Poésie en musique - chapitre 6
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Chapitre 6 Dante et la Divine Comédie, l’épisode d’Ugolino della Gherardesca Le comte Hugolin (1210-1289) était né à Pise dan la famille longobarde de la Gherardesca, liée aux Hohenstaufen, grâce auxquels il possédait des terres dans la République de Pise. Il défendait les intérêts des Gibelins favorables à l’empereur, bien accepté par Pise qui appuyait historiquement l’empire contre la papauté. Puis par un lien d’amitié avec la branche pisane des Visconti, il passa à la faction guelfe  : une de ses filles avait même épousé Giovanni Visconti, juge en Gallura en Sardaigne, et de 1256 à1258, Ugolino combattit au côté des Visconti contre le Judicat de Cagliari. Il obtint ainsi des terres en Sardaigne et il facilita la construction de la ville minière de Villa di Chiesa, à côté d’Iglesias. Entre 1271 et 1274, il lutta contre le podestat impérial qui le fit arrêter en 1275 et exiler. Il se libéra peu après grâce à l’aide de Charles d’Anjou, et il alla vivre dans le château de Siliqua, dans la Sardaigne méridionale. En 1284, il fut nommé commandant de la flotte de Pise et obtint plusieurs victoires dans la guerre contre Gênes pour le contrôle de la mer Tyrrhénienne et de la Sardaigne. Pise fut finalement vaincue dans la bataille navale de la Meloria en août 1284, après laquelle la ville perdit de son influence. Avant la victoire génoise, seul Ugolino se sauva avec ses navires, et il fut accusé de lâcheté et de trahison. Malgré cela, il fut nommé podestat de Pise en 1284 et Capitaine du Peuple en 1286, en même temps que son neveu Nino, fils de Giovanni Visconti. Dante avait 21 ans. Gustave Doré, Ugolino dévorant la tête de l’archevêque Ruggieri, 1885 C’était pour Pise une période difficile  : profitant de sa défaite navale, Florence et Lucques, ville guelfes, attaquèrent Pise, ville gibeline mais qui avait paradoxalement un chef devenu guelfe, en contact plus facile avec ses ennemis. Ugolino demandait quatre châteaux essentiels à la défense stratégique de Pise, mais il céda et signa la paix. Il dut aussi traiter avec Gênes qui demandait le château de Cagliari, mais acceptait de ne pas libérer les chefs gibelins pisans emprisonnés à Gênes et destinés à l’esclavage. Ces traités donnèrent satisfaction à tout le monde, mais pas aux Pisans qui commencèrent à considérer Ugolino comme un véritable traître militaire et politique, et un homme avide de richesse et de pouvoir. Peu après, Ugolino s’imposa comme seul podestat, contre son neveu, il se fit nommer Seigneur de Pise et se rapprocha de la majorité gibeline, établissant de bons rapports avec l’archevêque Ruggieri degli Ubaldini, chef des partisans de l’empire. Il reçut une délégation génoise qui acceptait de ne pas reprendre le château de Cagliari en échange d’une forte somme d’argent et d’abaisser le montant de la rançon des prisonniers gibelins. Mais Ugolino ne voulait pas revoir à Pise ces partisans des Gibelins avides de vengeance, et l’accord ne se fit pas, tandis que Pise commençait à agresser les navires de commerce génois de la mer Tyrrhénienne, avec l’aide des corsaires sardes. Finalement il fit quelques concessions aux Gibelins en faisant rentrer à Pise quelques exilés gibelins, les Gualandi, les Sismondi et les Lanfranchi, et en signant une trêve avec l’archevêque Ruggieri degli Ubaldini. Mais Pise souffrait d’un grave manque de vivres, et Ugolino commit l’erreur de faire assassiner un neveu de l’archevêque le 1er juillet 1288. Il fut alors attaqué par les milices de plusieurs familles gibelines, les Sismondi, les Orlandi, les Gualandi, les Ripafratta … et il fut trahi par l’archevêque. Capturé avec ses enfants et ses petits-enfants, il fut enfermé dans la Tour de la Muda (appelée ensuite Tour de la faim, où auparavant on enfermait les faucons pendant leur muda = leur mue). On ferma la tour et on jeta la clé dans l’Arno, les laissant tous mourir de faim. Seuls quelques enfants d’Ugolino purent se sauver, grâce à un subterfuge, Ugolino avait revêtu quelques-uns de ses serviteurs d’habits luxueux et ses enfants de vêtements de serviteurs. Dante connaissait parfaitement ces événements contemporains et il condamne Ugolino parmi les traîtres à la patrie, dans l’Antenora, la seconde zone du 9e cercle de l’Enfer, dans les eaux glacées du Cocyte où il dévore la tête de l’archevêque Ruggieri. Le vers 75 est interprété de deux façons  : 1) Tous moururent de faim («  il digiuno  »), 2) Avant de mourir, Ugolino se repaît du corps de ses fils morts. La seconde interprétation fut la plus suivie, et Ugolino devint le comte cannibale, comme dans les sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) et d’Auguste Rodin (1840-1917). Au contraire, les études les plus récentes (2002) et les analyses des os du cadavre montrent qu’Ugolino n’avait pas mangé de viande dans les semaines qui avaient précédé sa mort et n’avait donc pas pratiqué le moindre cannibalisme. Mais en 2008, la Surintendance aux Archives de Toscane a déclaré que les os examinés ne pouvaient pas être ceux d’Ugolino  … Le texte de Dante nous laisse dans l’incertitude avec un grand art. On peut comprendre la force de la poésie dantesque en imaginant aujourd’hui un poète qui choisirait comme personnages d’un au-delà moderne des hommes comme Trump, Erdogan, Assad, Poutine, Chirac, Macron, Mélanchon, Giuseppe Conte, Berlusconi, Salvini… Un auteur moderne a essayé avec quelques chants de l’Enfer (Tommaso Cerno, Inferno, la commedia del potere, Rizzoli, 2013)  : l’entrée de l’Enfer est sous le palais de Montecitorio (la Chambre des Députés), et nous rencontrons Giulio Andreotti, Arnaldo Forlani, Francesco Cossiga, Gianfranco Fini, Umberto Bossi, Mario Monti, Silvio Berlusconi et d’autres personnages de la Seconde République). L’episodio storico di Ugolino della Gherardesca. Il conte Ugolino (1210-1289) era nato a Pisa dalla famiglia longobarda della Gherardesca, legata agli Hohenstaufen, grazie ai quali possedeva terre nella Repubblica di Pisa. Difendeva  le posizioni dei ghibellini favorevoli all’imperatore, ben accettato da Pisa che storicament appoggiava l’impero contro il papato. Poi, per un legame d‘amicizia col ramo pisano della famiglia dei Visconti, passò alla fazione guelfa ; una sua figlia aveva anche sposato Giovanni Visconti, giudice di Gallura in Sardegna, e dal 1256 al 1258, Ugolino combattè  a lato dei Visconti contre il Giudicato di Cagliari. Ottenne così anche delle terre in Sardegna e favorì la costruzione della città mineraria di Villa di Chiesa, vicino ad Iglesias. Tra il 1271 e il 1274, lottò contro il podestà imperiale, che lo fece arrestare nel 1275 ed esiliare. Si liberò un po’ dopo grazie all’aiuto di Carlo d’Angiò, e andò a vivere nel castello di Siliqua, nella Sardegna meridionale. Nel1284, fu nominato comandante della flotta di Pisa e ottenne parecchie vittorie nella guerra contro Genova per il controllo del mar Tirreno e della Sardegna. Pisa fu finalmente sconfitta nella battaglia navale della Meloria nell’agosto 1284 dopo la quale perse influenza. Prima della vittoria genovese, solo Ugolino si salvò con le sue navi, e fu accusato di vigliaccheria e di tradimento. Malgrado questo fu nominato podestà di Pisa nel 1284 e Capitano del Popolo nel 1286, assieme a suo nipote Nino, figlio di Giovanni Visconti. Dante aveva 21 anni. Era per Pisa un’epoca difficile : approfittando della sua sconfitta navale, Firenze e Lucca, città guelfe, attaccarono Pisa, città ghibellina ma che aveva paradossalmente un capo diventato guelfo, di contatto più facile con i suoi nemici. Ugolino trattò prima con Firenze e ottenne la pace grazie alla corruzione di alcuni capi fiorentini. Fu più difficile con Lucca che chiedeva quattro castelli essenziali alla difesa strategica di Pisa, ma Ugolino cedette e firmò la pace. Ugolino dovette anche trattare con Genova che chiedeva il castello di Cagliari ma accettava di non liberare i capi ghibellini pisani imprigionati a Genova e destinati alla schiavitù. Quelle trattative soddisfecero tutti, ma non i Pisani che cominciarono a considerare Ugolino come un vero traditore militare e politico, e un uomo avido di ricchezze e di potere. Poco dopo, Ugolino si impose come solo podestà, contro suo nipote, si fece nominare Signore di Pisa e si riavvicinò alla maggioranza ghibellina, stabilendo buoni rapporti con l’arcivescovo Ruggieri degli Ubaldini, capo dei partigiani dell’impero. Ricevette una delegazione genovese che accettava di non riprendere il castello di Cagliari in cambio di una forte somma di denaro e di abbassare il riscatto dei prigionieri ghibellini. Ma Ugolino non voleva rivedere a Pisa quei partigiani dei ghibellini avidi di vendetta, e l’accordo non si fece, mentre Pisa cominciò ad aggredire le navi di commercio genovesi del Tirreno, coll’aiuto dei corsari sardi. Finalment fece alcune consessioni ai ghibellini facendo rientrare a Pisa alcuni esiliati ghibellini, i Gualandi, i Sismondo e i Lanfranchi, e firmando una tregua con l’arcivescovo Ruggieri degli Ubaldini. Auguste Rodin, Le comte Ugolino et ses fils, Musée d’Orsay, 1881. Ma Pisa soffriva di una grave mancanza di viveri, e Ugolino commise l’errore di far assassinare un nipote dell’arcivescovo il 1° luglio 1288. Fu allora attaccato dalle milizie di parecchie famiglie ghibelline, i Sismondi, gli Orlandi, i Gualandi, i Ripafratta… e fu tradito dall’arcivescovo. Catturato con i figli e i nipotini, fu rinchiuso nella Torre della Muda (chiamata poi Torre della fame, dove prima si chiudevano i falconi durante la loro muda = la mue). Si chiuse la Torre e si gettò la chiave nell’Arno, lasciandoli tutti morire di fame. Soltanto alcuni figli di Ugolino si salvarono, grazie a un sotterfugio, Ugolino aveva vestito alcuni suoi servi di abiti lussuosi e i figli di abiti di servi.πPπ J.B. Carpeaux, Hugolin et ses fils 1862, Petit Palais. Dante conosceva perfettamente quegli eventi contemporanei, e condanna Ugolino tra i traditori alla patria, nell’Antenora, la seconda zona del nono cerchio dell’Inferno, nelle acque ghiacciate del Cocito dove divora la testa dell’arcivescovo Ruggieri. Il verso 75 è interpretato in due modi : 1) tutti morirono di fame (« il digiuno »), 2) prima di morire, Ugolino si ciba del corpo dei figli. La seconda interpretazione fu la più seguita e Ugolini diventò il conte cannibale, come nelle sculture di Carpeaux e di Rodin. Invece gli studi più recenti (2002) e le analisi delle ossa del cadavere mostrano che Ugolino non aveva mangiato carne nelle settimane precedenti alla morte e non aveva dunque praticato il minimo cannibalismo. Ma nel 2008, la Soprintendenza ai Beni archivistici della Toscana ha dichiarato che le ossa esaminate non potevano essere quelle di Ugolino … Il testo di Dante ci lascia nell’incertezza con grande arte. Si può capire la forza della poesia dantesca immaginando oggi un poeta che sceglierebbe come personaggi di un al-di-là moderno degli uomini come Trump, Erdogan, Assad, Poutine, Chirac,  Macron, Mélanchon, Giuseppe Conte, Berlusconi, ecc. Un autore moderno ha provato per alcuni canti dell’Inferno (Cf. Tommaso Cerno, Inferno, la Commedia del potere, Rizzoli, 2013) : l’entrata dell’Inferno è sotto il Palazzo di Montecitorio (Camera dei Deputati), e incontriamo Andreotti, Fanfani, Forlani, Cossiga, Fini, Bossi, Monti, Berlusconi e altri uomini politici della Seconda Repubblica. Dante, Inferno 33, episodio di Ugolino della Gherardesca, vv. 37-78 Quando fui desto innanzi la dimane pianger senti’ fra il sonno i miei figliuoli ch’eran con meco e dimandar del pane. Ben se’ crudel, se tu già non ti duoli pensando ciò ch’il mio cor s’annunziava ! e se non piangi, di che pianger suoli ? Già eran desti, e l’ora s’appressava
 che ’l cibo ne solea essere addotto,
 e per suo sogno ciascun dubitava; 

    ed io senti’ chiavar l’uscio di sotto 
a l’orribile torre ; ond’io guardai
 nel viso a’ mie’ figliuoi sanza far motto. 

  Io non piangea, sì dentro impetrai :
 piangevan elli ; e Anselmuccio mio
 disse : « Tu guardi sì, padre! che hai ? ». 

   Perciò non lagrimai né rispos’io
 tutto quel giorno né la notte appresso,
 infin che l’altro sol nel mondo uscìo. 

  Come un poco di raggio si fu messo
 nel doloroso carcere, e io scorsi
 per quattro visi il mio aspetto stesso, 

  ambo le man per lo dolor mi morsi ;
 ed ei, pensando ch’io ’l fessi per voglia
 di manicar, di sùbito levorsi 

  e disser : « Padre, assai ci fia men doglia
 se tu mangi di noi : tu ne vestisti
 queste misere carni, e tu le spoglia ! ».

 Queta’ mi allor per non farli più tristi ;
 lo dì e l’altro stemmo tutti muti ;
 ahi dura terra, perché non t’apristi ? 
  
  Poscia che fummo al quarto dì venuti,
 Gaddo mi si gittò disteso a’ piedi,
 dicendo : « Padre mio, ché non m’aiuti ? ». 

   Quivi morì ; e come tu mi vedi,
 vid’io cascar li tre ad uno ad uno
 tra ’l quinto dì e ’l sesto ; ond’io mi diedi, 

    già cieco, a brancolar sovra ciascuno,
 e due dì li chiamai, poi che fur morti.
 Poscia, più che 'l dolor, poté 'l digiuno ». 

    Quand’ebbe detto ciò, con li occhi torti
 riprese ’l teschio misero co’ denti,
 che furo a l’osso, come d’un can, forti. RETOUR A LA TABLE DES MATIERES         CHAPITRE SUIVANT - 7 - Dante, la Vita Nuova et la Divine Comédie : les apparitions de Béatrice
Quand je fus éveillé, avant le jour, j'entendis pleurer dans leur sommeil mes enfants, qui étaient avec moi, et demander du pain. Tu es bien cruel si tu ne souffres pas en pensant à ce que pressentait mon cœur ; et si tu ne pleures pas, de quoi donc pleures-tu ? Ils étaient déjà éveillés, l'heure approchait où d'habitude on nous apportait la nourriture,  et à cause de son rêve, chacun était troublé ; et moi j'entendis clouer la porte du bas de l'horrible tour ; et sans parler je regardai mes enfants au visage. Moi je ne pleurais pas, mais en moi-même j'étais pétrifié. Eux, ils pleuraient; mon petit Anselmo dit : « Comme tu nous regardes, père ! qu'as-tu ? » C’est pourquoi je ne pleurai pas, ni ne répondis pendant tout le jour, ni la nuit d'après ; jusqu'au retour du soleil sur le monde. Quand un faible rayon eut pénétré dans l'affreux cachot, et que je découvris mon propre aspect sur leurs quatre visages, de douleur je mordis mes deux mains ; et eux, pensant que c'était par désir de manger, se levèrent aussit6t et dirent : « Père, nous souffririons bien moins si tu nous mangeais ; tu nous a revêtus de ces pauvres chairs ; enlève-les-nous ». Je me calmai alors pour ne pas les rendre plus tristes ; pendant deux jours nous fûmes tous muets ; ah terre cruelle, pourquoi ne t'ouvris-tu pas ? Quand nous fûmes arrivés au quatrième jour Gaddo se jeta étendu à mes pieds en disant : « Mon père, pourquoi ne m’aides-tu pas ? » Puis il mourut  ; et comme tu me vois, je les vis tomber tous les trois un à un entre le cinquième et le sixième jour ; alors je me mis, déjà aveugle, à me traîner sur chacun d’eux, et pendant deux jours je les appelai, après qu’ils furent morts. Après, plus que la douleur, le jeûne fut puissant ». Quand il eut dit cela, avec ses yeux pleins de haine, il reprit entre ses dents le misérable crâne, et le mordit fortement jusqu’à l’os, comme un chien.