4.3. Roma - 2
* Capitole ("Campidoglio", 48 et 46 m. de haut, 925 m. de circonférence, treize hectares de superficie) : le nom vient de «  caput  », la tête (selon la légende, en construisant les fondations du grand Temple de Jupiter, on aurait retrouvé la tête d'un certain Olus en creusant les fondations du temple à Jupiter Capitolin), la capitale, le centre du monde et de Rome. Il reste le symbole du pouvoir et les jeunes Etats-Unis d’Amérique donnèrent le nom de «  The capitol  »  à l’immense édifice néoclassique qui abrite les branches du Congrès. Autre lieu stratégique de la ville, isolé de trois côtés par ses falaises à pic (est encore bien visible la falaise sud, la roche « tarpéienne  », premier nom de la colline : «  Mons tarpeius  ». mais la Roche Tarpéienne était peut-être de l'autre côté, sous l'actuel Monument à Victor - Emmanuel II ...?), sauf vers le Quirinal auquel il était relié par une «  selle  » rasée par Trajan pour la construction de son forum., il est dans une position dominante par rapport à la plaine du Forum d'un côté et celle du Champ de Mars de l'autre. 
Il avait été, selon la légende, le lieu où s’était réfugié Saturne après avoir été détrôné par Jupiter  ; accueilli par le dieu Janus, qui habitait le  Janicule, il reçut pour résidence le Capitole, d’où il put gouverner et civiliser les hommes pendant un bienfaisant « âge d’or  ». C’était alors le Mons Saturnius, et l’on y retrouva des fragments de céramique datant de 1700 à 1500 av. J.C. L’ancienneté du culte de Saturne s’est poursuivie par la construction d’un Temple de Saturne au pied de la colline dès la fin du VIe sicle av.J.C. Il comportait  deux sommets, le «  Capitolium  » au SE et l' « arx » au NO (vers S. Maria in Aracoeli). Entre les deux, une dépression, «  l'asylum  », lieu de refuge des jeunes italiques bannis des communautés voisines qui formèrent la tribu des « Lucerenses  », les Lucériens, l'une des trois centuries de chevaliers instituées par Romulus avec les «  Rhamnenses  », les Rhamnenses et les «  Titienses  ».
Il a été habité dans sa partie sud depuis le -XIVe siècle (cf céramique trouvée dans les fouilles de S. Omobono); il devient le siège du gouvernement par opposition à la colline résidentielle du Palatin : l'  «  arx  », la forteresse de la ville, le Tabularium (les archives d'Etat qui conservaient les senatusconsultes, les décrets du Sénat), le Temple de Jupiter Capitolin, Junon et Minerve, la triade capitoline. Tombé en ruines à partir du moyen âge (on l'appelle alors le «  Monte Caprino  », la colline aux chèvres), le Capitole reste le siège des assemblées populaires et de la vie communale (Palais du Sénateur sur les restes du Tabularium) tandis qu'à ses pieds, sur le Forum, se trouvent les maisons des plus grands artistes de la Renaissance (Michel-Ange, Jules Romain, Giacomo Della Porta, Pietro da Cortona). Paul III Farnese charge ensuite Michel-Ange de créer un cadre nouveau pour la vie politique de la ville : la place, les palais latéraux, l'escalier d'accès tourné maintenant vers le Champ de Mars où s’est désormais concentrée la ville. Les constructions post-unitaires (Monument à Victor Emmanuel II, de 1885 à 1911), puis les fouilles et destructions fascistes (de 1928 à 1943) ont démoli toutes les constructions qui s’appuyaient sur ses pentes), l'ouverture des grandes voies comme Via dei Fori Imperiali indispensable aux défilés de propagande du régime, du Colisée au palais de Venise, ont réduit la colline à sa forme actuelle.
Piranesi - Piazza di Monte Cavallo
* Quirinale (58 m., la plus haute et une des plus étendues  : 52 hectares) : doit son nom au temple du dieu Quirinus (les Quirini étaient les habitants de la ville sabine de «  Curii  », Cures d'où étaient partis les Sabins pour venir s'établir sur cette colline bien vant la fondation de Rome (on trouve des traces archéologiques vers Santa Maria della Vittoria, remontant au –XIe siècle). Après la fusion avec les Sabins, les Romains prirent le nom de "Quirites". Ce dieu dont on discute beaucoup, est assimilé ensuite à Romulus divinisé lorsqu’il monte au ciel. Peut-être faut-il aussi rapprocher le mot de «  quiris  », la lance : dans les temps primitifs, les Romains assistaient aux comices « curiates  » (assemblées du peuple par «  curies  », une division du peuple romain) munis de leur lance («  hasta  », la lance, était le symbole royal porté pendant les sacrifices -Cf bas-relief de l'Ara Pacis-, elle est aussi la hampe du drapeau que l'on porte dans les cérémonies : souvenir de l'ancien culte de la lance?).
Le Quirinal était une zone surpeuplée, mais qui comportait aussi de nombreuses villas et parcs (Salluste,, Scipion l'Africain, Lucullus... et sur la rue du XX Septembre, villa de la gens Flavia, d’origine sabine et importante à Rome  : elle accèdera à l’Empire). Sous l'Empire, il y avait sur le Quirinal le Temple de Sérapis et les thermes de Dioclétien et de Constantin, d'où proviennent les statues des Dioscures aujourd'hui sur la place du Quirinal accompagnés de leurs chevaux, qui firent qu'au moyen âge on appelait cette colline "Monte Cavallo" (la colline du cheval). Au Moyen-Âge, y habitaient des intellectuels, dont Pétrarque, Platina, Pomponio Leto  ; Vittoria Colonna y eut son cénacle, auquel participait Michel-Ange. Résidence d'été pontificale à partir du XVIe siècle, puis palais royal à partir de 1870, où de nombreux Ministères s’installèrent Via XX Settembre, le Quirinal est depuis 1948 le siège de la Présidence de la République. * Viminale (54 m., la plus petite des sept collines) :  littéralement la colline des roseaux, de l'osier, ainsi appelée à cause des saules ou de l'osier qui y poussait. Elle comportait un temple à Jupiter «  Vimineo  », ouvert par dessus pour laisser passer la pluie nécessaire à la poussée de l'osier. Siège du Ministère de l'intérieur, construit par Giolitti et restauré en 1920.
* Esquilino ( 58 m., la plus étendue des sept collines, 75 à 80 hectares) : Etymologie incertaine : de «  esculus  », chêne rouvre consacré à Jupiter, qui recouvrait la colline, ou de «  excubiae  », les gardes que Romulus y plaçait la nuit parce qu'il se méfiait du Sabin Tatius, ou de «  ex quiliae  », les Esquilies, constructions extérieures aux murailles (contraire de «  inquilinus  », le locataire, celui qui est à l'intérieur). La colline est composée de trois «  sommets  », Fagutal (colline du hêtre), Cispio (S. Maria Maggiore), Oppio (pour ces deux derniers, du nom de deux chefs de tribus venus défendre Rome sous Tullius Ostilius).C'est dans ce quartier que se trouvait le cimetière des pauvres et des esclaves, dont les corps étaient souvent laissés à l'abandon sur la terre, en proie aux corbeaux et aux chiens de l'Esquilin (cf dans le Forum les nécropoles au pied de la colline). Mécène (Caius Cilnius Maecenas, 70-8 av. J.C. ami d’Auguste et protecteur des arts et lettres) transforma le lieu en une splendide demeure  avec jardins, où habitèrent Horace, Virgile, Properce. L’incendie de 64 détruisit tout le quartier et Néron y fit construire sa Maison Dorée  ; après sa mort, les empereurs y installent les énormes Thermes de Titus puis de Trajan  ; lorsque ceux-ci cessèrent de fonctionner au VIe siècle, l’Esquilin fut largement abandonné, s’enterra et devint zone rurale  ; au moyen âge, se souvenant de l'origine macabre, les sorcières continuaient à venir y cueillir les herbes de leurs filtres!  À partir du XVIe siècle, on fouilla et on y trouva de nombreuses sculptures, dont le Laocoon en 1506. Sixte V s’y fit construire une immense villa, qui sera remplacée par la Stazione Termini (Gare centrale). Là se trouvent plusieurs églises du Moyen - Âge, Santa Maria Maggiore, Santa Pudenziana, Santa Prassede, San Martino, San Pietro in Vincoli.
Piranesi – Interno Santa Maria Maggiore
Grand Cirque, Palatin, Capitole (en haut à g.), Quirinal et Viminal (en haut à dr.) à la Renaissance.
* Caelius (Monte Celio, 48 m.) : du nom de Celio Vibenna, le « Lucumon  » (chef) des Etrusques venu au secours des Romains contre les Sabins et qui s'installa ici, formant la tribu des Lucerenses » (Cf Capitole). Avant, la colline s'appelait «Querquelutanus », colline des chênes, consacrés à Jupiter parce que la foudre ne les atteignait jamais. D’abord riche de temples, domus et casernes, la colline se ruralise après le sac normand de 1094 et se couvre de vignes. Elle comporte des églises importantes (Santo Stefano Rotondo, Santi Quattro Coronati, Santi Giovanni e Paolo  ; elle reste un des lieux les plus suggestifs de Rome.
* Aventin (47 m., 31 hectares) : Etymologie incertaine : viendrait de «  ab avibus  », des oiseaux dont se prévalut Remus pour prendre les augures et proposer de fonder Rome sur cette colline ; ou de «  Aventino  », roi d'Albe enseveli ici après la destruction de la ville par Rome ; ou de «  ab adventu  », du rassemblement que faisaient ici les plébéiens pour sacrifier au temple de Diane (opposé au temple de Jupiter sur le Capitole). Les Romains se souvinrent en tout cas toujours que là fut tué puis incinéré Remus, et la colline garda une réputation de lieu néfaste Extérieur au «  pomoerium  » jusqu'à l'époque de Claude, quartier essentiellement commerçant habité par des étrangers, l'Aventin fut le centre de la vie politique et religieuse de la plèbe et des sécessions de la plèbe («  se retirer sur l'Aventin  », comme le firent encore en 1924 les députés socialistes pour protester contre le pouvoir de Mussolini après l’assassinat de Matteotti). En -456, la loi déclare l'Aventin propriété publique et ses terrains furent distribués aux plébéiens pour la construction de leur maison. La plèbe y pratiquait le culte de Diane, dans le temple, - refuge des plébéiens -, fondé au temps du roi plébéien Servius Tullius, et de Cérès. Sous l'empire, la colline perdit son caractère populaire pour devenir quartier résidentiel aristocratique, ce qui lui valut d'être saccagé par les invasions barbares.
La colline fut appelée aussi «  Murciae  », de «  myrtus  », le myrte, plante consacrée à Vénus, d'où le nom de «  Valle  Murcia  » donné à la dépression où se trouve le Grand Cirque. La colline se garnit plus tard de couvents et d’églises  :  moines de Cluny, templiers dont les biens passent, après sa dissolution en 1312, aux Chevaliers de St Jean de  Jérusalem, puis de Rhodes puis de Malte qui détiennent encore le sommet de la colline, modelé pour eux par Piranesi en 1765  : il a orné la place d’obélisques, armes, boucliers en souvenir de la présence ici de l’  «  Armilustrum  », l’enceinte  où l’armée romaine purifiait ses armes. Plus haut subsistent le couvent bénédictin de St Anselme (chant grégorien), le  couvent de St Alexis et la basilique de Ste Sabine. Au pied de l’Aventin, l’ancien cimetière juif, transféré au Campo  Verano, laisse place à la Roseraie communale.
Bartolomeo Pinelli, Aventin
2) Mais Rome a d'autres collines : * Le"Mons Vaticanus" Aulu-Gelle donne pour étymologie «  vaticinium  », le lieu du «  vates  », le devin, = le lieu des vaticinations, (à cause de l’abondance des cultes prophétiques orientaux à l’époque impériale), sur lequel sera construit le Cirque de Caligula, où fut martyrisé et enterré l'apôtre Pierre. Plus tard, sur la tombe de Pierre, Constantin fait construire la première basilique.
* Le Janicule (82 m.) : Colline de Janus, roi des Aborigènes, qui accueillit ici Saturne, chassé du ciel, dont il reçut le don de prophétie. Au-delà commençait le domaine des Etrusques. Bastion naturel de la ville, il jouait un rôle défensif important.
Janus, le plus ancien des dieux italiques, fut représenté bifrons, à double face. Son temple restait fermé en temps de paix. Il était aussi le dieu des portes (ses deux visages surveillaient l'entrée et la sortie) et le dieu des commencements, présidant au début de chaque année. Une partie de la colline porte le nom de «  Montorio  » (église de S. Pietro in Montorio, où on situe le lieu du martyre de St Pierre), altération de «  Monte d'Oro  », colline d'or, en souvenir des sables jaunes dont elle se compose et de ses jardins qui, au Ve siècle, passaient pour une des merveilles du monde (au XVIIe siècle, les lettrés y reconstituèrent le «  Bosco Parrasio  », ou «  Théâtre des Arcadiens  » (la Parrasia était une des régions de l'Arcadie), un des plus beaux jardins de Rome). Cela fut rendu possible par la reprise de l’ancien aqueducs romain restauré par le pape en 1612 (Acqua Paola) qui suscita aussi la construction de belles villas (Villa Pamphilj). Le Janicule est lié au souvenir de la défense de la République romaine, dirigée par Garibaldi en 1849, contre les troupes françaises du général Oudinot venu restaurer le pouvoir pontifical. Le souvenir en est marqué  par les monuments dédiés à Giuseppe et à Anita Garibaldi
Villa Médicis et jardin
* La Velia, petite hauteur qui fermait la vallée du Colisée et reliait le Palatin et l'Esquilin. Sur la Velia se trouve l'Arc de Titus dans le Forum romain ; le reste de la colline a été coupé par l'ouverture de la via dei Fori Imperiali. * Le Pincio (culminant à 60 m.), de la famille des Pincii qui avait ici une somptueuse villa au IVe siècle, connue pour ses jardins (D’où le nom de «  Colline des jardins  » donné dès l’Antiquité), héritiers des délicieux jardins de Lucullus, mais aussi de Salluste, fusionnés dans une immense villa impériale, abandonnée après la destruction des aqueducs par Alaric en 410  ; puis vers 1550, à partir des puits et tuyaux de l’Acqua Vergine, le cardinal Ricci commencera à y reconstruire une villa qui passera ensuite aux Médicis, puis à la France en 1803 (siège de l’Académie de France encore aujourd’hui). Cette partie de la colline est marquée par la présence française, autour de l’église de la Trinità dei Monti. Ici se déroulèrent les orgies de Messaline et fut déposée l'urne funéraire de Néron, qui fut retrouvée, dit la tradition populaire, sous un noyer plus grand que les autres, et employée comme mesure de la chaux et du sel sur l'ancien marché du Capitole! Sur commande de Pie VII, en 1822, Valadier remplaça l'ancienne vigne par les jardins actuels ornés de bustes des hommes illustres d'Italie.
* Montecitorio : petite colline formée par les terres d'extraction des fondations de la colonne de Marc-Aurèle (Mons Acceptorius, où les citoyens se réunissaient pour les votes) ou, selon d'autres auteurs, par les ruines de l'amphithéâtre de Statilius Taurus. Le niveau s'éleva tellement qu'il ensevelit la colonne consacrée à Antonin le Pieux, que Pie VI fit découper pour restaurer l'obélisque de Psammétique II, gnomon du cadran solaire du Champ de Mars.
* Testaccio (52 m.) = la colline des tessons : une des 7 collines artificielles de Rome (les autres ont disparu, sauf Montecitorio) formée par les  débris («  testaceus  » = de terre cuite) d'amphores dans lesquelles arrivaient à Rome l'huile, le vin, les légumes (le marché, l' « Emporium  » était tout proche), ou, disait-on, par les ruines provoquées par l'incendie de Néron. 
La colline qui eut jusqu'à 70 m. de haut devint un lieu de fêtes religieuses, on y planta une croix (au pied de laquelle Nicolas Poussin venait, dit-on, contempler Rome au coucher du soleil), puis des jeux pendant le Carnaval : jeux populaires comme les courses de taureaux ou de porcs poussés du haut de la colline ou d'ignobles courses de juifs ; ou jeux aristocratiques, courses de chevaux de race payées par l'Université Hébraïque qui devait donner chaque année 1330 florins, dont les 30 derniers avaient été ajoutés en mémoire des 30 deniers dépensés par les Juifs pour corrompre Judas! Sous la colline sont creusées des grottes dans lesquelles on conserve le vin, à température constante de 10 à 7 degrés. Rome, la ville aux 13 collines, et même plus ! Noter que la ligue latine dite «  Septimontium  » (= des 7 collines) ne correspond pas aux sept collines de Rome, mais à sept villages préexistant à la fondation de Rome, sur le Palatin, l'Esquilin, la Velia et Le Caelius, tandis que les Sabins occupaient le Quirinal et le Viminal.
Ville de collines, Rome est naturellement aussi ville d'escaliers, de rampes et de rues en pente. Plus subtil que le français, l'italien distingue «  la scala  » (un escalier ordinaire) de la «  scalinata  » (un escalier monumental comme celui de la Trinità ai Monti, du Capitole ou de l'abside de S. Maria Maggiore). On parle aussi de «  scalea  », escalier d'honneur, de parade, par exemple pour la Scala Santa. A l'origine, les escaliers avaient simplement un rôle de raccordement entre deux niveaux ; ils deviennent ensuite des éléments d'architecture essentiels de l'urbanisme romain, - interprétés selon la sensibilité esthétique de chaque époque  -, des moyens de créer de magnifiques scénographies urbaines, souvent dans la perspective d'une rue ou d'une place. La même esthétique commande les escaliers intérieurs des palais, par exemple le grand escalier hélicoïdal à double rampe de Gian Lorenzo Bernini qui donne accès aux Musées du Vatican.
A. Pinelli –Scalinata posteriore  d’Ara Coeli
Les escaliers («  scale  » et  «  scalinate  »)
D'abord l'escalier légendaire de S. Giovanni in Laterano, dit « Scala Santa  », que Jésus Christ aurait monté et descendu par trois fois jusqu'à sa condamnation dans le Palais de Ponce Pilate à Jérusalem: selon une tradition inventée au XVe siècle, l'escalier fut transporté à Rome en 326 par S. Hélène, mère de l'empereur Constantin, et installé par le pape Sylvestre I dans le palais des Patriarches, résidence officielle des papes au Latran. En 1589, Sixte V fait transporter l'escalier en une seule nuit, marche par marche, dans la chapelle privée des papes ( le «  Sancta Sanctorum  ») construite sur un projet de Domenico Fontana en 1589.
Un des premiers témoignages sur la vénération de cette relique et sur l'usage, encore vivant, de la monter à genoux durant la semaine sainte, se trouve dans le Zibaldone de Giovanni Rucellai, qui était à Rome pour le Jubilé de 1450.
A.J.B. Thomas – Scalinata S. Maria Ara Coeli
Mais le culte de la Scala Santa se développa tellement qu'on en fit faire par exemple une copie en 1717 pour un Monastère afin que les religieuses cloîtrées puissent le parcourir en jouissant des mêmes indulgences que ceux qui montaient à genoux l'original du Latran. La Scala Santa est aussi reproduite, dans une mise en scène baroque très théâtrale, dans l'église S. Alessio sur l'Aventin. A.J.B. Thomas – Scalinata S. Maria Ara Coeli Un autre escalier de grande signification religieuse est celui de S. Maria in Aracoeli (Cf dessin p. 8) sur le Capitole. Il est construit en 1348 par Lorenzo di Simone Andreozzi, inauguré par Cola di Rienzo et financé par le peuple romain pour remercier la Vierge d'avoir protégé Rome de la grande peste de 1348. Cet escalier très raide de 122 marches exprime bien une conception médiévale de la vie comme montée pénible à travers les obstacles jusqu'à la conquête du ciel. Il contraste en cela avec l'escalier voisin qui monte à la place du Capitole (Cf dessin p. 8), une "cordonata", rampe tout en douceur, légèrement fuselée, dessinée par Michel-Ange (et modifiée en 1578 par Giacomo Della Porta) à l'occasion de la venue à Rome de Charles Quint, accès très agréable au spectacle harmonieux  de la place exécutée aussi sur dessin de Michel-Ange en 1568 (Palais des Conservateurs à dr.) et 1655 (Palazzo Nuovo à g.). Pour mieux souligner la joie qui préside à la construction, on dépose en 1588 en bas de l'escalier, sur des socles de Della Porta, des lions égyptiens en basalte gris qui crachèrent, au lieu de l'eau, du vin blanc et du vin rouge pour le couronnement d'Innocent X (on ajouta alors sur les lions deux anges sur la tête desquels volaient des colombes portant dans leur bec un rameau d'olivier, emblème des Pamphilj, la famille d'Innocent X) et de Clément X Altieri.
Mais c'est surtout l'époque baroque qui enrichit Rome d'escaliers monumentaux qui contribuent à faire de la ville un immense théâtre. Ainsi celui que l'on trouve en haut de la Salita del Grillo, derrière les marchés de Trajan : les deux rampes en tenaille qui donnent à l'église SS. Domenico e Sisto son mouvement ascensionnel (Vincenzo Della Greca, 1655-63), première reprise d'une forme profane propre aux villas de la Renaissance et utilisée ici pour un édifice religieux. Outre la Scala regia des musées, G.L. Bernini crée aussi la triomphale ellipse de la place S. Pierre, dont l'escalier d'accès à la Basilique constitue un prolongement naturel, qui apparaît d'une ampleur d'autant plus grande qu'on le découvre en débouchant de l'espace resserré de la colonnade. La plus grandiose scénographie baroque est celle de l'escalier de la Trinità dei Monti. Réalisé entre 1723 et 1726 en travertin par Francesco De Sanctis pour Innocent XIII, il avait pour but de relier la via Condotti à l'église située beaucoup plus haut. Jusqu'alors la liaison se faisait par un chemin de terre bordé d'arbres, peu commode. Le cardinal Mazarin eut le premier l'idée de l'escalier mais c'est le legs de 24.000 écus de l'ambassadeur français Etienne Geuffier qui permit la réalisation du projet.
Scalinata dei SS./ Domenico e Sisto
Le modèle fut le jeu de formes concaves et convexes de l'escalier réalisé par A. Specchi pour le port de via Ripetta. Les trois rampes se rejoignent pour donner accès à deux escaliers, à trois paliers séparant des rampes de 12 marches, illustrant le thème de la Trinité qui donne son nom à l'église. Au fond du troisième palier, un autre escalier à double rampe arrive jusqu à l’église.
Piranesi- Escalier Trinità dei Monti, piazza di Spagna
Et encore : l'escalier du parvis de S. Maria Maggiore de F. Fuga, et surtout le monumental escalier de l'abside  sur la place de l'Esquilin (Carlo Rainaldi, 1669-75) qui comble de façon géniale la différence de niveau entre la rue et l'église. Et le grand escalier (aménagé par Pie IX en 1866) qui descend de la place du Quirinal et rejoint, par la via della Dataria e il vicolo Scandenberg jusqu'à la fontaine de Trevi.
Le XIXe siècle apportera aussi son lot d'escaliers, celui du Palais des Expositions, de la Galerie d'Art moderne, du Palais de justice, dont les bases sont modelées par des escaliers de travertin qui ont une fonction essentiellement esthétique. Sans oublier le grand escalier du Vittoriano, le monument élevé  à partir de 1885 par Giuseppe Sacconi (inauguré en 1911) en l'honneur du premier roi d'Italie, ni celui du "Colisée carré", le Palais de la Civilisation du Travail construit à l'EUR en 1938-43, reproduction des villes imaginaires de Giorgio De Chirico.
Regardez les escaliers de Rome, et gravissez-les : qui sait? Peut-être gagnerez-vous quelques indulgences?
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