altra realtà afflige i Veneziani, la peste. La poesia cantata dal Canzoniere Popolare Veneto in El miracolo roverso (1975), paragona un episodio storico (1630) di peste portata dall’ambasciatore di Mantova  che provocò 80.000 morti nel popolo veneziano, con l’inquinamento del porto di Venezia negli anni 1970. Ma a Venezia, la poesia resta leggera, e malgrado la morte che si avvicina, si deve viver senza malinconia come si vive già senza olio e senza sale  : LAMENTI          Lamentations Canzoniere Popolare Veneto, El miracolo roverso Cetra Folk, lpp 276, 1975) I va digando che la morte viene Ils sont en train de dire que la mort arrive e che la porta via tute le bele et qu’elle emporte toutes les belles filles mi che so' bela cossa mai farogio Moi qui suis belle, qu’est-ce que je vais faire ? le mie belesse a chi ghe le darogio À qui vais-je donner mes beautés ? Le tue belesse a nissuno le vuoi dare Tes beautés tu ne veux les donner à personne perché soto la tera le vuoi portare parce que tu veux les emporter sous la terre ma soto tera no' se porta le belesse         mais sous la terre on n’emporte pas ses beautés se porta li rosari de le messe         on emporte les rosaires des messes. Voria morire e no' voria la morte Je voudrais mourir et je ne voudrais pas la mort voria sentir chi piansaria più forte je voudrais entendre qui pleurera le plus fort voria sentir li preti a cantare je voudrais entendre chanter les prêtres sentir voria el mio ben a sospirare je voudrais entendre mon amour soupirer. Sia maledeta la cativa sorte Que soit maudit le mauvais sort tuti i pianeti a mi me core drio         toutes les planètes me courent après me core drio el male de la morte         le mal de la mort me court après sia maledeta la cativa sorte.         que soit maudit le mauvais sort. So' nata al mondo e bisogna che se more Je suis née au monde et il faut que l’on meure questo xe un passo che tuti ha da fare nous avons tous à faire ce pas la xe 'na lege che dura in eterno c’est une loi qui dure éternellement chi no' more d'istà more d'inverno Qui ne meurt pas en été meurt en hiver. Vogio cantar e stare alegramente    Je veux chanter et vivre dans la joie Vada in malora la malinconia    Que disparaisse la mélancolie in casa no' go sal e gnanca ogio         Je n’ai chez moi ni sel ni huile gnanca malinconia no' ghe ne vogio.    je ne veux pas non plus de mélancolie. Pietro Longhi, Portrait de Marina Querini Benzon Et finissons par une poésie chantée par un grand poète vénitien. Le texte et de 1788, du poète Anton Maria Lamberti (1757-1832), la musique est du bergamasque Simone Mayr (1763-1846). Cette barcarole fut et elle est encor très populaire. Elle fut écrite pour la très vive Marina Querini Benzon (1757-1839), la patricienne aux yeux bleus, au teint blanc comme le lait, aux cheveux blonds comme l’or, aimée (dans ses années de maturité) par Byron, louée aussi par Stendhal, pour sa brillante conversation, et qui eut des mœurs très libres. Elle quitta la terre dans sa Vénétie dans un âge avancé, monstrueusement grosse (elle aimait trop la polenta, qu’elle cachait entre ses seins pour pouvoir en grignoter en permanence) et réconciliée avec le Ciel. Madame Benzon, irritée par cette barcarole, répliqua par une autre poésie- chanson en dialecte vénitien (Cf. Venezia nel canto dei suoi poeti, scelti e illustrati da Raffaele Barbiera, Treves, 1925, pp. 118-123)  : E finiamo con una poesia cantata di un gran poeta popolare veneziano. Il testo è del 1788, del poeta Anton Maria Lamberti (1757-1832), la musica è del bergamasco Simone Mayr (1763-1846), le maître de Donizzeti. Questa barcarola fu ed è tuttora assai popolare. Fu scritta per la vivacissima Marina Querini Benzon (1757-1839), la patrizia dagli occhi azzurri, dalla carnagione bianca come il latte, dai capelli biondi come l'oro, amata (nei suoi maturi anni), dal Byron, lodata anche dallo Stendhal, per la sua briosa conversazione, e che ebbe costumi molto liberi. Lasciò la terra nella sua Venezia in tarda età, mostruosamente grassa (le piaceva troppo la polenta, che nascondeva trai suoi seni per poterla mangiucchiare in permanenza) e riconciliata col Cielo. La Benzon, adirata da quella barcarola, replicò con un’altra poesia-canzone in dialetto. LA BIONDINA IN  GONDOLETA. (Voix et piano  : Élisabeth Renault) La biondina in gondoleta L'altra sera go menà: Dal piaçer, la povareta La s'ha in bota indormenzà. (si è addormentata subito) La dormiva su sto brazzo; Mi ogni tanto la svegiava, Ma la barca che ninava  (si cullava) La tornava a indormenzar. Fra le nuvole, la luna Gera in çielo mezza sconta :  (nascosta) Gera in calma la laguna, Gera el vento bonazzà. Una sola bavesela   (brezzolina) Sventolava i so' caveli, E façeva che dai veli Sconto el sen no fusse più. Contemplando fisso fisso Le fatezze del mio ben, Quel viseto cussì slisso,  (così liscio) Quela boca e quel bel sen; Me sentiva drento in pèto Una smania, un missiamento,  (rimescolìo) Una spezie de contento Che no so come spiegar. So stà un pezzo rispetando Quel bel sen, e ho soportà, Benchè Amor de quando in quando El m'avesse assae tentà. E ho provà a butarme zozo (a riposarmi) Là con ela a pian pianin; (pian piano accanto a lei) Ma col fogo da vicin Chi avaria da riposar ? Nho stufà po', finalmente, De sto tanto so' dormir, E go fato da insolente, Nè m'ho avudo da pentir; Perchè, oh Dio, che belo cosse Che go dito, che go fato  !. No, mai più tanto beato Ai mii zorni no son stà. C’était aussi pour le peuple une occasion de se moquer des mœurs souvent trop libres des aristocrates vénitiens, et des patriciennes. La chanson de Lamberti devint célèbre, Théophile Gautier raconte comment il l’a entendu chanter durant un voyage en gondole. Era anche per il popolo un’occasione di prendere in giro i costumi spesso troppo liberi degli aristocrati veneziani, e delle patrizie.La canzone di Lamberti diventò celebre, Théophile Gautier racconta come l’ha sentita cantare durante un viaggio in gondola. - RETOUR A LA TABLE DES MATIERES                  CHAPITRE 26 - La poésie et la chanson populaire romaine, Giuseppe Gioachino Belli
La blondinette en gondolette l'autre soir j'ai mené : de plaisir la pauvrette s'est endormie aussitôt. de temps en temps je la réveillais, mais la barque qui se balançait l'endormait à nouveau. Parmi les nuages la lune était à moitié cachée dans le ciel ; la lagune était calme, le vent était paisible. Seule une petite brise agitait ses cheveux et faisait que par ses voiles son sein n'était plus couvert. En contemplant fixement les formes de ma belle, ce visage si lisse, cette bouche et ce beau sein, je sentais dans ma poitrine un désir, un trouble, une sorte de contentement que je ne sais comment expliquer. Pendant un moment j'ai respecté ce beau sein et j'ai supporté, bien que l'Amour de temps en temps m'ait beaucoup tenté. Et j'ai essayé de me reposer là tout doucement à côté d'elle ; mais avec le feu  si proche, qui aurait pu se reposer ? Je me suis finalement lassé de tant de sommeil, et j'ai fait l'insolent et je n'ai pas eu à m'en repentir. Car, oh Dieu, que de belles choses j'ai dites et j'ai faites!... et de toute ma vie, je n'ai jamais été aussi heureux.