10. Voyages en Italie : le cimetière non-catholique de Rome
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Une belle promenade dans le quartier ostiense Cimetière non-catholique de Rome CIMITERO ACATTOLICO DI ROMA via Caio Cestio, 6, 00153, Roma Direttrice: Amanda Thursfield ORARIO Lunedì-Sabato 9.00 -17 .00 (ultimo ingresso 16.30) Domenica e festivi : 9.00 -13.00 (ultimo ingresso 12.30) Tel 06.5741900, Fax 06.5741320 mail@cemeteryrome.it Il est appelé encore «  Cimetière des Anglais, ou «  Cimetière des protestants  » ou «  Cimetière du Testaccio  » ou «  Cimetière des Artistes et des Poètes  ». L’Église catholique interdisait d’ensevelir dans une terre consacrée les non-catholiques (protestants, juifs enterrés sur l’Aventin, là où se trouve maintenant la roseraie municipale, orthodoxes), ainsi que les prostituées, les suicidés, les acteurs (enterrés hors de Porta Pinciana, l’actuelle Via del Muro Torto), les athées notoires  ; on les enterrait donc  «  hors-les- murs  » ou au minimum le long des murs, en particulier dans ces «  prés du peuple romain  », près de la Pyramide de Cestius, où paissaient les brebis et où, les jours de fête on jouait au ballon. On enterrait les morts de nuit pour éviter l’hostilité de fanatiques catholiques à la vue de prêtres non catholiques et les agressions  venues des tavernes abondantes au pied du Testaccio, d’où on venait profaner les tombes ; lorsqu’en 1821, Sir Walter Synnot y fit enterrer sa fille de jour, le Préfet de Police lui octroya une escorte policière pour «  lui éviter des outrages  ». Une délibération du Saint-Office de 1671 permit aux non catholiques d’être enterrés dans ces «  prés  », pour éviter la honte de se trouver avec les prostitués et autres pécheurs. La première dont on ait connaissance est celle d’un certain William Arthur, – un fidèle du roi exilé Jacques Stuart – qui avait fui à Rome la répression des Jacobites d’Écosse  ; d’autres courtisans de Jacques Stuart, lui aussi réfugié à Rome en 1718, y furent aussi ensevelis, dont le trésorier du roi d’Angleterre, William Ellis, en 1732. (Voir la Newsletter.it de Amici del cimitero acattolico di Roma). Mais ce cimetière appelé dès lors «  Cimetière des Anglais  » ne bénéficia jamais de concessions officielles de la Papauté  ; on enterrait dans la terre nue, et on ne tolérait pas d’inscriptions, il n’y eut un gardien du cimetière qu’à partir des années 1920, il n’y avait que quelques houx, et plus tard des cyprès, entre lesquels paissaient encore les brebis. En 1803, un ministre de la Prusse auprès du Saint- Siège, Guillaume Von Humboldt, demanda un terrain pour ensevelir son fils, puis lui-même et sa famille  ; on fit entourer ce terrain de murs dont il reste quelques piliers. C’est seulement en 1817 que les représentants de la Prusse, de la Russie et du Hanovre demandèrent au Secrétaire d’État du Pape, le cardinal Consalvi, d’ériger une enceinte autour de l’ensemble du cimetière, mais le cardinal n’accepta qu’en 1821, après de vives protestations du Parlement anglais, il le fit même aux frais du Saint Siège, interdisant pourtant les croix sur les tombes et les inscriptions. Ce n’est qu’à partir de 1878 que les choses changèrent et qu’on commença à ensevelir dans ce cimetière les non catholiques italiens, et des «  hérétiques  » de toutes sortes, homosexuels comme le poète Dario Bellezza, mort en 1996, exilés politiques comme le leader de la résistance iranienne Mohammed Hossein Naghdi assassiné à Rome en 1993 par les services secrets de Téhéran, ou hérétiques culturels comme Grégory Corso, un des fondateurs américains de la Beat generation, enseveli en 2001. On compte des tombes d’hommes célèbres comme John Keats (1795-1821) (ci-dessus à droite, tombes de Keats et de Joseph Severn 1793-1879), Percy Bysshe Shelley (1792-1822) dont on fit brûler le corps sur la plage près de laquelle il s’était noyé  ; on inscrivit sur sa tombe trois vers du chant d’Ariel dans La tempête de Shakespeare. Antonio Gramsci (1891-1937) suscita le poème de Pier Paolo Pasolini, le Ceneri di Gramsci (1957) (Voir sa tombe ci-contre à droite). On y trouve aussi Antonio Labriola (1843-1904), le théoricien marxiste et dirigeant socialiste italien, l’écrivain et député socialiste Emilio Lussu (1890-1975) (à gauche, tombe de Lussu et de sa femme Joyce), les poétesses italiennes  Luce d’Eramo (1925-2001) et Amelia Rosselli (1930-1996), la journaliste et femme politique Miriam Mafai (1928-2012) … , mais aussi Johann Samuel Bach, un neveu de Jean-Sébastien Bach, l’écrivain Carlo Emilio Gadda (1893-1973), l’actrice anglaise Belinda Lee (1936-1961), le Père Alessandro Gavazzi (1809-1889), écrivain et chapelain de l’armée garibaldienne, le physicien Bruno Pontecorvo (1913-1993), un fils de Johann Wolfgang Goethe, les enfants de Guglielmo Marconi  : une petite histoire internationale dans la ville de Rome. (Voir la liste complète des personnalités enterrées dans  : Mappe del cimitero acattolico di Roma). Depuis 2011, la garde et la gestion du cimetière sont assurées par les représentants étrangers en Italie. Actuellement, y travaillent une directrice, une secrétaire, 4 jardiniers, un restaurateur et un graveur, mais les fonds permettent de payer difficilement ces maigres salaires, et au début du XXIe siècle on craignit de devoir fermer le cimetière. Mais c’est encore un lieu charmant de verdure et de silence, où il est agréable de se promener et de rêver, ayant sous les yeux une image plus joyeuse de la mort, avec «  l’impression de jeter un regard à la mort du côté le plus heureux de la tombe  » (Henry James). Et après le cimetière, vous visiterez un des lieux les plus intéressants de Rome, la Porta San Paolo, qui ouvre la Via Ostiense, qui conduit à la Basilique San Paolo fuori le Mura puis à Ostie, la pyramide de Caius Cestius, avec ses chats, le mont Testaccio et des fragments des murailles d’Aurélien. D’abord la Pyramide de Caius Cestius, de style égyptien, fut construite entre 18 et 12 av.J.C. (on ne sait pas exactement), pour être la tombe du consul Caius Cestius, membre du Collège des  Epulons (Ci-contregravure de 1747 de Giuseppe Vasi, 1710-1782). Elle est en béton avec une couverture de plaques de marbre de Carrare, haute de 36,40 m. sur une base carrée de 30 m. de côté. La construction n’a duré que 330 jours, comme l’indique l’inscription du côté est de la pyramide. À l’intérieur, il y avait une chambre sépulcrale de 5,95m. sur 4, 10m et haute de 4,80m., ornée de quelques figures décoratives de style pompéien, et probablement du portrait du consul maintenant détruit par les pilleurs de la tombe (voir ci-dessus à droite). La pyramide était entourée de 4 colonnes angulaires et de 2 statues. Sa forme est plus élancée que celle des pyramides égyptiennes, grâce à la matière utilisée. L’Égypte venait de devenir province romaine en 30 av.J.C. et le style égyptien était à la mode dans l’architecture funéraire. Au Moyen-Âge, on la considérait comme la «  tombe de Rémus  », le frère de Romulus, et sa forme fit qu’elle fut toujours admirée et conservée. Elle fut un temps insérée dans les murailles d’Aurélien (272-279), puis dégagée. C’est un mécène japonais, industriel de la mode, qui a financé la restauration achevée en 2014, qui a coûté 2 millions d’euros. La Porte San Paolo est l’une des mieux conservées de Rome et l’une des plus importantes  : elle conduisait au port d’Ostie qui alimentait Rome, et elle resta primordiale parce qu’elle conduisait à la Basilique Saint Paul Hors les Murs. Elle a été construite sous l’empereur Maxence (278-312). Elle est en travertin, flanquée de 2 tours en forme de fer à cheval. Elle est doublée d’une contre-porte, qui ouvre vers l’intérieur de la ville, faisant de la porte une sorte de petite forteresse où une garnison pouvait s’installer. Elle est maintenant séparée des murailles, suite à un bombardement de 1943, et pour faciliter l’énorme trafic d’aujourd’hui. Près de la porte se trouve aussi le MonteTestaccio, le Mont des Tessons (le mot «  testa  » indiqua d’abord une cruche de terre). C’était la décharge de «  l’emporium  », le port fluvial voisin, où on déchargeait les marchandises arrivées par Ostie, marbre, granite, vin, huile, à partir de 193 av.J.C.  ; on entassa peu à peu les fragments d’amphores contenant des liquides et le dépôt atteignit bientôt une cinquantaine de mètres de haut (25 millions d’amphores, de 140 au IIIe siècle) . Le Mont a été fouillé en 1868-1870, et de nouveau en 1953 et en 1980. Franchissez la Porte San Paolo, et vous trouverez, après les Marchés Généraux de 1913, l’ancienne Centrale Thermique de Rome Giovanni Montemartini (1911-1913) transformée en site d’archéologie industrielle où l’on dispose entre les anciennes chaudières  et machines repeintes environ 400 sculptures et mosaïques antiques des Musées Capitolins. C’est un des plus splendides musées de Rome, visitez- le, vous serez surpris et fascinés. Après une nécropole qui va du 1er siècle av.J.C au IVe apr. J.C., vous arriverez à la Basilique pontificale de saint Paul Hors les Murs, la plus grande après saint Pierre, construite à partir du IVe siècle sur le lieu légendaire du martyre et de l’ensevelissement de Paul de Tarse  ; elle est restaurée après un incendie à partir de 1823. Visitez-la et continuez vers la ville romaine d’Ostie, mais c’est une autre visite qui mérite toute une journée de beau temps. J.G., 24 juillet 2017