10. Voyages en Italie : ROME 4
Propositions de visites de Rome (4)
4) ITINERAIRE BAROQUE –De la gare à la Place Navone (1/2 journée) (Cartoville, n° E puis A) Rejoindre la Piazza della Repubblica et continuer par la via Orlando. À l’angle de la Via XX Settembre, Fontana del Mosè (Domenico Fontana, 1587). Elle s’inspire de la typologie de l’arc de triomphe et du nymphée ; dans les grandes niches, Josué fait traverser aux Hébreux le Jourdain asséché, Aaron emmène le peuple hébreu se désaltérer et, au centre un Moïse colossal. Les vasques sont ornées des copies de 4 lions égyptiens. En face, de l’autre côté de la rue, l’église S. Maria della Vittoria (d’une image de la Vierge à laquelle fut attribuée la victoire de Ferdinand II de Habsbourg sur les protestants de Prague en 1620). Reconstruite en 1608-1620 aux frais du cardinal Scipion Borghese sur projet de Carlo Maderno ; la façade est inspirée de celle de l’église voisine, S. Susanna. L’église est à nef unique à 3 chapelles par côté, modèle de décoration baroque (marbres, stucs, frises). Sur la voûte, Triomphe de la Vierge sur les hérésies et Chute des anges rebelles (1675) ; dans la coupole, Assomption de la Vierge en gloire. Au-dessus de la porte, orgue baroque de Mattia De Rossi (1680). Dans la 2e chapelle de dr, deux tableaux de Domenichino sur S. François (1630). Dans le transept dr., Rêve de S. Joseph, groupe en marbre, Fuite en Égypte  et Adoration des bergers, hauts-reliefs en marbre de  Pierre-Étienne Monnot (1699) ; dans la cuvette de l’abside, La Vierge de la Victoire entre à Prague avec les armées catholiques (Luigi Serra, 1885). Dans le transept g., Bernini orne la chapelle Cornaro d’une Sainte Thérèse transpercée par l’amour de Dieu (1644-52) : de la voûte, une lumière dorée éclaire l’ange qui va transpercer la Vierge, tandis que dans des niches latérales en forme de balcons de théâtre, les membres de la famille Cornaro regardent et commentent la scène. Thérèse repose sur un nuage. Sa jouissance est physique et spirituelle, on est entre l’orgasme et l’extase mystique, une extraordinaire représentation théâtrale de l’amour, douceur et douleur (Cf photos danss l’histoire de Rome). De l’autre côté du Largo, église Santa Susanna, édifiée au IIe s. sur des maisons romaines (sainte et martyre romaine du IIIe s., étranglée de la main de celui qu’elle refusait). Elle fut reconstruite vers 1480 par Sixte IV et réduite à une seule nef en 1595 par Maderno qui fait aussi la façade (1603), première manifestation du style architectural baroque. À l’intérieur scènes de martyre, dont celui de S. Suzanne. L’église est église nationale américaine. En face, S. Bernard des Thermes, église cylindrique construite en 1598 dans une des 4 tours d’angle des Thermes de Dioclétien. On prend la Via XX Settembre. On longe à g. le Ministère de la Défense construit de 1875 à 1889 sur d’anciens couvents, puis en face, au n° 11, les palais Caprara (1884) et au n° 8 Baracchini (1886) ; au n° 7a l’église presbytérienne écossaise (1885), puis les palais Calabresi au n° 5 (1882) et Bourbon au n° 3 (1884). On arrive au Carrefour des 4 Fontaines, un lieu significatif de l’urbanisme de Sixte V, au croisement de 2 grands axes marqués par 3 obélisques (Quirinal, Trinità ai Monti, Esquilino). Les 4 fontaines représentent le Tibre, l’Arno, Diane et Junon (elles ont été récemment restaurées). À l’angle, l’église de San Carlo alle Quattro Fontane, dite San Carlino, chef d’oeuvre de Francesco Borromini (1638-1667) pour les Pères Trinitaires déchaussés. Façade scénographique (Cf photos et coupole dans l’histoire de Rome), avec statue de Charles Borromée au-dessus du portail. L’intérieur est blanc, sans dorures, tout y est de forme ovale. On peut voir aussi l’église inférieure et le cloître harmonieux. Une merveille ! On continue la via XX Settembre. À dr. le Palais Galloppi (1711-14) et la Palazzina del Segretario della Cifra (Ferdinando Fuga, 1730-32), puis le long mur (360 m.) du Palais du Quirinal prolongé par Fuga en 1730-32, surélevé par Cipolla en 1872. À g. l’église Sant’Andrea al Quirinale (Lorenzo Bernini, 1658), autre chef d’oeuvre d’architecture sacrée baroque, à façade singulière (Cf photos dans l’histoire de Rome). Voir l’intérieur à plan elliptique avec l’axe principal sur le petit côté ; les piliers focalisent l’attention sur le grand autel en bronze doré et lapis lazzuli surmonté d’une auréole de rayons dorés avec anges et chérubins. Remarquer la coupole peuplée de chérubins. Sur le grand autel, fresque représentant le martyr de S. André (1668 ; un des premiers disciples du Christ, pêcheur, martyrisé sur une croix en Orient et dont les restes sont rapportés en Italie lors de la 4ème Croisade). C’est une scène de théâtre à 3 niveaux : martyre du saint (Borgognone, 1668), vision du saint auquel  Dieu apparaît dans une cascade d’anges au milieu des nuages et des rayons, ascension du saint vers le ciel symbolique de la coupole. Voir l’autel de la 2ème chapelle à g. consacré à S. Stanislas Kotska, novice jésuite mort à Rome (Carlo Maratta, 1687). On continue la rue jusqu’à la place du Quirinal, après avoir dépassé à g. le jardin créé en 1888 pour la visite de l’empereur d’Allemagne, par la démolition de 2 églises, puis l’installation en 1900 d’une statue de Charles Albert de Savoie. La Place du Quirinal, au sommet de la colline, était occupée par un Temple de Sérapis et le Temple de Constantin d’où viennent les Dioscures qui firent appeler la place « Monte Cavallo ». Elle est aménagée par Sixte V ; à g. le Palazzo della Consulta, construit par Fuga en 1732-4 pour le Tribunal pontifical et la signature des Brefs, et siège des casernes des Cuirassiers et des Chevaux Légers (aujourd’hui siège de la Cour Constitutionnelle) ; au-dessus du portail, la Justice et la Religion (1739), en haut, emblème de Clément XII. Au fond, les ex-écuries du Palais (1722-1730), mutilées par l’ouverture de la Via Dataria voulue par Pie IX (Vespignani, 1866) qui relie ainsi la Place à la partie basse de la ville, le Champ de Mars. Le Palais du Quirinal fut commencé par Martino Longhi en 1573 comme résidence des papes, il fut agrandi ensuite par plusieurs architectes dont Bernini. En 1870, il devient résidence de la famille de Savoie, et en 1947 résidence du Président de la République. La façade est de Fontana (1589), le portail de Maderno (1615) avec les statues de S. Pierre et de S. Paul ; au-dessus est la Loggia des Bénédictions de Bernini (1638) ; le donjon circulaire est de Bernini (1626). La Place rejoint le Largo Magnanopoli au Sud par la Via XXIV Maggio, ouverte en 1877 ; dans les jardins de Villa Colonna à dr., restes du monumental Temple de Sérapis. Le président de la République Sergio Mattarella a commencé en 2015 à faire aménager le Quirinal pour qu’il puisse être ouvert au public. Le long du Palais, on descend le grand escalier, puis la Via della Dataria, puis par la 1ère rue à dr. la via Scandenberg (Giorgio Castriota, défenseur de l’Albanie contre les Turcs en 1466-8), pittoresques rues populaires du XVIIIe s.où se trouve le Musée des pâtes alimentaires dans le Palazzetto Scandenberg ; et on débouche sur la Place de Trevi. À g., église des SS Vincent et Anastase refaite entre 1640 et 1646 ; façade mouvementée qui porte l’emblème du cardinal Mazarin entre 4 anges, et le portrait de sa nièce dont il était amoureux ; là sont conservés les coeurs et les entrailles des papes de Sixte V à Léon XIII , enlevés pour l’embaumement. À dr. de la fontaine, palais néoclassique édifié par Valadier, siège de l’Institut de Calcographie. La fontaine de Trevi est construite en 1732 par Nicola Salvi, continuée par G Pannini  et inaugurée par Clément XIII en 1762 ; elle est adossée au petit côté du Palais Poli. Son histoire est celle de l’ « Aqua Virgo », l’ « Acqua Vergine », du nom d’une source découverte en 19 av. J.C., à une vingtaine de kms de Rome, que la légende dit avoir été indiquée par une vierge à des soldats assoiffés du général Agrippa, le futur gendre d’Auguste. Celui-ci décida de l’apporter jusqu’aux thermes proches du Panthéon par la construction d’un aqueduc ; l’eau arrivait à une « mostra » (fontaine terminale d’une source) à l’angle de la via Crociferi, construite par Leon Battista Alberti, aujourd’hui détruite. L’aqueduc fut restauré dès le XVe s. Urbain VIII voulut construire une autre fontaine dont il demanda un projet à Bernini ; il ne se réalisa qu’un siècle plus tard. Le nom de « Trevi » a une origine discutée, un toponyme local du quartier, ou simplement l’existence de 3 rues (« trivium » = convergence de « tre vie »), Via Poli, Via Crociferi et Via delle Muratte. La construction, et son financement, fut longue : décidée en 1732, elle ne vit arriver l’eau qu’un 1743 ; la statue de l’Océan fut posée en 1761, et l’inauguration ne fut faite que le 22 mai 1762.
« Ce n’est pas l’âme qui procure la douleur de la plaie infligée par son Seigneur, mais un dard dans la partie interne la plus sensible de ses viscères, et quelquefois dans le coeur ; et l’âme ne sait pas ce qu’elle a ni ce qu’elle veut. D’autres fois, il assaille avec un tel élan et il abat tellement le corps qu’il ne peut plus faire usage ni de ses pieds ni de ses mains ; bien plus, s’il se trouve debout, il doit s’asseoir come une chose abandonnée, qui par ellemême ne peut subsister ni presque avoir de souffle. Je vis près de moi sur le côté gauche un ange très beau dans sa forme corporelle, il n’était pas grand mais petit ; son visage si enflammé, comme ces anges fins qui semblent faits de lumière, je lui voyais dans les mains un long dard en or, et sur la pointe il me semblait qu’il y avait un peu de feu. Il me semblait que quelquefois il me frappât le coeur et qu’il pénétrât jusqu’à mes viscères ; et il me semblait qu’en le retirant vers lui il les emportât. La douleur était si vive qu’elle me faisait pousser de petits cris ; si grande est la douceur que me procure cette très grande douleur qu’on ne désire jamais qu’elle cesse, et elle ne veut pas rester sans Dieu. Ce n’est pas une douleur personnelle mais spirituelle, bien qu’elle n’empêche pas le corps d’en avoir part, et même trop. Jésus, la douceur est trop grande : ou soyez moins doux ou agrandissez mon coeur » (Thérèse d’Avila, Livre de sa vie)
Cet ensemble représente donc un symbole de l’efficacité de l’eau pure, et Agrippa et les papes s’affirment donc comme ceux qui l’ont apportée dans la ville de Rome. La symbolique comporte aussi la représentation d’une trentaine d’espèces végétales et des animaux dont certains ont disparu : - un câpre sur la façade du palais Poli ; un groupe de molènes un peu vers la dr. ; 4 branches de lierre ; un figuier de Barbarie ; des joncs ; une bûche de chêne sous la statue de la Salubrité ; un artichaut vers une coulée d’eau ; des renonculacées au-dessus du Triton de dr. ; une vigne des feuilles et 4 grappes ; une colocase à fleur d’eau ; un figuier de roche sous la grande jarre ; une cymbalaria, à dr. ; des  empervivum. - on voit encore un escargot et un lézard. Les constructeurs qui ont participé à la réalisation de la fontaine sont Nicola Salvi, le concepteur ; PieroBracci, sculpteur ; Filippo della Valle, sculpteur ; Andrea Bergondi, Agostino Corsini, Bernardino Ludovisi, Francesco Queirolo, Bartolomeo Pincellotti, Paolo Benaglia, sculpteurs. Le surintendant aux travaux fut Mgr Gian Costanzo Caracciolo, dont le blason est sculpté sur les rochers.
Suivre CARTOVILLE : Continuer sur la planche A du Cartoville. (Si on a le temps et l’envie, on peut remonter la Via della Stamperia, traverser la Via del Tritone et rejoindre S. Andrea delle Fratte, une belle église reconstruite de 1604 à 1612 et achevée en  1653 par Borromini à qui on doit l’abside, le tambour de la coupole et le clocher  stupéfiant que l’on peut voir en remontant à g. de l’église. Intérieur à nef unique consacré à S. François de Paule et à S. André. Prendre la Via dei Crociferi, au fond de la Place de Trevi ; on arrive à la Galleria Colonna, imitée des galeries de Milan et de Naples (1915-1922). À dr., de l’autre côté du Largo Chigi, dans la Via del Corso, le magasin de la Rinascente (1885-87), grand magasin inspiré par ceux de Paris. Sur la place, le palais Chigi, construit en 1580-86 pour les princes banquiers florentins Mario et Agostino Chigi ; racheté par l’État en 1917, il devient le siège de la Présidence du Conseil. La place prend son nom de la colonne de Marc Aurèle qui se trouve au milieu, érigée en 180-193 pour célébrer  les victoires de l’empereur, imitation de la Colonne Trajane. Elle a 29,60 m. de haut (42 m. avec la base et le chapiteau). Son diamètre est de 3,70 m. avec un escalier à l’intérieur ; elle est constituée de 28 cylindres. Sous Sixte V, Domenico Fontana refait la base, installe la statue de S. Paul au sommet à la place de celle de l’empereur et restaure les reliefs abîmés. À l’Est de la colonne, fontaine à têtes de lions de Giacomo Della Porta (1576-7) ; en 1830 Achille Bocchi remplace les 4 obélisques qui jetaient de l’eau par des coquilles et des dauphin. À l’Est de la place, palais Wedekind (reconstruit en 1838 comme siège des Postes pontificales, aujourd’hui siège du quotidien romain « Il Tempo » ; le portique réutilise 11 colonnes cannelées retrouvées à Véies) et l’église des SS. Bartolomeo et Alessandro dei Bergamaschi (1562, mais « baroquisé » en 1728). Passer sur la Piazza Montecitorio. Au centre, l’obélisque égyptien (Cf plus haut) qui servait de gnomon à la grande horloge solaire installée par Mécène en 10 av. J.C. : sur un plateau de 160 m. sur 60 était un plateau en plaques de travertin avec les inscriptions de l’horloge, sur lequel l’obélisque marquait l’heure avec son ombre. Tombé au IXe s., il fut restauré en 1792 sous Pie IV qui en  rétablit le fonctionnement : à travers le globe de bronze qui porte les armoiries du pape passait le rayon solaire. Sur le grand côté de la place, le Palais de Montecitorio, commandé en 1653 à Bernini (remarquer le mouvement de la façade et les décorations baroques des fenêtres) par Innocent X, adapté à la fonction de Tribunal d’État en 1694 par Carlo Fontana. En 1871, il devient siège de la Chambre des Députés ; entre 1903 et 1927, Ernesto Basile y ajouta le nouveau corps en construisant l’actuelle chambre parlementaire et la façade en style Art Nouveau (groupes allégoriques de 1911) ; il vaut la peine d’aller voir la façade en passant entre le Palais et le Palazzo Chigi. Revenir sur la place Montecitorio (Vous pouvez faire une halte chez le glacier du Parlement quelques mètres plus loin, Via dell’Ufficio Vicario) puis à la place Colonna et descendre jusqu’à la Piazza di Pietra dont le nom est dû aux restes du Temple d’Hadrien divinisé (réutilisé comme siège de la Bourse !), avec les 11 colonnes de son flanc droit. On continue à descendre vers la Place Sant’Ignazio  réalisée en 1727-8 en forme de décor de théâtre ; on arrive par la Via dei Burrò, souvenir du temps où Napoléon avait installé ici des « bureaux ». Lieu caractéristique d’une ville où tout a été pensé pour être théâtral, pour séduire les âmes et les esprits des 100.000 habitants de la ville et des 700.000 pèlerins des années saintes, et où l’architecture détermine l’espace des places, des rues, des palais, des églises pour en faire l’arrière-fond de spectacles organisés à tout propos (fêtes religieuses, carnaval, élection d’un pape, jubilés, etc). Les grands artistes, Bernini, Borromini, Rainaldi ... sont les metteurs en scène de cette théâtralité pour les papes et la « propagande de la foi », en utilisant les techniques les plus modernes d’hydraulique, de matériaux, de feux d’artifice, pour plier la matière aux formes les plus audacieuses de la créativité baroque. Même l’église devient lieu de spectacle, c’est le cas de Sant’Ignazio. Nous sommes dans le temps du triomphe des Jésuites, et Grégoire XV décide d’élever un grand édifice à la mémoire de S. Ignace, canonisé en 1622. C’est Orazio Grassi qui commence la construction en 1626, supervisé par Carlo Maderno ; en 1685, la coupole n’est pas encore faite et le jésuite Andrea Pozzo (1642-1709) peint une perspective illusionniste, une fausse voûte plate pour simuler l’existence de la vraie. C’est aussi lui qui crée la voûte de la nef unique, la Gloire de S. Ignace, dont le mouvement est parfaitement visible à partir du disque  qui est au centre de la nef. La hauteur semble infinie, et les colonnes des extrémités se déplacent avec vous. Du saint descendent des rayons qui, capturés par le monogramme IHS, inondent de lumière les Quatre continents de la terre (Cf  photo plus haut). L’iconographie et la sculpture sont inspirées par la célébration des saints jésuites et de leurs objectifs de conversion ; il fallait glorifier les saints et la Compagnie dans un art « missionnaire » qui évoque S. Louis Gonzague (1568-1591, soin des malades du typhus de Rome), S. François Xavier (Francesco Saviero,1506-1552, évangélisateur des Indes, qui meurt en tentant de pénétrer en Chine) ; et évidemment le fondateur S. Ignace. (S’il est trop tard allez directement à S. Luigi dei Francesi qui ferme à 12h30 : prenez la Via del Seminario, continuez par la Salita dei Crescenzi, tournez à dr. Via della Dogana Vecchia et vous êtes à S. Luigi ; revenez ensuite au Panthéon) Sinon, descendre par la Via S. Ignazio, puis à dr. la Via del Piè di Marmo (voir à g. le pied d’une gigantesque statue féminine), vous arrivez Piazza della Minerva (statue de l’éléphant et église, voir plus bas) et rejoindre Piazza della Rotonda, entourée de maisons du XVIIIe s. Au centre, fontaine de Giacomo Della Porta e Leonardo Sormani (1575) surmontée de l’obélisque de Ramsès II. La place est dominée par le Panthéon, temple à tous les dieux construit en 27 av. J.C. par Agrippa, gendre d’Auguste, beaucoup plus petit (correspondant à la forme actuelle du pronaos). C’est Hadrien qui le reconstruit sous sa forme actuelle entre 118 et 125 ; Septime Sévère et Caracalla le terminent en 202. Le monument, abandonné pendant presque 2 siècles,  fut remis en activité en 609 lorsque  l’empereur  d’Orient Phocas en fit don au pape Boniface IV. Le toit en bronze doré fut  arraché par l’empereur Constant II en 735. Au Moyen-Âge, il devint un fortin utilisé dans les luttes entre barons. Urbain VIII arracha le revêtement en bronze des poutres du portique pour en faire 80 canons de défense du Château S. Ange et les 4 colonnes torses du baldaquin de S. Pierre en 1625 (d’où la pasquinade : « Ce que ne firent pas les Barbares, ce sont les Barberini qui le firent ») et il fit ajouter par Bernini 2 clochers latéraux en 1627 (« les « oreilles d’âne »). La restauration et la démolition des clochers furent achevées en 1883, la coupole consolidée en 1931. Le Panthéon d’Hadrien fut une nouveauté absolue : architecture jusqu’alors réservée aux thermes, il a une forme cylindrique, une coupole et un édifice réglé par l’espace intérieur : l’extérieur est un cylindre aveugle, sans colonnes sauf pour le porche et dont le seul ornement sont trois moulures horizontales. Le porche est obscur puis quand on entre, on est frappé par l’explosion de lumière qui tombe de l’ouverture, un oculus de 9 m. de diamètre. À l’origine, l’effet était augmenté par le fait que la « rotonde » était cachée parmi d’autres édifices, partie secrète ; le seul élément visible était le pronaos (33,10 m. x 15,50 m. supporté par ses 8 colonnes de 12,50 m. de haut et de 4,50 m. de circonférence, monolithes de granit rose et gris égyptien ; il est  couronné par un fronton triangulaire ; sur l’architrave, inscription en lettres de bronze rappelant Agrippa, fondateur du temple ; l’intérieur du pronaos est divisé en trois nefs par 4 rangées de colonnes ; les portes ne sont sans doute pas d’origine. Le Panthéon est une perfection géométrique (« un dessin angélique et non humain », disait Michel-Ange) : il combine une perfection de formes géométriques élémentaires, carré, cercle, sphère, triangle isocèle pyramide (cf. schéma ci-contre) dont les dimensions sont : diamètre extérieur = 58 m. ; diamètre intérieur = 43,30 m. ; diamètre du sol au haut de la coupole = 43,30 m. ; volume intérieur = 46.000 m3 ; volume des murs = 23.000 m3 (ce sont les dimensions du Temple de Mars sur le Forum d’Auguste et du « Théâtre Maritime «  de la Villa d’Hadrien). Une harmonie parfaite ! Le mur extérieur repose sur une fondation en anneau de 4,50 m. de profondeur et de 7,30 m. de large. Il est haut de 30 m. et épais de 6,20 m. Le matériau s’allège en montant : 1 = base de matériaux de travertin ; 2 = maçonnerie en travertin et tuf ; 3 = maçonnerie en tuf et brique ; 4 = maçonnerie en brique ; 5 = maçonnerie en brique et pierre ponce ; 6 = calotte en maçonnerie de pierre ponce. L’allègement est complété par la structure des murs : les « vides » des 6 niches exèdres alternativement rectangulaires et semi-circulaires et des 2 absides : il apparaît donc comme formé par 8 piliers rattachés entre eux sur lesquels viennent se concentrer toutes les poussées et l’énorme coupole. Les exèdres alternent avec 8 édicules destinés à accueillir des statues de divinités, aujourd’hui remplacées par divers tombeaux. La coupole a 5 ordres de caissons (qui se restreignent vers le haut pour maintenir l’illusion de la perspective), séparés par 28 arêtes jusqu’à l’ouverture circulaire de 9 m. de diamètre. C’est donc une coupole sans supports. Les 8 édicules : A = Annonciation (Melozzo da Forlì) ; B = Couronnement de la Vierge (XIV e s.) ; C = Tombeau de Victor Emmanuel II (1878) ; D = Anna et la Vierge  (Lorenzo Ottoni, 1648-1736) ; E = La Vierge et les saints François et Jean-Baptiste (XVe s.) ; F = S. Rasio martyr, XVIIe s.) ; G = Vierge à l’enfant ( VIIe s.) ; H = S. Anastase  (1717) : I = Crucifix (XVIe s.) ; K = Vierge au rocher  (Lorenzetto, 1520, sur commande de Raphaël pour sa tombe ; buste de Raphaël, de Giuseppe Fabris, 1833) : L = Tombeau d’Humbert I (1900) ; M = Monument funèbre de Baldassare  Peruzzi (1921) ; N = S. Joseph et Jésus enfant (De Rossi, 1550-60) ; crèche et adoration des Mages (Cozza, 1660) et autres fresques ; O = Incrédulité de S. Thomas (Pietro Paolo Bonzi, 1576-1636). Interprétation du Panthéon : depuis Auguste, volonté de mettre l’empereur au niveau des dieux, divinisation de l’empereur, pratique des pharaons et d’Alexandre le Grand et « péché » de Salomon chez les Hébreux. L’empereur est donc la présence, la manifestation, l’épiphanie (apparition) de la divinité (Jupiter, Hercule, Dionysos, Apollon = présence solaire de l’oculus). Après sa mort le souverain se transformait en étoile. Sous Hadrien, triple culte à Jupiter, Rome et l’empereur. On peut donc interpréter le Panthéon comme une salle royale où l’empereur se tenait assis sous l’oculus et rendait justice en présence d’Apollon : c’est l’image solaire de l’empereur d’où tout procède et qui commande à tout, comme le Soleil commande l’univers ; c’est un empereur « Soter » (qui sauve, guérit, donne la paix au monde et annonce le nouvel âge d’or, « Sol salutis » comme on le voit représenté sur des monnaies). Cette divinité s’exprime par la perfection  géométrique de l’édifice (comparer avec la Villa d’Hadrien à Tivoli). À San Luigi dei Francesi (1518-1589), sur la façade, statues de Pierre l’Estache (1746) : Charlemagne et Saint Louis, S. Clotilde (qui poussa son mari Clovis à se convertir) et S. Jeanne de Valois (liée à 9 ans au futur Louis XII).  l’intérieur, voir d’une part les Caravage dans la 5ème chapelle à g. : à l’autel, Matthieu et l’Ange, à dr. Le Martyre de S Matthieu et à g. la Vocation de S. Matthieu (1599-1602), et dans la voûte, fresques du Cavalier d’Arpino. D’autre part, dans la 3ème chapelle à g. fresques sur S. Louis. Sur la voûte centrale, S. Louis, de Natoire (1756). Dans la nef dr., dans la 1ère chapelle, S. Denis ; dans la seconde, S. Cécile, S. Paul, S. Jean l’Évangéliste, S. Augustin et S. Madeleine, copie de Guido Reni d’après l’original de Raphaël ; 3ème chapelle, S. Jeanne de Valois portée au ciel, d’Étienne Parocel (1743) ; dans la 4ème chapelle, scènes de la Vie de Clovis. Longer le Panthéon sur le côté g., on arrive à la place de S. Maria sopra Minerva. Sur la place, le « Pulcin della Minerva » (le porcelet de la Minerva, 1667), le petit éléphant de Bernini supportant un obélisque, choisi pour montrer qu’il faut un esprit robuste pour supporter une sagesse solide ! Cet éléphant a une longue histoire liée à l’arrivée d’un nouvel éléphant à Rome, acheté par un particulier qui faisait payer pour le voir, et à la découverte d’un petit obélisque dans  une vigne du couvent des Dominicains. Alexandre VII voulut le faire édifier sur une place de la ville et, parmi les nombreuses propositions, choisit celle de Bernini qui proposa de le monter sur un éléphant. Mais les Dominicains, possesseurs de la place, l’obligèrent à modifier son projet : malgré la réussite de la place Navone (un obélisque reposant sur une caverne vide), ils imposèrent au Bernin de soutenir le ventre de l’éléphant par un pilier, prétextant que, sinon, il ne supporterait pas le poids de l’obélisque. Bernini dut se soumettre et cacha le pilier par la houppelande qui alourdit la statue en retombant de chaque côté de l’éléphant. Et puis il se vengea par une farce : il posa l’éléphant le derrière face au couvent des Dominicains en soulignant la position irrévérencieuse par le mouvement de la queue et la trompe tournée vers l’arrière, qu’un monseigneur explicita par ces vers : « L’éléphant tourne ses fesses et crie avec sa trompe : ‘Frères du Kyrie, je vous ai ici ‘». Faites un tour dans l’église dominicaine S. Maria sopra Minerva (1280-1350), que l’on croyait construite sur les restes de l’ancien Temple de Minerve ; c’est une des rares oeuvres romaines de la Renaissance. L’intérieur est gâché par les décorations ajoutées au XIXe s. mais comporte quelques oeuvres importantes : dans le transept dr. la chapelle Caraffa (fresques de Filippino Lippi (1488-93) à S. Thomas). Sur le pilier g. de l’autel, statue du Christ ressuscité de Michel-Ange ( 1519-21) ; sous l’autel, sarcophage de S. Catherine de Sienne ; dans le choeur, à dr. monument funèbre de Clément VII et à g. celui de Léon X d’Antonio da Sangallo le Jeune. Dans le transept g. autres peintres florentins. Dans la nef g. quelques oeuvres de Bernini : sur le 3e pilier, monument funèbre de Maria Raggi  (photo ci-contre) ; entre la 4e et la 3e chapelle, tombe de Giovanni Vigevano. En sortant de l’église, prendre vers la g.  la 2e rue à dr. Via del Gesù et contourner le pâté de maisons, voir au n° 62 une intéressante horloge à eau ; tourner à g. dans la via S. Stefano del Cacco  (du nom de la statue égyptienne de macaque aujourd’hui au Vatican), et reprendre à g. la Via del Piè di Marmo. Passer derrière le Panthéon jusqu’à la place S. Eustachio : on est derrière l’église de S. Ivo della Sapienza (Borromini, 1642-52) l’entrée est de l’autre côté sur le Corso del Rinascimento. Voir la coupole en spirales (photo à g.). On longe le Palais Madame, siège du Sénat, élevé en 1503 pour Madame Marguerite d’Autriche, veuve d’Alexandre de Médicis, restauré en 1637-1642. Voir la façade (la corniche avec la frise de « putti » qui jouent ...). Le corso del Rinascimento a été ouvert en 1936-38. Par une petite rue, on arrive Piazza Navona, fin de l’itinéraire, lieu exceptionnel pour les Romains, de fête, de marché, de rencontre. Sa forme est celle de l’ancien Stade de Domitien construit en 86 (275 m. x 106 m. pour 30.000 spectateurs) ; on y construisit des églises et des palais ; en 1477, on y transféra le marché du Capitole ; on en fit une place sous Innocent X Pamphilj (1644-1655). Son nom est dû au mot « agone » (= lieu destinés aux jeux, compétition) : « In agone --> ‘N agone -- >Navone --> Navona »). Jusqu’au XIXe s. on eut l’habitude d’inonder la place et d’y faire des défilés, des équipages de prélats et de princes, de carrosses de Carnaval. Trois fontaines la décorent : * la Fontaine  du Maure (1654), alimentée par l’Acqua Vergine : un Éthiopien qui lutte avec un dauphin, tritons et masques, sur dessin de Bernini ; la vasque est de Bernini sur dessin de Borromini. * La fontaine des Fleuves (1651), érigée par Bernini, avec un obélisque posé sur une  grotte habitée d’animaux et les statues de 4 fleuves représentant les 4 continents : Rio de la Plata , Danube, Gange et Nil (tête couverte parce qu’on n’en connaissait pas la source). * La fontaine de Neptune, au Nord, de Giacomo Della Porta (1576), ornée des sculptures d’Antonio Della Bitta (Neptune qui lutte avec une pieuvre, 1878) et de Gregorio Zappalà (Néréides, putti et chevaux marins). L’église S. Agnese in Agone, édifiée au VIIIe s. sur les lieux où la sainte fut exposée nue et protégée par le dénouement et la pousse de ses cheveux. Construite en 1652, terminée par Borromini : façade concave à ordre unique de piliers et colonnes. Voir l’intérieur. Flânez et déjeunez autour de la Place della Rotonda ou Place Navone, lieux d’exception.
Place S.Ignazio et fausse voûte de l’église û
Église S. Ignazio, l’autel de S. Louis Gonzague (dessin de Pozzo, réalisation de Pierre Legros (1699)
Anonyme, Le Panthéon au XVIIIe
Pronaos hachuré : le Panthéon d’Agrippa (27 av. J.C.)
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